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Sommes-nous condamnés à être libres ?

Publié le 12/03/2004

Extrait du document

Cette vérité individuelle se modifie sans cesse en fonction des aspects que prennent son existence et sa situation changeante. Cette « essence provisoire « dépend de l'existence qui la précède. C'est pourquoi Sartre se plaît à affirmer que « l'existence précède l'essence «.
■ Ce à quoi s'oppose cet extrait: Sartre s'oppose ici aux philosophies de « l'essence « qui, comme celle d'Aristote, ont affirmé que l'homme doit réaliser une nature qui lui préexiste, la « nature humaine «. Il n'y a pour lui ni nature à réaliser ni valeur absolue à respecter, telle que le Bien, puisque celui qui seul aurait pu les établir n'existe pas. On peut alors reprendre la formule de l'écrivain russe Dostoïevski : « Si Dieu n'existait pas, tout serait permis «, et affirmer, comme Sartre le fait : « Tout est permis si Dieu n'existe pas. « Cela signifie-t-il que Sartre prétend que tout acte peut être commis, puisqu'il n'y a aucune valeur morale qui permette de juger de nos actes ?C'est exactement la thèse inverse que Sartre va chercher à défendre à la fin de ce texte, car cette permission dans l'ex-pression « tout est permis «, n'est pas à entendre dans un sens moral (du type « on ale droit de tout faire «) mais existentiel : l'homme est possibilité indéfinie, dépassement sans cesse poursuivi de ses conditions. S'il n'y a ni valeur éternelle ni déterminisme caché qui conduisent nos actions, alors nous sommes toujours responsables, absolument responsables car nous devons répondre de tous nos actes, sans exception.C'est pourquoi il écrit que « Nous sommes seuls, sans excuses.
L'homme ne peut pas faire autrement que d'être libre, puisqu'il est conscient de lui-même et , par conséquent, conscient que rien ne le détermine à agir, sinon sa liberté. C'est cette liberté qui le rend responsable de son existence. Mais, la mauvaise foi pousse l'homme à refuser sa liberté et les responsabilités qu'elle implique. Pourtant, même en refusant de s'engager, l'homme fait toujours un choix.
  • I) L'homme est condamné à être libre.
a) L'homme est toujours conscient de quelque chose. b) L'homme ne peut pas faire autrement que d'être libre.
  • II) On peut fuir sa propre liberté.
a) Fuir la liberté, c'est aussi fuir l'angoisse. b) La mauvaise foi est ce qui me pousse à rejeter mes responsabilités.
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« Loin d'être une condamnation, elle semble alors être une absence de limites, une donationoriginaire qui fait la marque de l'homme et qui le rend indépendant et soumis à rien d'autre qu' lui-même. Cependant, la liberté est-elle réellement cette capacité que l'on a à agir selon notre bon plaisir ? Le plaisir et lasatisfaction de tout désir ne sont-ils pas déjà une forme de servitude, servitude à soi-même ? De sorte que laliberté par elle-même serait une condamnation à le servitude, définie comme aliénation à soi-même. II) Illusion de liberté et servitude à soi-même. § La liberté définie comme absence de toute limite semble bien consister dans le fait de na faire quesuivre son plaisir, ses désirs, et ce, sans aucune contrainte extérieure.

Cependant cette forme deliberté, qui serait une sorte de liberté absolue, n'est-elle pas une illusion de liberté ? En effet, sicette forme de liberté semble n'admettre aucune contrainte et soumission extérieure, il semble quela soumission soit alors interne au sujet lui-même, en tant qu'il est soumis à ses passions.

Il yaurait donc bien soumission, mais c'est de ses désirs que l'homme serait l'esclave.

C'est ce quesemble montrer Platon dans le Gorgias .

Calliclès soutient en effet que la liberté, c'est accomplir exactement tout ce qui nous plaît.

Mais ce lui qui fait ce qui lui plaît ne fait pas nécessairement cequ'il veut et donc n'est pas nécessairement libre, et il y a loin de l'un à l'autre, comme le soutientSocrate.

