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Suffit-il de communiquer pour dialoguer ?

Publié le 27/02/2005

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Dans la mesure où la communication est échange d'informations la communication n'est-elle pas une notion plus large que le dialogue ? Celui-ci n'a-t-il pas pour fin la vérité, et l'entente des protagonistes de ce dialogue ? En ce sens ne dépasse-t-il pas le simple cadre de la communication ? D'autre part face à la variété des moyens de communications, de leur expansion au sein d'une société que l'on ne définit comme étant sous l'influence des mass média, on a tendance à rabattre la communication du côté de la sphère publique, et de faire du dialogue une pratique plus privée. Si bien que le dialogue peut sembler s'opposer à la communication. A bien des égards la communication semble bien distincte du dialogue.  D'une part parce que la communication revêt diverses fins, elle peut être autant humaine qu'animale même si elles n'ont pas le même objet. D'autre part le dialogue est avant tout une pratique rationnelle, qui engage un rapport désintéressé et vise à atteindre la vérité. C'est donc que pour que la communication devienne dialogue  il faut qu'elle respecte certaines règles, vise un certain consensus et soit ainsi rationnelle en prenant la forme d'un  échange commun. La communication peut être autant animale que humaine Benveniste dans Problèmes de linguistique générale, analysant nos connaissances sur le langage des abeilles remarque qu'il ne s'agit pas d'un véritable langage mais d'un code de signaux.

Le dialogue comme la communication ne sont-ils pas tous deux basés sur la réciprocité ? Communiquer, est-ce simplement livrer des informations, donner des messages sans qu'il y ait besoin d'attendre de la part d'autrui autre chose qu'une réaction simple : compris ou non, d'accord ou non ? Dialoguer ne suppose-t-il pas un véritable échange d'idées, ou encore une réelle compréhension de l'autre ? Le dialogue semble impliquer plus de sens, plus de don de soi, plus de richesse dans ce qui est à dire. L'intérêt du sujet est de voir que le dialogue ne suppose cependant pas forcément l'accord : dialoguer, c'est aussi échanger des point de vues contradictoires, incompatibles, mais dans un horizon commun, celui de la discussion fructueuse. Autrement dit, ce n'est pas le simple fait d'user du langage qui donne du sens, c'est aussi une intentionnalité, une volonté, un besoin. On trouvera de bons exemples dans le personnage de Socrate dans les dialogues de Platon, ou dans les correspondances philosophiques ou littéraires. Le propre des médias n'est-il pas de communiquer d'abord avant de proposer très rarement et souvent très partiellement des dialogues ? Leur but est d'attirer, de provoquer des désirs (publicité), de créer des réactions de consommation mesurables et des sources d'argent (audimat).

« Merleau-Ponty Dans l'expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne fontqu'un seul tissu, mes propos et ceux de mon interlocuteur sont appelés par l'état de la discussion, ils s'insèrent dansune opération commune dont aucun de nous n'est le créateur.

Il y a là un être à deux, et autrui n'est plus ici pourmoi un simple comportement dans mon champ transcendantal", ni d'ailleurs moi dans le sien, nous sommes l'un pourl'autre collaborateurs dans une réciprocité parfaite, nos perspectives glissent l'une dans l'autre, nous coexistons àtravers un même monde.

Dans le dialogue présent, je suis libéré de moi-même, les pensées d'autrui sont bien despensées siennes, ce n'est pas moi qui les forme, bien que je les saisisse aussitôt nées ou que je les devance, etmême, l'objection que me fait l'interlocuteur m'arrache des pensées que je ne savais pas posséder, de sorte que sije lui prête des pensées, il me fait penser en retour.

C'est seulement après coup, quand je me suis retiré dudialogue, et m'en souviens, que je puis le réintégrer à ma vie, en faire un épisode de mon histoire privée, et qu'autruirentre dans son absence, ou, dans la mesure où il me reste présent, est senti comme une menace pour moi. II.

