Devoir de Philosophie

substituer l'évidence de l'autorité à l'autorité de l'évidence ».

Publié le 21/10/2012

Extrait du document

substituer l'évidence de l'autorité à l'autorité de l'évidence «. La limite d'un tel dogmatisme est bien le procès de l'esprit philosophique proprement dit, que Bonald condamne au nom des « avantages de la religion pour le gouvernement des sociétés et la direction de l'homme «, comme il condamne le doute cartésien dans lequel il voit la cause des secousses révolutionnaires où s'est accomplie, selon lui, la ruine de la France : « Un peuple philosophe serait un peuple de « chercheurs « et un peuple, sous peine de périr, doit savoir, et non pas chercher «. (P.H.) CONSTANT DE REBECQUE Benjamin (1767-1830) né à Lausanne et mort à Paris; ses brochures, publiées vers 1795 dans l'esprit du Cercle constitutionnel de l'Hôtel de Salm, furent réunies, en 1829, sous le titre : Mélanges Littéraires et politiques; son ouvrage sur La Religion considérée dans sa source, ses formes, son développement, date du début du siècle. « Il y a en moi, dit-il dans le Journal intime, deux personnes dont l'une observe l'autre, sachant fort bien que ces mouvements convulsifs de douleur doivent passer «; puis dans Adolphe : « elle était sans doute un vif plaisir dans mon existence, mais elle n'était plus un but : elle était devenue un lien «. Le même homme écrit en 1829 : « des limites fixes seront tracées à tous les pouvoirs, parce que les pouvoirs ne sont que les moyens, et que la conservation et l'exercice des droits sont le but «. Un tel homme effraie, attire, suscite l'estime. Il conçoit le livre qui sera le propos de sa vie fort jeune : à 19 ans, il commence une histoire du polythéisme, amorce d'une réflexion sur la religion qui ne cessera pas et ne sera jamais menée à terme; les formes de la religion passent par trois états, du féchitisme au théisme : Auguste Comte reprendra exactement cette loi de développement. Mais loi qui s'applique aux formes religieuses et non point au sentiment religieux : ce dernier est profond chez Constant, qui n'est pas sans avoir fréquenté la mystique Mme de Krüdener, au moment où il brûle, vainement, pour Mme Récamier. On comprendrait mal Constant sans citer les femmes qui le comblèrent, le firent souffrir : la fin de sa jeunesse d'enfant précoce, ballotté de Suisse en Angleterre, d'Angleterre en Allemagne, c'est Mme de Charrière, platonique et littéraire; Mme de Staël l'introduit à la passion et à la connaissance de l'Allemagne (Goethe, Schiller, Wieland); deux mariages, l'amour du jeu, où il perd constamment, dix-huit mois de flamme insupportable et contrainte pour Mme Récamier, inconsciente ou cruelle. Mais aussi, un homme dont le libéralisme profond cherche à s'exprimer, dans ses incohérences mêmes; contre, puis pour Napoléon, rallié à la Restauration, dans la volonté d'un devoir parlementaire qu'il assume à la Législative, puis comme député, enfin comme président du Conseil d'Etat. C'est l'homme sans doute qui attire; moderne par sa lucidité, son désespoir de ne jamais atteindre l'immédiat dans ses états d'âme, il est bon de retrouver chez lui la grandeur d'un libéralisme infatigable, intransigeant, d'un libéralisme de combat, tel qu'il existait au xixe siècle. BALLANCHE Pierre-Simon (1776-1847) Fidèle de Mme Récamier, il fréquenta assidûment l'Abbaye-aux-Bois et publia plusieurs livres empreints de mysticisme : Antigone (1849), Essai sur les institutions sociales (1818), et dans lesquels il donne à l'Histoire un sens religieux. SAINT-SIMON Henri de (17601825) Peu de penseurs allient à ce point les ful...

« REYNAUD Jean (18o6-I863) né à Lyon, ingénieur en Corse, se conver­ tit au saint-simonisme et, en I 830, se rendit à Paris, où il mourut.

Il publia l'Encyclopédie nouvelle ( I 838- I 84 I) avec Pierre Leroux et en 1854 : Terre et Ciel.

FOURIER Charles (1772-1837) François-Marie-Charles Fourier, père des phalanstères et inventeur de « l'in­ dustrie attrayante et combinée », avait une idée très haute de son génie qui l'autorisait à affirmer que sa théorie de « l' harmo­ nie universelle » confondait « vingt siècles d'imbécillité politique ».