Celui qui fait ce qui lui plaît a donc l'illusion d'une liberté sans borne, car son bon plaisirseul est aux commandes.

Il croit donc avoir un pouvoir absolu, mais ce pouvoir peut s'avérer êtreun mal pour le sujet en question comme pour les autres.

Dès lors, pour ne pas confondre la libertéavec l'illusion du pouvoir, il faut admettre que la véritable liberté ne s'évalue pas à l'aune dusentiment subjectif d'une part, et qu'elle nécessité une certaine discipline d'autre part, laquelle estla conformité au bien de tous et passa par la soumission des passions et désirs à la raison qui doitêtre le critère de touts nos actions.

Une discipline de la réflexion est donc nécessaire à lavéritable liberté, et la liberté n'est plus alors définie comme cette simple indépendance illusoire quel'on croit sans bornes et qui nous soumet à nous-mêmes, mais comme une liberté conduite par laraison, la réflexion, qui nous ramène à notre volonté, à notre intériorité.

La discipline est alors cequi nous ramène à l'intériorité, afin d'éradiquer toute soumission de soi à soi, c'est-à-dire de soi àses passions.

La liberté sans borne est donc une illusion de liberté et est même plus, unesoumission, d'autant plus dangereuse qu'elle est interne au sujet.

C'est pourquoi la discipline estnécessaire, afin de nous défaire de l'emprise des passions et permettre la véritable liberté. § Etre libre, c'est donc se déterminer, se discipliner à agir selon ce qu'il y a de plus intérieur à soi : laraison.

Le plus libre n'est donc pas nécessairement celui qu'on croit, la liberté ne se déterminantpas à travers de critères extérieurs et superficiels, mais à travers un critère intérieur, celui de laraison qui est cette discipline venant mettre fin à la tyrannie des passions.

Dès lors, le véritableesclave n'est pas celui qui obéit ou doit obéir à une discipline extérieure, mais il est celui qui n'estpas soumis à la discipline, intérieure quant à elle, de la raison.

Aussi Spinoza écrit-t-il, dans leTraité théologico-politique , chapitre XVI : « On pense que l'esclave est celui qui agit par commandement et l'homme libre celui qui agit selon son bon plaisir.

Cela cependant n'est pasabsolument vrai, car en réalité être captif de son plaisir et incapable de ne rien faire qui nous soitvraiment utile, c'est le pire esclavage, et la liberté n'est qu'à celui qui de son entier consentementvit sous la seule conduite de la raison ».

La liberté est dans ce cas une condamnation, dans lamesure où elle est une absence de maîtrise de soi.

Nous serions condamnés à être libre parce quenous ne saurions pas maîtriser cette liberté pour qu'elle ne se transforme pas en aliénation.

Il fautdonc se plier à la discipline de la raison qui seule peut nous délivrer de l'emprise des passions quinos soumettent.

C'est donc dans la contrainte que la liberté se manifeste véritablement. Comment alors définir une liberté qui ne serait pas une liberté sans borne mais une liberté maîtrisée ? III) Contrainte et liberté se conditionnent l'une l'autre et sont les deux faces d'un même phénomène : la vraie liberté est une liberté maîtrisée, la question de la responsabilité. § L'obéissance à une discipline peut être une obéissance à soi même, et comme telle, elle se faitcondition de possibilité de la liberté.

L'obéissance à soi-même peut se faire par une soumission à laloi, dans la mesure où la loi est redéfinie comme ce que l'on se prescrit à soi-même.

Dans leContrat social , Rousseau examine la possibilité de rendre compatibles l'obéissance à la loi définie comme discipline qu'il faut imposer et la liberté, et définit l'autorité souveraine comme autorité dupeuple.

La souveraineté, objet de soumission, permet donc de maintenir la liberté.

Ce sont lesmêmes personnes qui sont individu et peuple, elles aliènent donc leur liberté à elles-mêmes, ce qui. »

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