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Søren Kierkegaard: biographie

Publié le 22/02/2012

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Né et mort à Copenhague, Søren Kierkegaard eut toujours l'intuition qu'il mourrait jeune et vécut dans cette appréhension de l'au-delà. Il étudia la théologie, goûta quelque temps aux plaisirs de la vie mondaine et se fiança avec Régine Olsen. Après la rupture soudaine de ses fiançailles (1841), due d'après son Journal d'un séducteur au fait qu'il n'aurait jamais pu lui avouer la faute de son père (il aurait maudit Dieu dans sa jeunesse), il se tourna vers la réflexion théologique. Il critiqua la philosophie en tant que système et se démarqua de la plupart des philosophes, considérant que ceux qui s'appuyaient sur la doctrine et la science fuyaient les responsabilités associées au libre arbitre. L'angoisse de la liberté et de la faute (culpabilité originelle) était selon lui caractéristique de la condition humaine. Auteur prolifique, il publia nombre de ses ouvrages sous des pseudonymes. Une querelle publique avec un critique résulta en une série d'articles de presse caricaturant sa personne, et il dut se retirer de la vie publique. Sa critique de l'Église du Danemark le rendit par ailleurs fort impopulaire. Kierkegaard rejetait toutes les tentatives visant à justifier le christianisme par la raison. Selon lui, lorsque l'individu est amené à choisir entre le Christ et le monde, la décision est un " acte de foi " purement individuel. Ses oeuvres, qui ne voulaient livrer que sa propre expérience, ouvrirent la voie à l'existentialisme moderne.

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« mariage et la profession, entrer dans ce qui est pour lui le second stade de la vie, le stade éthique.

Mais nousverrons que cette tentative va se terminer par un échec et c'est ainsi qu'il sera pour ainsi dire poussé vers letroisième stade, vers le stade religieux. La rupture des fiançailles (1841) n'est pas un événement moins mystérieux que le " tremblement de terre ".

Lui-même nous en a donné un grand nombre d'explications, tout en nous disant que jamais on ne saurait son secret.Parfois il nous dit qu'il la sentait trop insouciante, trop passionnée ; il est tout entier esprit, elle est tout entièreimmédiateté.

Il se sent trop âgé pour elle, de toute une éternité. Une dualité constante se faisait sentir en lui.

Cordélia dit d'Edouard : " Parfois, il était si complètement esprit, que jeme sentais anéantie en tant que femme ; d'autres fois, si emporté, si désirant que je tremblais presque devant lui.

"Et lui-même écrit : " Quelle étonnante dialectique : il désire la jeune fille, il doit se faire violence pour ne pas restertout le jour attaché à ses pas, et pourtant il jette un regard de vieillard sur toute cette relation.

" Mais il faut encore faire intervenir un troisième élément ; il est resté dans la sphère de l'esthétique.

Il est poète etse comporte poétiquement.

Comme le jeune homme de la Répétition, il ne peut aimer qu'en désir et en souvenir.

" Aumoment où la réalité s'introduit, tout est perdu.

" Poète, il ne peut redescendre dans le royaume terrestre dumariage.

Il est incapable de ce qu'il nomme la ré-affirmation, du moins dans le domaine de l'éthique.

Il faudra qu'ilatteigne le domaine du religieux pour pouvoir la réaliser. Régine a rempli son rôle.

" S'il l'aimait tant, c'est parce qu'elle l'avait rendu poète.

" " Elle avait écrit son arrêt demort...

Il n'avait plus besoin d'elle.

" Restant dans la même sphère de l'esthétique, il disait que, pour elle aussi, le mariage n'eût pas été une bonnechose.

L'immédiat serait détruit, par là même que la jeune fille serait transformée en femme, et c'est malgré toutl'immédiat qui l'attire en elle.

Ce qu'il aime en elle, c'est la jeune fille en général.

Mais sa profonde individualité, iln'arrive pas à la connaître.

Il ne peut croire en elle, il ne peut croire à elle.