Il n 'en reconnaissait pas moins qu'il était « illitéré », attribuant sans doute à cette particularité l'avantage d'avoir été pro­ tégé des stigmates culturels de la « civi­ lisation » qu'il abhorrait.

Comte portait au crédit des prolétaires un privilège analogue.

Né à Besançon d'une famille de marchands de drap, il dut entrer dans le commerce, après des études banales au collège de sa ville natale.

Il fut caissier, courtier, « sergent de boutique », épicier en denrées coloniales à Lyon.

Il s'indigna d'avoir « à servir les fourberies des marchands ».

Il raconte qu'en I 799 on le chargea de couler une cargaison de riz avarié qui avait été stockée dans l'inten­ tion de maintenir les prix.

En I 803 et I 804, il publie quelques articles dans le Bulletin de Lyon.

L'un d'eux porte déjà sur « l'harmonie universelle ».

Son premier grand ouvrage : La théorie des quatre mouvements et des des­ tinées générales date de 18o8.

En I 8 I 5, recueilli par ses sœurs, il peut travailler librement.

En I 822, paraît le Traité d'association domestique (Besançon et Paris) que ses disciples inti­ tulèrent Théorie de 1 'unité univer­ selle.

En 1829 paraît un nouvel ouvrage: Le monde industriel ou Invention du Procédé d'industrie attrayante et combinée distribuée en séries pas­ sionnées.

Ces travaux ne touchèrent pas le grand public.

Un petit groupe d'admi­ rateurs et d'amis constituèrent cependant une école fouriériste qui, en I 832, eut sonjournal : le Phalanstère.

En I835- 1836, Fourier donnait son dernier ouvrage : La fausse industrie morcelée, répugnante, mensongère et 1 'anti­ dote, 1 'industrie naturelle, combinée, attrayante, véridique, donnant qua­ druple produit.

Fourier mourut à Paris en 1837· On ne peut pas dire que son œuvre soit d'un philosophe.

Il lui manque l'équi­ libre, l'iriformation, l'ordonnance, la rigueur dialectique.

Ce qu'on ne trouve pas chez Fourier est moins grave que ce qu y découvre le lecteur le plus bienveil­ lant : un goût inquiétant pour la cocas­ serie, une tendance constante aux combi­ naisons imaginaires les plus extravagantes, une obsession quantitative dont nous savons qu'elle correspondait à une manie trop symptomatique.

En dépit de ces travers que beaucoup tiennent pour des tares, Fourier occupe une place de premier plan parmi les « réformateurs sociaux » du XIX 0 siècle.

Sous le nom de « civilisation », il a dénoncé avec une virulence Prophétique les méfaits d'une « industrie » inhumaine, étrangère aux besoins et aux sentiments de ceux qu'elle prétendait servir.

La société doit ltre organisée pour l'homme et non contre lui.

Le procès de la « civilisation » chez Fourier évoque bien souvent celui du « capitalisme » chez Marx.

Le seul moyen de dépasser la « civilisation » asservissante, c'est « l 'association », ~"ormule de l'harmonie des intérlts et des sentiments.

Les « passions » ne doivent pas ltre brimées.

Elles constituent le plus puissant levier de l'ordre humain.

La doctrine de Fourier peut ltre considérée comme une forme caractéristique du « socialisme utopique ».

Fourier cepen­ dant n'a pas fondé d'Eglise comme les saint-simoniens.

Il a lancé une idée pra­ tique, en son principe du moins, que l'Ecole « sociétaire », avec Victor Consi­ dérant, s'est efforcée de répandre et de développer.

L'économiste Charles Gide n'a pas hésité à voir en Fourier un précurseur de génie du coopérativisme.

Sur un plan différent, d'autres le rappro­ chent de Freud à titre de pionnier de la libération affective et sexuelle.

Il ne serait peut-ltre pas abusif de voir en lui un des premiers prophètes du salut par la grâce de la «spontanéité», chère à J.-L.

Moreno, l'apôtre du psychodrame.

P.

ARBOUSSE-BASTIDE CONSIDÉRANT Victor ( 1 8o8- 1 893) apôtre du fouriérisme, dont il tenta d'appliquer les principes dans de malheu­ reux essais de « phalanstère », est né à Salins (Jura) et mort à Paris.

Il est l'auteur de : La Destinée Sociale (1834-1838); Manifeste de l'école sociétaire ( 1841); Principes du Socia­ lisme (1847).

