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Sommes-nous tels que nous paraissons aux yeux des autres ?

Publié le 27/02/2005

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Plus jamais je ne pourrai échapper à l'image qu'autrui me tend de moi-même. Autrement dit, j'existe sur le mode d' « être-pour-autrui ». « Ma chute originelle, c'est l'existence d'autrui... » Cela signifie donc que tout se passe comme si autrui me faisait m'écrouler au milieu des choses. C'est ce que je découvre dans la honte qui n'est, au fond, que « l'appréhension de moi-même comme nature ». Chute originelle qui fait songer au péché originel. Je suis découvert, presque nu devant le regard tout-puissant de l'Autre, regard qui me dépouille de ma transcendance. Face à autrui, je ne peux plus qu'être « projet de récupération de mon être ». Si autrui me regarde, je le regarde aussi. S'il tend à me chosifier, je peux faire de même.

« Introduction : Il faut bien remarquer que le sujet s'oriente sur un couple de notion, orienté par le regard de l'autre, entreêtre et paraître.

Et nous pose en creux la question : Etre, est-ce la même chose que paraître ? Or si l'aphorismepopulaire veut que « l'habit ne fait pas le moine » n'est pas là proférer une sentence problématique.

Parler de parlerc'est évoquer une scission du sujet entre son être et sa phénoménalisation, sa représentation offert au regardscrutateur d'autrui, c'est-à-dire son paraître.

Il s'agit donc du problème de l'être et de l'apparence ; entrel'authentique et l'inauthentique, entre le vrai et l'image, le simulacre : le faux.

Intuitivement, il semble quel'opposition entre être et paraître corresponde à une situation vécue par l'ensemble des individus.

Cependant, l'idéed'un masque de l'être, ou d'une mise en jeu du sujet, si elle peut nous excuser de certains agissants, est-elle pourautant une distinction fondée en droit sur une opposition réelle.

En d'autres termes, est-il bien légitime d'opposerêtre et paraître ? N'est-ce pas deux faces d'un même individu ? En effet, pour être, il faut nécessairement paraîtreet le paraître renvoie nécessairement à l'extériorité et donc à la médiation d'autrui.

Autrui serait donc le moyen parlequel je pourrais me connaître par son regard.

En ce sens la constitution du sujet et de sa conscience passerait parla médiation de l'autre permettant aussi la réconciliation entre l'être et le paraître.

Mais parler d'être ce serait peut-être encore parler de nature humaine, d'un résidu qui pourrait vouloir se distinguer de sa phénoménalisation etchercher à se faire une image de lui acceptable en différenciation son être de son paraître qui ne serait qu'unefausse image de lui compte tenu des circonstances de sa phénoménalisation.

Plus simplement, peut-être faut-ildéfaire cette fausse idée d'un être du sujet et établir l'identité de l'être et du paraître nous engagement dans unethéorie de l'action et dans une liberté humaine totale.

Ainsi, si dans un premier temps nous étudierons le sens de cette scission au sein du sujet entre être etparaître (1 ère partie), nous serons amener à nous interroger sur la valeur de cette différentiation en posant la question de la nécessaire apparition de l'être (2 nd partie), ce qui nous conduira alors à étudier le fondement de cette scission et peut-être à réduire l'être au paraître et à admettre une liberté totale de l'homme donc à un êtrequi se construit dans l'action même (3 ème partie). I – Distinction entre être et paraître a) Pour prendre un exemple très concret de cette distinction nécessaire entre l'être et le paraître nous pouvonsprendre le paradigme du théâtre et de l'auteur.

En effet, l'acteur qui joue Hamlet par exemple n'est pas Hamlet et necoïncide pas avec lui.

L'acteur est un acteur et il n'est pas le personnage qu'il interprète.

Pourtant, le temps que lareprésentation, pour tous spectateur, cet acteur sera son personnage – s'il joue correctement.

Or qu'est-ce quecela nous apprend ? Tout simplement que la perception que je peux avoir d'autrui n'est pas autrui dans sa définitionpropre, dans son essence, l'image ou la représentation qu'il se donne est justement de ne pas être ce qu'il paraît.

Etc'est peut-être en ce sens que l'on peut comprendre cette phrase de Merleau-ponty dans sa Phénoménologie de la Perception : « Je perçois autrui comme comportement […] Mais enfin le comportement d'autrui et même les paroles d'autrui ne sont pas autrui.

» Autrui est effectivement pour nous ce qu'il semble nous donner à voir etpourtant ce n'est pas exactement lui.

Son être ne coïncide pas avec son paraître.b) Or si cet exemple est circonscrit au monde du spectacle même si la citation de Merleau-ponty ne l'est pas, il n'enreste pas moins que la société peut être envisagé comme un spectacle.

Et c'est en effet ce que met en exergue parGoffman par la mise en scène de soi dans le jeu social dans La mis en scène de la vie quotidienne , t.1 « la présentation de soi ».

En effet, ce dernier propose comme interprétation du fonctionnement social de construire lareprésentation sociale sur le mode et la structure du théâtre.

Cette analyse a pour but de comprendre la manièredont chaque individu met en scène sa fonction.

En ce sens, nous jouons tous notre rôle avec un masque.

Ensommes, nous sommes tous des illusionnistes, des faussaires.

Il s'agit d'un jeu fantasmagorique.

On peut transposersur le terrain social les conventions théâtrales : il s'agit de faire vrai.

Ainsi, de même que l'acteur ne peut pas êtreidentifié ou réduit à son personnage, de même l'individu ne peut être réduit à son apparaître.c) Et par ailleurs, cette conception d'un théâtre du monde et dont du voile et du masque de l'imagination quecritique Pascal dans les Pensées notamment à travers cette volonté de masquer le vide de notre être.

Ainsi nous nous parons d'une fonction et nous la mettons en scène comme on mettrait un vêtement.

Et c'est d'ailleurs en cesens qu'il analyse les cordes d'imagination que l'on peut voir à travers cette fausse réduction du paraître à l'êtredans la représentation du pouvoir.

Comme il le note, le juge ou le soldat, pour paraître juste ou courageux revêtentdes habits qui ne sont que des masques à un être qui est dépourvu des qualités dont ils s'affublent.

Bien quenégative cette critique montre bien la scission entre l'être et l'apparaître pour autrui.

Transition : Ainsi, il semble que l'être soit irréductible au paraître de même que l'acteur n'est pas réductible à son personnage.

Ily a donc une scission radicale à faire entre l'être et le paraître.

Pourtant, au risque de passer pour un mauvais jeude mot : pour être ne doit-on apparaître, c'est-à-dire phénoménaliser l'être ? II – L'apparence de l'être : phénomalisation a) En effet, comme le montre Gide dans son Journal (8 août) : « Ne pas se soucier de paraître.

Être, seul est important.

Et ne pas désirer, par vanité, une trop hâtive manifestation de son essence.

D'où ne pas chercher à êtrepar pure vanité de paraître; mais bien parce qu'il est seyant d'être tel.

[…] les deux propositions sont fausses,séparées : C'est pour paraître que nous sommes ; C'est parce que nous sommes que nous paraissons.

Il faut joindreles deux dans une réciproque dépendance; on obtient alors l'impératif souhaité : Il faut être pour paraître.

Le. »

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