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Solitude et communications illusoires.

Publié le 08/11/2009

Extrait du document

1 — L'expérience de la solitude. Elle nous apporte la certitude que nous ne pouvons avoir avec quiconque que des relations extérieures et superficielles.

A — Le sentiment de la subjectivité. La réflexion se joint à. l'expérience pour me montrer que les autres, comme moi, ont une subjectivité dans laquelle il est difficile de pénétrer. Les efforts pour se faire comprendre et pour comprendre autrui sont le plus souvent vains dès qu'il s'agit d'une situation personnelle. Or, ce sont de telles situations qui sont au premier plan de nos soucis. Toute tentative d'ouverture sur l'intimité d'autrui me la révèle si différente, que le sentiment de l'incommunicabilité de nos sentiments les plus personnels redouble. Il est évidemment à son comble, si autrui est étranger. La différence des modes de percevoir, de vivre, d'agir, ajoutée aux difficultés de saisir les nuances de leur expression, réduit le dialogue aux idées générales ou même plus simplement à la mimique élémentaire.

« — Après toutes ces communications illusoires, la solitude est souvent un refuge. 3 — Les distorsions de la communication.

Éliminons d'emblée les cas extrêmes et hors de sujet pour nous, comme l'impossibilité matérielle de communiquer (aphasies, psychoses, inhibition pathologique, incompréhensionmutuelle des langages utilisés, etc.) ou la mauvaise foi et l'intention délibérée de tromper.

Occupons-nousseulement des nombreux cas où nos deux interlocuteurs veulent, de bonne foi, communiquer. La communication semble facile.

On est tenté de dire : « Il n'y a qu'à...

» (il n'y a qu'à parler, s'exprimer, secomprendre).

Cependant, plus l'on s'éloigne des formules automatiques sur le temps, la santé et les informationsbanales, plus l'on essaie de transmettre des impressions personnelles...

plus Ton constate la distorsion, lemalentendu, la tendance au « dialogue de sourds ». A — Perception « intérieure » de ce que l'an a à dire.

Celui qui va parler croit avoir une idée claire de ce qu'il a à dire.

Dans le cas le plus banal, lorsqu'il s'agit d'une opinion ou d'une impression personnelle, F« émetteur » éprouveintimement la clarté, la simplicité, 1'« évidence » (transposition de sa certitude intérieure en objectivité) de ce qu'ilveut dire.

Mais cette clarté n'existe que pour lui. Son idée « tient » à un système pré-établi d'opinions ou de sentiments, dont ce qu'il exprime est comme unéchantillon plus ou moins représentatif. B — Celui qui parle doit, de plus, au moment de parler, choisir son code de transmission.

A ce niveau, une nouvelle série de variables surgit : — Le choix du code ou, dans le cas le plus courant, le choix des mots, ceci en fonction de son vocabulaire, lui-même marqué par les influences culturelles, éducatives, historiques, et par son univers personnel de significations(son « cadre de référence »). — L'effort plus ou moins grand d'adaptation à l'interlocuteur, et ici intervient une variable importante : l'idée qu'il sefait de la manière dont l'autre va recevoir son message et le comprendre. Si on analyse cette variable, on peut y voir l'influence d'une attitude affective a priori vis-à-vis de l'interlocuteur. Exemple (les autres variables n'étant pas prises ici en considération) : votre « émission » globale ne sera pas lamême, d'une part si vous vous adressez à quelqu'un de sympathique ou d'antipathique, à quelqu'un que vous jugezintelligent ou imbécile...

et, d'autre part, votre émission changera si vous pensez que l'autre vous prend d'habitudepour un être admirable ou pour un idiot, pour un persécuteur ou pour un allié inconditionnel, etc. C — Le canal de transmission lui-même.

En nous plaçant dans le cas le plus simple où l'émission est verbale et dans le face à face, nous constatons plusieurs causes de distorsion : — la manière de parler ou d'articuler le langage utilisé ; — l'influence des circonstances externes (temps disponible, perturbations éventuelles venant de l'extérieur,dérangements, etc.) ; — l'influence des circonstances mêmes de la relation : cadre social dans lequel a lieu la communication, positionspatiale des partenaires, positions hiérarchiques ou statutaires de l'un et de l'autre, différences ou ressemblances desexe, d'âge, de groupe d'appartenance, etc. D — La « réception » de la communication.

A ce niveau, les causes de perturbation abondent également : Interprétation personnelle (par exemple déplacement de l'accessoire et de l'essentiel dans le contenu entendu,significations personnelles données aux mots ou aux mimiques, attention portée à certaines parties et pas à d'autresdans le contenu du message, etc.). Déformation due aux attitudes personnelles du « récepteur » dans la réception du message : mauvaise préparation,humeur, moment de la journée, collision avec des préoccupations étrangères, précipitation, prévention conscienteou non consciente contre 1'« émetteur », influence des entretiens antérieurs, influence de l'idée a priori sur lacommunication, influence (déjà vue à propos de l'émetteur) de l'idée qu'il se fait des opinions de l'autre à son égard,influence des variables de la situation ici et maintenant, etc. Évaluation du contenu du message en référence au système personnel subjectif des opinions et des croyances durécepteur. Ici tout se passe comme si pour décoder le message, le récepteur se servait nécessairement d'une grille decatégories ou de concepts qui ne sont pas les mêmes que ceux de l'émetteur. Après ce premier bilan, on peut affirmer que l'idée reçue, dont on attendait dans le système idéal qu'elle soit uneréplique exacte de l'idée émise, n'a peut-être plus grand-chose de commun avec son origine. On conçoit que le dialogue, livré au déterminisme de ces facteurs n'aboutisse pas à une compréhension parfaite, et. »

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