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Sommes-nous faits pour etre heureux ?

Publié le 19/09/2005

Extrait du document

a) D'après Aristote, tous les hommes cherchent le bonheur qui constitue le bien suprême. Si tout le monde n'y parvient pas, c'est parce qu'il est aisé de prendre un bien relatif pour le bien absolu. Ainsi, en portant toute son attention sur un bien relatif (manger par exemple) on perd de vue le bien suprême qui seul peut nous octroyer le bonheur. b) Le bien suprême réside en effet pour l'homme dans l'usage de sa raison car « l'intellect est la meilleure partie de nous-mêmes « ainsi qu'Aristote l'écrit dans le livre X de l'Ethique à Nicomaque. Tout en l'homme semble indiquer que sa fonction dans la nature soit de mettre sa raison en acte. Il se trouve par ailleurs qu'en se conduisant selon sa raison, l'homme est naturellement poussé à adopter une vie de vertu. La vie de vertu, qui chez l'homme est une vie orientée par la raison, semble donc être la vie pour laquelle l'homme a été fait. c) Par ailleurs, la conduite vertueuse répondant parfaitement aux exigences de l'essence humaine, celle-ci est ainsi couronnée par le bonheur. Le bonheur constituant une sorte de supplément gratuit à la conduite vertueuse, « comme la beauté pour ceux qui sont dans la fleur de la jeunesse « (Aristote, Ethique à Nicomaque, X, 1174b). Ainsi on peut considérer que l'homme étant fait pour la vertu et la vertu apportant le bonheur, l'homme est en définitive également fait pour être heureux.

  • Analyse du sujet :

Bonheur : Être heureux, c'est parvenir au bonheur. Mais s'il semble que tout le monde aspire au bonheur, il est cependant difficile de s'accorder sur ce qu'est le bonheur et, d'un individu à l'autre, les définitions données du bonheur peuvent même apparaître contradictoires. Il faut noter par ailleurs que le terme « bonheur « s'écrivait auparavant « bon heur « et qu'il dérive ainsi du latin augurium, qui signifie « augure «, ou encore « chance «. On a donc attaché au bonheur l'idée selon laquelle celui-ci dépendrait de la fortune et qu'il nous arriverait sans qu'on s'y attende. Dès lors, la question se pose de savoir comment on peut faire son bonheur si celui-ci ne dépend pas de nous ? Cela le rend aléatoire, ce qui entre en contradiction avec le fait qu'on estime généralement que le bonheur, contrairement à la joie ou le plaisir, soit quelque chose de stable, quelque chose qui dure. En effet, un trait caractéristique du bonheur est le sentiment de satisfaction éprouvé à l'égard de sa vie entière, et l'espoir qu'elle se poursuive de la même façon. On peut avoir une vie très malheureuse et passer cependant par quelques moments d'intense joie : cela ne suffit pas à faire le bonheur. Par ailleurs, en imaginant que le bonheur puisse dépendre de nous, on se retrouve cependant confronté à toute une série d'autres questions : par quel moyen parvient-on au bonheur ? Existe-t-il un moyen objectif de parvenir au bonheur, un moyen qui soit le même pour tous les hommes, ou bien le moyen de parvenir au bonheur est-il différent pour chacun ? Enfin, s'il n'y avait pas de moyen universel de parvenir au bonheur, faudrait-il en conclure que le bonheur ne serait qu'une illusion après laquelle chacun courrait sans relâche ? On peut rappeler que la morale chrétienne ne fait d'ailleurs pas du bonheur le but de l'existence et qu'elle se détourne de celui-ci pour se réorienter vers la vertu, cette dernière constituant alors le but dernier de la vie humaine.

 

 

  • Problématisation :

Si nous sommes faits pour être heureux, alors comment se fait-il qu'il y ait tant de gens malheureux ? Si, à l'inverse, nous ne sommes absolument pas fait pour le bonheur, pourquoi donc ressentons-nous notre aspiration au bonheur comme un besoin primordial, celui qui est peut-être le plus essentiel dans la vie d'un homme ? Il semble difficile de concevoir un tel écart entre notre nature et nos besoins. Toutefois, ne faudrait-il pas interroger cette idée selon laquelle le bonheur serait un besoin ? Car il existe assurément des désirs qui chez l'homme ne correspondent à aucun besoin : le bonheur pourrait-il faire partie de ces égarements passionnels de l'être humain ?

 

« dire à se détourner de la pensée affligeante de sa misère.

Nos désirs, pour autant qu'ils nous portent à croire queleur réalisation nous rendrait heureux, sont l'instrument majeur de cette stratégie.

