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SPINOZA et la superstition

Publié le 09/04/2005

Extrait du document

spinoza
Et ce n'est certes qu'une sauvage et triste superstition qui interdit de prendre du plaisir. Car, en quoi convient-il mieux d'apaiser la faim et la soif que de chasser la mélancolie ? Tels sont mon argument et ma conviction. Aucune divinité, ni personne d'autre que l'envieux ne prend plaisir à mon impuissance et à ma peine et ne nous tient pour vertu les larmes, les sanglots, la crainte, etc., qui sont signes d'une âme impuissante. Au contraire, plus nous sommes affectés d'une plus grande joie, plus nous passons à une perfection plus grande, c'est-à-dire qu'il est d'autant plus nécessaire que nous participions de la nature divine. C'est pourquoi, user des choses et y prendre plaisir autant qu'il se peut (non certes jusqu'au dégoût, car ce n'est plus y prendre plaisir) est d'un homme sage. C'est d'un homme sage, dis-je, de se réconforter et de réparer ses forces grâce à une nourriture et des boissons agréables prises avec modération, et aussi grâce aux parfums, au charme des plantes verdoyantes, de la parure de la musique, des jeux de gymnase, des spectacles, etc., dont chacun peut user sans faire tort à autrui. Le corps humain, en effet est composé d'un très grand nombre de parties de nature différente, qui ont continuellement besoin d'une alimentation nouvelle et variée, afin que le corps dans sa totalité soit également apte à tout ce qui peut suivre de sa nature [...]. C'est pourquoi cette ordonnance de la vie est parfaitement d'accord et avec nos principes et avec la pratique commune. Baruch SPINOZA
spinoza

« arriérée qu'un simple préjugé.

L'argument avancé par Spinoza est simple, et, articulant le corporel (« la faim et lasoif ») et le psychologique (« la mélancolie »), montre l'identité des démarches visant à apaiser le corps et l'esprit,avec une symétrie qui consiste à nourrir le corps et à expulser ce qui embarrasse l'âme.

Accepter, comme le faittout un chacun, de se nourrir, devrait conduire tout homme sensé à accepter aussi de prendre du plaisir (sorte denourriture de l'âme).

La position traditionnelle de la religion sur cette question est donc contraire au bon sens (et àla raison).

« Tels sont mon argument et ma conviction », dit Spinoza, en reprenant à son compte une expression deTérence, l'un de ses poètes latins favoris. Prendre du plaisir étend notre puissance et notre perfection Plus la joie est grande, plus la perfection est grande.

L'idée forte du texte c'est qu'il y a un rapport direct entre lapeine et l'imperfection et, symétriquement, un rapport entre le plaisir et la perfection.

L'horizon de l'homme, pourSpinoza, c'est la nature divine.

Certes l'homme en est généralement éloigné, il peut s'en éloigner encore davantage,dans le malheur et la peine ; mais il peut aussi s'en rapprocher, puisque « la plus grande joie » est un passage vers« une perfection plus grande ».

Et ceci sans limite posée a priori.

Enfin, si une plus grande joie est possible (ainsiqu'une plus grande peine), c'est que l'homme est plongé dans le monde, non comme « un empire dans un empire »,mais comme une personne « affectée » par le monde qui l'environne, c'est-à-dire ayant l'idée des affections de soncorps, qui réduisent ou accroissent sa puissance d'agir.

Dès lors prendre du plaisir est conseillé, puisque cela étendnotre puissance et notre perfection. L'homme sage recherche tout ce qui accroît sa puissance d'exister Dans sa dimension concrète, l'homme sage, dont nous parle Spinoza, choisit « une nourriture et des boissonsagréables », en visant la diversité et le plaisir.

Il cherche, en outre, à satisfaire tous les sens : l'odorat avec les «parfums »; les yeux avec le charme des plantes verdoyantes, la parure »; l'ouïe avec « la musique »; plus ce sensglobal qui pourrait se définir comme le plaisir d'être ensemble en société et que satisfont les jeux du gymnase »et les« spectacles ».

A l'opposé d'une morale traditionnelle où l'homme est asservi par l'obéissance et la crainte, Spinozanous propose ainsi une éthique fondée sur le Désir comme source de vie, d'être et de joie SPINOZA (Baruch). Né à Amsterdam en 1632, mort à La Haye en 1677. Il apprit l'hébreu, le latin, le français dans les écoles juives et latines, et travailla dans la maison de commercefamiliale.

Accusé d' « effroyables hérésies », Spinoza échappa de peu à un assassinat en 1656, et fut excommuniéde la synagogue la même année.

Il apprit la taille des instruments d'optique, vendit des verres télescopes pourvivre, et s'initia à la philosophie de Descartes.

Il constitua un cercle d'études près de Leyde, travailla intensémentde 1663 à 1670, et acquit une réputation considérable.

En 1670, il s'installa à La Haye, partageant sa vie entre laméditation philosophique et la taille des verres pour microscopes.

Il fut chargé en 1673 d'une mission secrète auprèsdu prince de Condé et du maréchal de Luxembourg.

Sa position devint ensuite de plus en plus difficile.

Il se rendit àAmsterdam, mais renonça à s'y établir.

En 1676, il reçut de nombreuses visites de Leibniz, qui niera plus tard l'avoirrencontré.

Malade, il mit de l'ordre dans ses manuscrits, en brûla peut-être.

Il mourut paisiblement et fut enterrédans la fosse commune.

Un don anonyme permit la publication intégrale (le ses manuscrits.

— Il professa un grandlibéralisme en politique et se montra rationaliste dans les questions religieuses.

Malgré un certain nombre d'ouvrages,on peut dire que Spinoza fut l'homme d'un seul livre : l'Ethique.

Le caractère géométrique de ce livre permet dedéfinir la pensée métaphysique de Spinoza à l'aide de ses propres définitions : « Par cause de soi, j entends ce dontl'essence enveloppe l'existence, autrement dit ce dont la nature ne peut être conçue qu'existante.

— Parsubstance, j'entends ce qui est eu soi et est conçu par soi, c'est-à-dire ce dont.

le concept n'a pas besoin duconcept d'une autre chose pour être formé.

— Par attribut, j'entends ce que l'entendement perçoit de la substancecomme constituant son essence.

— Par mode, j'entends les affections de la substance, autrement dit ce qui est enautre chose, par quoi il est aussi conçu.

— Par Dieu, j'entends un être absolument infini, c'est-à-dire une substanceconsistant en une infinité d'attributs, dont chacun exprime une essence éternelle et infinie.

— Est dite libre la chosequi existe d'après la seule nécessité de sa nature et est déterminée par soi seule à agir.

— Par éternité, j'entendsl'existence elle-même, en tant qu'elle est conçue comme suivant nécessairement de la seule définition d'une choseéternelle.

— D'une cause déterminée donnée, suit nécessairement un effet.

— Par corps, j'entends un mode quiexprime, d'une façon définie et déterminée, l'essence de Dieu en tant qu'elle est considérée comme chose étendue.— Par idée, j'entends un concept de l'esprit que l'esprit forme parce qu'il est une chose pensante.

— La durée est lacontinuité indéfinie d'existence.

— Par réalité et perfection, j'entends la même chose.

— Par sentiments, j'entendsles affections du corps par lesquelles la puissance d'agir de ce corps est augmentée ou diminuée, aidée oucontenue, et en même temps les idées de ces affections.

— Par bon, j'entendrai ce que nous savons avec certitudenous être utile.

— Par mauvais, au contraire, ce que nous savons avec certitude empêcher que nous ne possédions. »

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