LAMENNAIS Félicité de (1782-1854) né à Saint-Malo, publia, en 1817-1823, 1 'Essai sur l'indifférence en matière de religion; en I 834, les Paroles d'un Croyant et en 1841-1846, 1 'Esquisse d'une philosophie.

Il appartient à une époque où il est difficile d'être catholique uniment: son catholicisme est un catholicisme de combat, à la fois sur le plan religieux et sur le plan poli­ tique.

L'Avenir, journal fondé en 1830 avec Lacordaire, Gerbet et Montalem­ bert, introduit le libéralisme dans le catholicisme : le journal condamné par Rome en 1832, Lacordaire n'en siège pas moins à gauche à l'Assemblée Nationale, Lamennais n'en reste pas moins « démo­ crate ».

Il inquiète l'orthodoxie comme le gallicanisme, en élargissant le sens du traditionalisme à tel point qu'on l'accuse d'avoir créé « le plus vaste protestan­ tisme qui ait encore paru ».

Pourquoi protestantisme? Sans doute parce que « la foi catholique et la raison humaine reposent sur le même fondement...

de sorte que, il faut ou être catholique ou renoncer à toute raison ».

Ce parallélisme permet d'établir la certitude de l'une par la certitude de l'autre : la certitude de la croyance commune, le sens commun lui-même critère de certitude.

Ainsi la religion ne dépend plus tant d'une révé­ lation privilégiée que de croyances immua­ bles du genre humain.

La doctrine posée, il faut la défendre contre les incidences religieuses et politiques : une régénéra­ tion de l'esprit chrétien, affaibli par la contrainte des cultes d'une part, par l'asservissement politique de l'autre; double libération qui entraine la condam­ nation par Rome, soucieuse d'affirmer l'essence divine de l'Eglise et la sou­ mission nécessaire aux princes.

Cette régé­ nération religieuse est aussi régénération sociale et politique : deux ordres insépa­ rables à l'époque.

« Tout l'avenir de l'humanité dépend de sa conception future de Dieu ».

Lamennais appelle donc une rivolution de la conscience religieuse, comme Comte appellera la révolution positiviste : révolution qui aura pour base la concep­ tion de la Trinité divine, dont l'image se retrouve dans la création tout entière.

BENTHAM Jérémie (1748-1832) né à Londres, est à l'origine du radica­ lisme anglais libéral, dont les plus hautes expressions sont Stuart Mill et Cobden, et donne son nom à une doctrine : « l' uti­ litarisme », dont l'interprétation la plus commune repose sur une comptabilité entre le plaisir et la douleur.

En fait, de formation juridique, Bentham sent la nécessité d'appliquer le principe utilitaire à la législation et à la morale; l'utilité est un principe de réforme, et ce sont des réformes que réclame le parti radical anglais, par l'intermédiaire de la West­ minster Review (1824).

Alors que ].-].

Rousseau recherchait le fondement de la légitimité du gouverne­ ment dans la fiction d'un contrat social originaire, Bentham cherche une réalité qui fonde ce principe de gouvernement, c'est-à-dire un fait qui mette en relation le naturel et le normatif, la vie individuelle et la vie sociale; fait qui, une fois saisi et compris, pourrait permettre de sur­ monter l'opposition qui est à l'origine de tous les maux.

Le fait naturel, c'est le plaisir et la peine comme uniques motifs d'action; le fait normatif, c'est la règle du bien et du mal; la liaison de ces deux faits s'opère grâce à la Raison Calcula­ trice.

La tâche de cette dernière est énorme : elle décide l' irifraction ou l'obéissance à la règle, après examen du plaisir et de la peine qui en résultent; intensité, durée, certitude, proximité, fécondité, étendue, pureté, autant de fac­ teurs qui permettent de « quantifier » le plaisir escompté.

Quantification de la qualité du plaisir qui laisse espérer que la morale comme la législation deviendra une science de type mathématique.

Légis­ lation et droit pénal entrent dans ce calcul d'intérêt égoïste en introduisant la notion de « sanction » : la sanction devient facteur de décision, au même titre que tous les autres facteurs égoïstes.

L'Unité des deux ordres est réalisée.

Politiquement, il s'agit d'identifier par un artifice les multiples intérêts particu­ liers, qui ne sont pas nécessairement iden­ tiques; c'est la tâche de la législation, par le truchement du suffrage universel.

Bentham est l'auteur de : An Intro­ duction to the principles of moral and legislation ( 1 789); Panopticon. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles