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Sommes-nous responsables de nos actes ?

Publié le 09/04/2005

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Toutefois, il était en son pouvoir de la jeter ou de la laisser tomber, car cela dépendait de lui. Il en va de même pour les hommes qui pouvaient, dès le début, éviter de devenir injustes et débauchés; aussi le sont-ils volontairement; mais une fois qu'ils le sont devenus, ils ne peuvent plus ne pas l'être. « Aristote, Éthique à Nicomaque, Ive s. av. J.-C. « L'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait. « Sartre, L'existentialisme est un humanisme, 1946.L'homme est « condamné à être libre «, parce qu'il ne peut échapper au devoir de se réaliser lui-même, de se faire être ce qu'il est.

Être sujet, ce n'est pas seulement tenter de se connaître, c'est aussi s'efforcer d'être l'auteur de ses actes. Un objet passif, ballotté par les circonstances, et dépourvu de volonté propre, est l'exact contraire d'un sujet moral susceptible d'orienter son action en procédant à des choix personnels.  Si l'on définit le sujet comme responsable, c'est parce qu'il peut répondre de ses choix, de ses actes et, d'une façon générale, de ses actes. Il n'en est pas seulement l'agent (comme un acide est un agent de corrosion), mais aussi l'auteur (comme un écrivain est l'auteur de son roman). Cela suppose qu'il ait conscience des raisons et des conséquences de ses actes. Or, cette conscience, l'enfant ne la possède pas immédiatement. Et, plus généralement, ne peut-on craindre que, du fait de l'existence de l'inconscient, elle ne soit jamais vraiment suffisante pour faire de nous tous des sujets responsables ?

« I – Responsabilité, liberté & nécessité a) Pour que l'on puisse se reconnaître d'un acte il faut que ce dernier dépende de nous, c'est-à-dire qu'il soit le fruitde notre liberté.

Par conséquent, il est le fruit de notre volonté comme le note Epictète dans son Manuel, I : « Il y a des choses qui dépendent de nous et d'autres qui ne dépendent pas de nous.

Ce qui dépend de nous, ce sont lespensées, la tendance, le désir, le refus, bref tout ce sur quoi nous pouvons avoir une action.

Ce qui ne dépend pasde nous, c'est la santé, la richesse, l'opinion des autres, les honneurs, bref tout ce qui ne vient pas de notre action.Ce qui dépend de nous est, par nature, soumis à notre libre volonté ; nul ne peut nous empêcher de le faire ni nousentraver dans notre action.

Ce qui ne dépend pas de nous est sans force propre, esclave d'autrui ; une volontéétrangère peut nous en priver.

[…] » Que faut-il en conclure : nous ne sommes pas responsables de ce sur ce quoinous ne pouvons agir.

Par exemple, je ne suis pas responsable du fait qu'aujourd'hui il pleuve.

Quoi que je fasse,aucune action que je pourrais entreprendre pourrait agir sur les nuages.

La pluie n'est pas le fait de ma volonté, jen'en suis donc pas responsable.

Dès lors nous pouvons établir un rapport d'identité entre ce dont je suisresponsable, ce qui est le fruit de ma volonté, donc ce qui exprime ma liberté. b) Pourtant, qu'entendant nous par ce qui est de notre volonté ? En effet, il faut reconnaître que nous sommesparticulièrement déterminés par un exemple de facteurs en tant que nous faisons de la nature.

Bien souvent nous nesommes donc pas libre en raison de la nécessité intrinsèque de la nature.

Or l'homme fait partie de la nature.

Ainsinous sommes bien souvent l'objet de nos désirs.

Comme le souligne Spinoza dans la Lettre à Schuller , LVIII, nous méconnaissons les désirs qui nous déterminent.

Ainsi, bien souvent nous sommes comme cette pierre qui une foisjeter en l'air penserait que le fait d'être en l'air est le fruit de sa volonté alors que ce n'est qu'une manifestation dela nécessité.

Dans l'Ethique , troisième partie, proposition 3, scolie, Spinoza utilise l'exemple de nourrisson qui se sentirait libre d'appéter le lait alors que c'est là une nécessité de la nature.

Nous sommes donc la plupart du tempssoumis à la nécessité de la nature et de nos appétits.

La volonté est donc toujours déterminée comme il le montredans l'Ethique.

En ce sens, nous sommes alors rarement libres, en vertu de la définition que nous avons donné de laresponsabilité alors nous ne sommes quasiment jamais libres donc non responsables [1].

En vertu de la nécessité, notre liberté se comprend alors dans la puissance d'agir, c'est-à-dire dans la connaissance de la nécessité qui noushabite.

La liberté est connaissance et puissance d'agir. c) Mais le problème de la nécessité est bien la question de la liberté est par conséquent de notre responsabilité facenos actes.

Or c'est pour dépasser cette réduction conduisant à un principe de raison paresseuse que Leibniz développe sa conception de la liberté prenant directement place à travers une dichotomie de la nécessité.

Et c'estnotamment ce que l'on peut saisir à travers son Essai de Théodicée : « Les hommes presque de tout temps ont été troublés par un sophisme que les anciens appelaient la raison paresseuse, parce qu'il allait à ne rien faire, ou dumoins à n'avoir soin de rien, et à ne suivre que le penchant des plaisirs présents.

Car, disait-on, si l'avenir estnécessaire, ce qui doit arriver arrivera quoi que je puisse faire.

Or l'avenir, disait-on, est nécessaire, soit parce quela divinité prévoit tout, et le préétablit même, en gouvernant toutes les choses de l'univers ; soit parce que toutarrive nécessairement par l'enchaînement des causes ; soit enfin par la nature même de la vérité qui est déterminéedans les énonciations qu'on peut former sur les événements futurs, comme elle l'est dans toutes les autresénonciations, puisque l'énonciation doit toujours être vraie ou fausse en elle-même, quoique nous ne connaissionspas toujours ce qui en est.

Et toutes ces raisons de détermination qui paraissent différentes, concourent enfincomme des lignes à un même centre : car il y a une vérité dans l'événement futur, qui est prédéterminé par lescauses, et Dieu la préétablit en établissant les causes.

L'idée mal entendue de la nécessité, étant employée dans lapratique, a fait naître ce que j'appelle fatum mahumetanum , le […] fatum stoicum et […] le fatum christianum .

[…] Mais on abuse surtout de cette prétendue nécessité du destin, lorsqu'on s'en sert pour excuser nos vices et notrelibertinage.

La nécessité qui doit être rejetée, et la détermination qui doit avoir lieu.

C'est que la nécessité,contraire à la moralité, qui doit être évitée, et qui ferait que le châtiment serait injuste, est une nécessitéinsurmontable qui rendrait toute opposition inutile, quand même on voudrait de tout son coeur éviter l'actionnécessaire, et quand on ferait tous les efforts possibles pour cela.

Or il est manifeste que cela n'est point applicableaux actions volontaires ; puisqu'on ne les ferait point si on ne le voulait bien.

Aussi leur prévision etprédétermination n'est point absolue, mais elle suppose la volonté.

» L'idée ici est de voir que l'idée de nécessité estcorrélative dans l'esprit de celle de destin et dès lors nous nous en servons pour nous dédouaner de nos actes, pourne pas nous reconnaître comme responsables puisqu'il n'aurait pas pu en être autrement.

Or il faut opérer unedistinction entre deux types de nécessités : la nécessité. d)[2] Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être.

On doit distinguer entre une nécessité absolue et une nécessité hypothétique.

Est nécessaire absolument ce dont le contraire est impossible, c'est-à-dire implique contradiction.

Par exemple, le triangle a nécessairement trois angles.

Est nécessaire hypothétiquement ce qui est la conséquence nécessaire d'une décision contingente.

Ainsi, à supposer que Dieu crée un monde comportant ce Judasqui trahira le Christ, il est certain, infaillible, que Judas trahira le Christ.

Mais il n'est pas nécessaire que Dieu crée cemonde comportant ce Judas, sa décision de créer étant libre et contingente, ce qui ne signifie pas arbitraire et sansraisons.

En conséquence un autre Judas est concevable, non-contradictoire, et Dieu a dû l'envisager dans un autremonde possible.

Donc la trahison de Judas est nécessaire hypothétiquement.

Or c'est bien ce Leibniz mettra en place dans l'article XIII de son Discours de Métaphysique : « je dis que la connexion ou consécution est de deux sortes : l'une est absolument nécessaire dont le contraire implique contradiction, et cette déduction a lieu dans lesvérités éternelles, comme sont celles de géométrie ; l'autre n'est nécessaire qu' ex hypothesi et pour ainsi dire par accident, mais elle est contingente en elle-même, lorsque le contraire n'implique point.

» Ainsi, même si pour Dieu lefait que César doive passer le Rubicon est nécessaire, il n'en reste pas moins que pour César en tant qu'individu cetacte aurait pu être autrement, son action était donc libre, il est responsable malgré la nécessité divine.. »

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