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SPINOZA: L'ignorance des causes qui nous déterminent

Publié le 27/02/2008

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J'en conviens, les affaires humaines iraient beaucoup mieux s'il était également au pouvoir de l'homme de se taire ou de parler. Mais l'expérience montre assez - et au-delà - que les hommes n'ont rien moins en leur pouvoir que leur langue, et qu'ils ne peuvent rien moins que de régler leurs désirs ; d'où vient que la plupart croient que nous n'agissons librement qu'à l'égard des choses que nous désirons modérément, parce que le désir de ces choses peut être facilement contrarié par le souvenir d'une autre chose dont nous nous souvenons souvent ; mais que nous ne sommes pas du tout libres à l'égard des choses que nous désirons vivement et qui ne peut être apaisé par le souvenir d'une autre chose. Mais, en vérité, s'ils ne savaient par expérience que nous accomplissons plus d'un acte dont nous nous repentons ensuite, et que souvent - par exemple quand nous sommes partagés entre des sentiments contraires - nous voyons le meilleur et suivons le pire, rien ne les empêcherait de croire que nous agissons toujours librement. C'est ainsi qu'un petit enfant croit désirer librement le lait, un jeune garçon en colère vouloir se venger, et un peureux s'enfuir. Un homme ivre aussi croit dire d'après un libre décret de l'esprit ce que, revenu à son état normal, il voudrait avoir tu ; de même le délirant, la bavarde, l'enfant et beaucoup de gens de même farine croient parler selon un libre décret de l'esprit, alors que pourtant ils ne peuvent contenir leur envie de parler. L'expérience elle-même n'enseigne donc pas moins clairement que la raison qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés ; elle montre en outre que les décrets de l'esprit ne sont rien en dehors des appétits mêmes, et sont par conséquent variables selon l'état variable du corps.SPINOZA

Le terme « appétit« désigne, dans la langue du xviie siècle, les désirs; « appéter« signifie donc désirer. Remarquez aussi la citation du poète latin Ovide, « nous voyons le meilleur et faisons le pire «, qui signifie que la connaissance du bien ne nous empêche pas de faire le mal.  Ce texte consiste en une réfutation de la thèse, admise aussi bien par le sens commun que par les philosophes se réclamant de Descartes, selon laquelle l'homme est un être doué d'une volonté libre, appelée aussi le libre arbitre. Cette liberté se manifeste dans la capacité à contenir ses désirs, ce que Spinoza appelle ici «ses appétits « lorsque ceux-ci ne s'accordent pas avec les exigences de la raison.  Le philosophe rejette l'existence d'une telle volonté libre distincte des désirs et susceptible de s'opposer à eux. Pour montrer le caractère illusoire de la liberté et pour expliquer comment naît la croyance en notre liberté, il en appelle, dans ce passage, à l'expérience, c'est-à-dire à ce que nous pouvons constater dans la vie quotidienne.  Après avoir énoncé la thèse du passage, il propose une première explication de l'illusion de liberté : nous sommes capables de réprimer les désirs les moins forts, même si une telle capacité ne provient pas d'une volonté libre.  Il montre ensuite que les hommes les moins libres, comme les enfants, se croient libres et propose polir finir Iule explication générale de l'illusion de liberté : les actes que nous croyons libres ne s'opposent pas aux désirs, mais consistent à satisfaire ces désirs sans connaître les causes qui nous font agir.

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« Après avoir énoncé la thèse du passage, il propose une première explication de l'illusion de liberté : nous sommescapables de réprimer les désirs les moins forts, même si une telle capacité ne provient pas d'une volonté libre.Il montre ensuite que les hommes les moins libres, comme les enfants, se croient libres et propose polir finir Iuleexplication générale de l'illusion de liberté : les actes que nous croyons libres ne s'opposent pas aux désirs, maisconsistent à satisfaire ces désirs sans connaître les causes qui nous font agir. Introduction : Le texte est un extrait de Spinoza, il aborde le thème de la liberté.

Spinoza montre comment se forge dans l'espritune idée illusoire de la liberté.

Le texte souligne les contradictions entre la croyance à la liberté et l'expériencequotidienne qui la contredit.

Il va marquer les décalages entre la conscience de la liberté et l'expérience.

Les actessemblent plus obéir au désir qu'aux aspirations que l'homme formule en sa conscience. Nous suivrons les trois moments du texte : Le premier, de « J'en conviens, les affaires humaines iraient beaucoup mieux…», à « nous ne sommes pas du toutlibres à l'égard des choses que nous désirons vivement et qui ne peut être apaisé par le souvenir d'une autrechose.

» Où Spinoza distingue le désir et le pouvoir de la conscience. Le deuxième moment, de « Mais, en vérité, s'ils ne savaient par expérience » à « alors que pourtant ils ne peuventcontenir leur envie de parler.

» développe l'opposition de la conscience immédiate et de l'expérience réelle del'action. Enfin, le troisième moment, la fin du texte, explique que c'est l'ignorance des causes qui crée cette illusion. Problématique : L'expérience contredit le sentiment que nous avons d'être libre, la liberté ne serait elle qu'une illusion ? I : Le désir et la liberté 1) Le texte commence par concéder que la liberté de parler permettrait d'arranger les rapports humains,entendant par là que s'il était possible de fonder un accord raisonnable par la parole, les hommes pourraientvivre dans des rapports intelligents.

Mais Spinoza va nous dire que c'est une illusion par ce que la parolen'est pas l'expression de la raison, elle raisonnable par ce qu'elle n'est pas guidée par des motifs intelligents,mais par des déterminations inconscientes.

Il va distinguer pouvoir et désir.

Le pouvoir de l'homme estentendu comme le contrôle volontaire, la capacité à décider d'accomplir un acte ou non.

Le désir s'oppose àce pouvoir, il est désigné ici comme ce qui détermine plus profondément les actes, indépendamment de notre« pouvoir ». 2) Il y a une distinction entre le point de vue de la conscience et le point de vue de l'expérience.

Spinoza vaprésenter l'idée de liberté comme une illusion venant du fait que l'homme s'attache plus au témoignage de saconscience qu'à celui de l'expérience.

En sa conscience, l'homme se croit libre de pouvoir choisir, il sereprésente les possibles comme des équivalents, comme s'il pouvait indifféremment par exemple, parler ou setaire.

Le point de vue de la conscience donne une conception métaphysique de la liberté, comme d'une purepuissance de se déterminer indépendamment des désirs.

Du point de vue de l'expérience, par contre, on voitles désirs déterminer les actions. 3) Spinoza décrit ensuite une autre conception de la liberté, comme la capacité à choisir entre plusieursdésirs en les opposant.

Nous serions plus ou moins libres selon l'intensité des désirs.

C'est une conceptionmatérialiste (type épicurienne) de la liberté comme une capacité à s'orienter parmi les désirs et lesimpressions, par exemple à repousser une impression de douleur présente en convoquant le souvenir d'unplaisir passé.

Cette conception est encore qualifiée par Spinoza de croyance, ce qui signifie que c'est encorela même illusion de choisir qui formule cette conception. II : L'illusion de la liberté 1) Spinoza met l'accent sur les contradictions de l'expérience de celui qui se croit libre.

Sa croyance seheurte souvent au fait d'expérience qu'il agit comme quelqu'un qui n'est pas libre, qui n'agit pas de la façondont il voudrait agir.

Il fait dériver la conception faible de la liberté de cette conscience de la contradiction. 2) Spinoza parle de l'expérience du repentir, cette expérience montre que le jugement que nous portons surnos actes ne vient qu'à postériori, il n'y a donc pas action et conscience en même temps.

Si l'homme étaitlibre et décidait de ses actes en toute conscience, il choisirait toujours le meilleur, mais qu'en fait il n'agitpas en accord avec son jugement.

Le jugement est donc dissocié de l'action, la conscience ne doit pasdirectement déterminer les actes. 3) Les personnages qu'emploie Spinoza pour incarner cette illusion de la liberté ont la particularité d'être tousnaïfs ou inconscients.

Cela signifie que ceux qui croient immédiatement au témoignage de leur consciencesont en fait inconscients, ignorants ou aliénés, c'est-à-dire qu'ils ont un rapport très distant à la réalité.. »

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