L'imagination, qui institue desbiens comme désirables, en est l'auxiliaire indispensable.

La vérité du désir n'est donc pas dans son objet mais dansl'agitation qu'il excite : « nous ne recherchons jamais les choses mais la recherche des choses » (773).

Mais ledivertissement n'est qu'un cache-misère.

Préférable à l'accablement de l'ennui, il s'avère sur le fond tout aussinuisible.

Faire obstacle à la considération de sa misère, c'est se priver des moyens de la dépasser. b) Aussi est-il difficile de croire que la raison puisse solutionner tous les problèmes de l'existence humaine.

La viehumaine ressemble plutôt à un drame qui se noue avec la mort, et que peut la raison contre cette issue fatale quirend la vie si futile ? « Entre nous et l'enfer ou le ciel, il n'y a que la vie entre deux, qui est la chose du monde laplus fragile » comme le rappelle Pascal (Pascal , Pensées , 152, édition Lafuma).

Pour éviter la souffrance que lui impose l'idée de la mort, l'homme n'a d'autre issue que de s'empêcher de penser par le biais dudivertissement : « qu'on laisse un roi tout seul sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin dans l'esprit,sans compagnies et sans divertissements, penser à lui tout à loisir, et l'on verra qu'un roi sans divertissement est unhomme plein de misères ».

(Pascal , Pensées , 137, édition Lafuma). c) Aussi semble-t-il difficile de croire que l'homme est fait pour être heureux.

Il semble finalement qu'il n'est mêmepas fait pour être rationnel, et quand bien même serait-il fait pour la raison, celle-ci ne lui fournira pas le bonheur,mais juste un énième divertissement, celui de ceux qui « suent dans leur cabinet pour montrer aux savants qu'ils ontrésolu une question d'algèbre qu'on n'aurait pu trouver jusqu'ici » (Pascal, Pensées , 136, édition Lafuma).

Telle est la condition de l'homme : « inconstance, ennui, inquiétude » (Pascal, Pensées , 24, édition Lafuma) Transition : Mais alors, si nous ne sommes pas faits pour être heureux, pour quoi sommes-nous donc faits ? L'homme doit se rendre digne du bonheur.

3. a) Kant s'accordera avec Pascal sur le fait que le bonheur ne peut pas constituer le but de la vie humaine.

En effet,si la nature avait voulu que l'homme soit heureux, elle aurait donné à l'homme les moyens de parvenir à ce bonheur :« si dans un être doué de raison et de volonté la nature avait pour but spécial sa conservation, son bien-être , en un mot son bonheur , elle aurait bien mal pris ses mesures en choisissant la raison de la créature comme exécutrice de son intention.

Car toutes les actions que cet être doit accomplir dans cette intention, ainsi que la règle complètede sa conduite, lui auraient été indiquées bien plus exactement par l'instinct » (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, première section). b) Quel sens reste-t-il donc à la vie humaine ? Le sens de l'existence humaine nous est donné dans le respect pourla morale qui s'affirme dans la culture.

Si la nature a donné aux hommes la liberté et la raison, c'est pour qu'il puisseen faire usage dans la moralité.

En effet, sans liberté il n'y a pas de responsabilité, et sans responsabilité il n'y a pasde morale.

Si donc « la loi morale est donnée comme un fait de la Raison » (Kant, Critique de la raison pratique ), c'est-à-dire si elle s'offre à tout homme avec évidence, c'est pour que l'homme en fasse usage.

Aussi le but del'existence humaine doit-il être le devoir : « c'est la nécessité où je suis d'agir par pur respect pour la loi pratique qui constitue le devoir, le devoir auquel il faut que tout autre motif cède, car il est la condition d'une volonté bonneen soi dont la valeur passe tout.

» (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, première section) c) Nous ne pouvons donc pas considérer que l'homme est fait pour être heureux puisqu'il est fait pour le devoir,c'est-à-dire pour la bonne volonté.

Toutefois, nous pouvons considérer que le lien avec le bonheur n'est pas nonplus absolument rompu car, comme l'écrit Kant : « la bonne volonté paraît constituer la condition indispensablemême de ce qui nous rend dignes d'être heureux.

» ( Fondements de la métaphysique des mœurs, première section) Aussi pouvons-nous affirmer avec Kant que nous ne sommes certes pas faits pour être heureux, mais que toutefois,nous devons nous rendre dignes du bonheur.

Dans cette dignité, et seulement dans celle-là, nous pourrons espérerêtre heureux.. »

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