La fonction communicative du langage est-elle une fonction de dialogue ? Une fois définies le rapport à l'autre qui permet la communication et le dialogue, il s'agit d'interroger la nature mêmede la communication et du dialogue.

Nous nous trouvons là sur le terrain de facultés proprement humaines.

Si l'onsuit la thèse bergsonienne, l'homme a capacité à communiquer avec ses semblables dans le but d'agir sur le mondequi l'entoure, de manière utilitaire : le dialogue se définit-il de la même façon, dans une acception purementutilitaire ? Ou est-il autre chose que la communication à visée pratique ? Il semble bien que le propre du dialoguesoit de se détacher de la vocation utilitaire pour élaborer de nouvelles idées.

Alors, la communication est nécessaire,mais nous suffisante, pour fonder le dialogue. Bergson L'homme est organisé pour la cité comme la fourmi pour la fourmilière, avec cette différence pourtant que la fourmipossède des moyens tout faits d'atteindre le but, tandis que nous apportons ce qu'il faut pour les réinventer et parconséquent pour en varier la forme.

Chaque mot de notre langue a donc beau être conventionnel, le langage n'estpas une convention, et il est aussi naturel à l'homme de parler que de marcher.

Or, quelle est la fonction primitive dulangage ? C'est d'établir une communication en vue d'une coopération.

Le langage transmet des ordres ou desavertissements.

Il prescrit ou il décrit.

Dans le premier cas, c'est l'appel à l'action immédiate, dans le second, c'estle signalement de la chose ou de quelqu'une de ses propriétés, en vue de l'action future.

Mais, dans un cas commedans l'autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujours sociale.

Les choses que le langage décritont été découpées dans le réel par la perception humaine en vue du travail humain.

Les propriétés qu'il signale sontles appels de la chose à une activité humaine. III.

La détermination rationnelle de la communication comme condition du dialogue Il faut donc déterminer la faculté qui, à partir de la communication, rend possible le dialogue.

Il apparaît alors que ledialogue consiste en un usage particulièrement élaboré de la communication, en une faculté d'abstraction et deremise en cause permanente propre à l'homme, si bien que, si les animaux communiquent d'une certaine manièreentre eux, cela ne fait pas d'eux des êtres de dialogue.

Cette distinction, appuyée sur le texte de Rousseau,permettra de définir finalement les modalités particulières par lesquelles la communication rend possible le dialogue. Rousseau L'invention de l'art de communiquer nos idées dépend moins des organes qui nous servent à cette communication,que d'une faculté propre à l'homme, qui lui fait employer ses organes à cet usage, et qui, si ceux-là lui manquaient,lui en ferait employer d'autres à la même fin.

Donnez à l'homme une organisation tout aussi grossière qu'il vousplaira : sans doute il acquerra moins d'idées ; mais pourvu seulement qu'il y ait entre lui et ses semblables quelquemoyen de communication par lequel l'un puisse agir et l'autre sentir ils parviendront à se communiquer enfin toutautant d'idées qu'ils en auront. Les animaux ont pour cette communication une organisation plus que suffisante, et jamais aucun d'eux n'en a faitcet usage.

Voilà ce me semble, une différence bien caractéristique.

Ceux d'entre eux qui travaillent et vivent encommun, les castors, les fourmis, les abeilles, ont quelque langue naturelle pour s'entre-communiquer je n'en faisaucun doute.

Il y a même lieu de croire que la langue des castors et celle des fourmis sont dans le geste et parlentseulement aux yeux Quoi qu'il en soit, par cela même que les unes et les autres de ces langues sont naturelles, ellesne que sont pas acquises ; les animaux qui les parlent les ont en naissant : ils les ont tous, et partout la même ; ilsn'en changent point, ils n'y font pas le moindre progrès.

La langue de convention n'appartient qu'à l'homme.

Voilàpourquoi l'homme fait des progrès, soit en bien soit en mal, et pourquoi les animaux n'en font point. SECONDE CORRECTION La communication désigne un échange et une circulation des biens et des personnes, d'un lieu à un autre, par. »

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