Il la rend malheureuse, n'en souffre pas,puis s'emporte contre lui et son indifférence, et en même temps contre elle et son orgueil.. Puis comment une subjectivité, une négativité pourrait-elle se fixer dans le mariage ? " Enfin, je vois mon essence éternelle, elle m'est plus que père et mère, et plus qu'une femme aimée ".

C'est lemoment où il prend conscience de son rapport avec Dieu, du fait qu'il est devant Dieu, et qu'il doit éveiller les autresà ce qu'il appelle les concepts chrétiens. Ainsi d'une part, l'aspect religieux, d'autre part l'aspect esthétique de sa personnalité l'éloignaient du mariage. Et derrière tous ces motifs, ou plutôt mêlés à eux tous, résonne le motif du secret.

Le mariage est un état oùchacun doit être tout à l'autre ; or n'est-il pas des secrets trop profonds pour être dits ? " Mon erreur, mon péché,mes débauches, qui pourtant aux yeux de Dieu ne furent pas si scandaleuses.

" Et peut-être pourtant était-cescandaleux.

" Si je m'étais expliqué, j'aurais dû l'initier à des choses terribles.

" Pour Hegel, l'idée d'une force qui nes'exprime pas, d'un sentiment purement interne, ce sont des idoles de l'imagination romantique.

Tout est public, toutest ouvert, tout est révélé.

Mais Kierkegaard se sent toujours en présence du terrible secret de son père, de lamalédiction lancée contre Dieu, et que Dieu avait fait lourdement retomber sur lui, en présence de son propre secretquand, dès son enfance, il gardait en lui-même sa mélancolie inguérissable et son tranquille désespoir. L'expérience qu'il fit de relations dialectiques au cours de ces fiançailles fut une des sources de sa dialectique et dece qu'il appela sa méthode d'expression indirecte et même de sa théorie de l'incognito divin.

En écrivant alors leJournal du séducteur, il demande à sa fiancée un acte de volonté et de choix : qui est-il ? l'esthète ou l'hommemoral ? Telle est la question qu'il lui pose en même temps qu'il se la pose à lui-même. En 1842, la rupture est accomplie ; mais Kierkegaard continue à se demander dans l'angoisse, dans la crainte et letremblement s'il n'y a pas moyen de revenir au projet de mariage : Régine, qu'il avait rencontrée un jour à l'église, nelui avait-elle pas fait un signe ? Il s'interrogeait.

Il lui parlait, mais de façon indirecte (car il ne peut pas pluss'expliquer réellement qu'Abraham ne pouvait le faire, il est dans une région où règne le silence) et il l'interrogeaitelle-même.

Et, d'autre part, le livre devait lui montrer en quel sens ils étaient éternellement l'un à l'autre,éternellement fiancés.

Dans Crainte et Tremblement, Kierkegaard essaye de lui faire comprendre comment Abrahams'est noirci aux yeux d'Isaac pour ne pas lui dévoiler la volonté de Dieu et risquer ainsi de faire perdre à Isaac la foi.Qu'il perde la foi en moi, pense Abraham, plutôt que la foi en Dieu. Alors que Crainte et Tremblement semble être un cri par lequel il demande encore, par lequel il exige Régine, dans lesouvrages qui vont suivre, Kierkegaard considérera que c'est un péché de demander à Dieu tel ou tel bien particulier.Sa tentative pour aborder au stade éthique et à la réaffirmation dans ce monde-ci avait déjà échoué.

Aux yeux deKierkegaard, le fini n'a pu être tout entier racheté ; le temps n'a pu être divinement arrêté.

Le mouvement de l'infinin'a pu être effectué dans le monde d'ici-bas.

On ne peut rompre les fiançailles et rester fiancé.

Rendre et retenir nevaut.

Et pourtant : " Si j'avais eu la foi, alors je serais resté auprès de Régine.

Dieu soit loué, je m'en suis renducompte enfin.

J'ai été près de perdre l'entendement ces jours-là.

" Le recommencement cherché en vain sur lesroutes de l'esthétique, puis dans la sphère éthique, ne pourra même pas être découvert par celui qui aura aperçu lesabîmes du religieux.. »

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