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Sommes-nous responsables de nos sentiments ?

Publié le 27/02/2008

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- Être responsable d'un acte ou d'un fait signifie en être la cause. Nous sommes responsables de ce dont nous sommes l'auteur, c'est-à-dire de ce qui existe par notre volonté. C'est pourquoi la possibilité de juger moralement quelqu'un dépend de sa responsabilité: nous ne pouvons être jugé pour un acte ou un fait que si nous en sommes responsables. - Un sentiment n'est pas d'abord un de ces actes qui dépend de la volonté d'un sujet. En effet, un sentiment exprime la manière dont un évènement du monde résonne au sein d'une subjectivité. Nous sommes donc absolument passifs face à des sentiments qui s'imposent à nous. - Cependant, un problème se pose lorsque nous constatons également que ces sentiments sont actifs, que ce sont eux qui nous poussent à agir: nous entreprenons telle ou telle action parce que nous éprouvons de la peur, de l'envie, etc. Alors si nous ne sommes pas responsables de nos sentiments et que ce sont eux qui fondent nos actes, il faut admettre que nous ne sommes pas non plus responsables de ces actes. Ce constat entre en contradiction avec l'exigence morale de pouvoir juger, récompenser ou punir quelqu'un pour ses actes.

« partie de l' Éthique remet en question la solution cartésienne : « quant à déterminer la force et la natures des affections, et ce que peut l'Ame pour les gouverner, nul, que je sache, ne l'a fait ».

En effet ceux qui, commeDescartes, ont attribué à l'homme une emprise sur ses passions font de l'homme une exception dans la nature: seloneux, les Affections humaines échapperaient au déterminisme qui régi toute chose naturelle.

L'homme serait ainsi « unempire dans un empire ».

On ne peut que se méfier d'un tel privilège accordé à l'homme et qui semble sansfondement.

C'est pourquoi, Spinoza entreprend de décrire les Affections « à la manière des géomètres », c'est-à-dire en déduisant leur enchaînement des lois de la nature.

Ainsi, selon Spinoza, nos sentiments s'engendrent l'unl'autre d'une manière aussi nécessaire que tous les phénomènes naturels et le sujet n'a aucun pouvoir de lesmodifier.

Par exemple, la proposition XXII (partie III) pose que: « Si nous imaginons que quelqu'un affecte de joie lachose que nous aimons, nous serons affectés d'amour à son égard.

Si, au contraire, nous imaginons qu'il l'affecte detristesse, nous serons affectés de haine contre lui ».

Cet enchaînement résulte des lois de la nature et pas del'habitude.

C'est pourquoi le sujet ne peut en être tenu pour responsable de son amour ou de sa haine.

- De plus, nos actes sont engendrés par nos sentiments.

La haine, par exemple, nous fait œuvrer à la destructionde son objet, alors que l'amour nous fait vouloir sa conservation.

De même, Spinoza affirme que « Tout ce que nousimaginons qui mène à la Joie, nous nous efforçons d'en procurer la venue; tout ce que nous imaginons qui lui estcontraire ou mène à la tristesse, nous nous efforçons de l'écarter ou de la détruire » ( Éthique , partie III).

Nos sentiments sont donc les principes de nos actions.

Notre volonté n'est pas une faculté de choix qui seraitindifférente à nos affections, qui les surplomberait et serait capable de les modifier.

Au contraire, nous ne voulonsque ce que nos sentiments nous déterminent à vouloir.

Mais alors, si nous n‘avons sur eux aucune emprise, nousn‘en avons pas davantage sur nos actes.

C‘est bien la conséquence qu‘assume Spinoza lorsqu‘il affirme que « leshommes se figurent être libres parc qu'ils ont conscience de leurs volitions et de leur appétit, et ne pensent pasmême en rêves aux causes par lesquelles ils sont disposés à appéter ou à vouloir ».

Un sujet ne choisit alors paslibrement ses actes et il devient difficile de le tenir pour responsable de ce qu'il fait.

Transition:Nous ne sommes donc pas responsables de sentiments qui s'impose à nous de manière nécessaire.

Cependant,l'exigence morale que nous avons exprimée en introduction ne nous permet pas de soutenir jusqu'au bout la thèsede Spinoza.

Alors, tout en admettant que nous n'avons aucune emprise sur nos sentiments, nous pourrionsintroduire une dissociation à un autre niveau: nos sentiments ne déterminent pas absolument nos actes.

III) Nous ne sommes pas responsables de nos sentiments, mais nous le sommes du fait d'agir selon nossentiments ou selon notre raison.

- Nous avons admis que nous n'avons pas une emprise absolue sur nos sentiments.

Faut-il alors en conclure quenous n'en avons pas non plus sur nos actes? Autrement dit, l'homme qui a giflé sa femme sous le coup de la colèrepeut-il invoquer son sentiments pour se déresponsabiliser de son acte? Il semble que non.

En effet, je peux être encolère et éprouver l'envie de violenter quelqu'un sans pour autant le faire effectivement, parce que je me rendscompte que cet acte serait mauvais.

Nous avons donc finalement déplacé le moment de la maîtrise par rapport ànotre première partie: certes, notre volonté ne s'exerce pas absolument entre la sensation et le sentiment, mais ellea tout pouvoir en ce qui concerne le passage du sentiment à l'action.

Je peux choisir de me laisser emporter parmon sentiment et d'agir selon ce qu'il me dicte, ou je peux faire ce que ma raison m'indique comme étant le meilleur.Descartes décrit, au paragraphe 47 des Passions de l'âme un combat qui a lieu dans l'âme entre « la partie inférieure de l'âme qu'on nomme sensitive » et « la partie supérieure, qui est raisonnable ».

Deux principes d'action entre ainsien concurrence: un principe sensible et un principe rationnel.

La valeur d'une âme est alors jugée à sa capacité àfaire primer le principe rationnelle: agir moralement consiste alors à agir selon la raison, c'est-à-dire à ne pas fairece que nous prescrirait une réaction spontanée à nos sentiments.

Descartes précise au paragraphe 48 des Passions de l'âme que le fait de toujours agir selon les jugements de sa raison est le propre des « âmes fortes ».

L'important est que nous pouvons tous, en droit, faire primer la raison sur les sentiments.

Celui qui cède aux principes sensiblesen est donc absolument responsable, son âme peut être jugée « faible » et il peut être condamner pour son acte.Ainsi nous pouvons maintenir chez un sujet la responsabilité des ses actes, tout en admettant qu'il n'est pasresponsable de ses sentiments.

Nous pouvons donc conclure que nous ne sommes par responsables de nos sentiments, mais que nous sommesresponsables du fait de laisser ou no nos sentiments déterminer notre action.. »

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