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Suffit-il de devenir le maître de ses pensées pour l'etre de ses sentiments ?

Publié le 27/02/2005

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A propos des passions, une des questions classiques de la philosophie est celle de la maîtrise de soi. Si je suis entièrement maître des pensées qui viennent directement de mon âme, comme ma volonté, comment faire pour être maître de celles qui sont l'effet de l'action des choses sur moi? L'action de l'âme, c'est-à-dire essentiellement la volonté, peut-elle étendre son contrôle et son pouvoir jusqu'aux émotions et aux passions?

Un homme sait ce qu'il doit faire pour faire au mieux (finir ses devoirs au plus vite, et sans aide, par exemple), mais il fait le contraire. Pourtant, ce n'est pas un ignorant, et il ne peut invoquer l'inconscience pour se justifier, seulement la paresse ou quelque autre sentiment qui aura pris le dessus. Suffit-il d'être maître de ses pensées pour l'être de ses sentiments ? Si les deux domaines sont clairement séparés, alors la maîtrise de l'un ne peut influencer sur l'autre. On peut pour autant décider de ce qui est le meilleur : Quelle est la portée de notre maîtrise de soi ? Il est un fait scientifique que certains affects sont inéluctables. La psychologie, puis la psychanalyse, nous apprennent que les affects dominent la plupart de nos actions. Cependant, si les affects ne peuvent être contrôlés, l'esprit peut y réagir de façon simple.

« qui le déclenchent, n'a pas comme seul résultat de rendre l'organisme plus disposé à réagir, il provoque destransformations beaucoup plus profondes qui l'affectent dans son ensemble.

En principe, tout véritable mouvementinstinctif auquel on refuse la possibilité d'une abréaction, ainsi que nous venons de le décrire, peut avoir pour effetde mettre l'animal tout entier dans un état d'agitation et de le faire rechercher des stimuli aptes à le déclencher.Cette recherche consiste dans le cas le plus simple à courir, voler ou nager à tort et à travers, mais peut, dans lescas les plus compliqués, inclure tous les comportements d'apprentissage ou d'insight (compréhension d'unesituation).

Wallace Craig l'appelle conduite d'appétence.

Faust ne reste pas tranquillement à attendre que lesfemmes viennent à lui.

Il risque, comme on le sait, pour gagner Hélène, cette descente non dépourvue de dangers,chez les Mères.» Konrad Lorenz, L'Agression · Nous voyons que nos pulsions, ou instincts, découlent selon l'éthologie d'un instinct.

Selon Konrad Lorenz, quatre grands instincts dominent les êtres vivants : la nutrition, la fuite, la reproduction et l'agression.

Les deuxpremiers participent directement de la survie de l'individu, le second permet la survie de l'espèce.

Le dernier,l'agression, participe indirectement de la survie des deux : pour l'individu, il faut bien se défendre lorsque la fuiteest impossible, et la protection de la progéniture par l'agression des prédateurs permet une meilleureperpétuation de l'espèce. · Nous voyons donc que certains comportements, ainsi en va-t-il aussi chez les humains, sont des ritualisations fixées qui permettent de réaliser un instinct.

On peut sans risque parier que la séduction humaineest une suite de rituels, possédant leur évolution propre, au service de l'instinct de reproduction. · Puisque les instincts ne peuvent être réprimés (comme le montre l'expérience de Craig), nous ne sommes pas maître de leur apparition, pas plus que de leur disparition (nous ne pouvons ni les créer ni les détruire).

De cepoint de vue, l'être humain est un vertébré comme un autre, dont la biologie peut retrouver la filiation parmi lesprimates, et l'éthologie retracer l'histoire des rituels guerriers et amoureux en remontant bien au-delà du singe. Transition : Cela signifie que nous ne sommes pas maîtres des sentiments qui découlent d'un instinct.

Pour autant, cela ne veut pas dire que l'amour n'est qu'un processus biochimique : cette explication de l'amour serait un faux-fuyant.

Ce que nous appelons amour, ce n'est pas un processus biochimique, mais ce qu'il produit en nous, ce quiest différent.

Nous n'avons pas vu cependant comment se passaient les confrontations entre instincts ou affectsrésultant de ces instincts. II – Les confrontations d'affects face à la raison «PROPOSITION XVII : Un Désir qui naît de la vraie connaissance du bien et du mal, en tant qu'elle a trait à des choses contingentes, est encorebeaucoup plus facile à contrarier qu'un Désir pour les choses qui sontprésentes . [...] SCOLIE : Par là je crois avoir montré pourquoi les hommes sont plus émus par l'opinion que par la vraie raison, et pourquoi la vraie connaissance du bien etdu mal excite des émotions de l'âme, et le cède souvent à tout espèce delubricité ; d'où est né le mot du poète : Je vois le meilleur et l'approuve, je fais le pire .

Cela même que l'Ecclésiaste a eu lui aussi dans l'esprit, semble-t- il, quand il a dit : Qui augmente la science, augmente la douleur .

Et, si je dis cela, ce n'est pas afin d'en conclure qu'il vaut mieux ignorer que savoir, oubien qu'il n'y a pas, dans la maîtrise des affects, de différence entre le sot etl'intelligent ; mais c'est parce qu'il nous faut connaître tant la puissance quel'impuissance de notre nature pour pouvoir déterminer ce que peut la raisondans la maîtrise des affects, et ce qu'elle ne peut pas» Spinoza, Ethique , IV, Proposition XVII et Scolie · Notons que chez Spinoza, ce n'est pas un désir qui affronte la raison, mais un désir confronté à un autre. C'est qu'en philosophie, on considère généralement que les passions et la raison étant sur deux plans séparés,ils ne s'affrontent pas (penser au principe des passions motivantes de Hume présent en fin de corrigé), mais queseuls les passions peuvent déterminer un acte. · La maîtrise de la pensée serait donc impuissante à maîtriser les affects, si une force (l'affect) ne s'exerce jamais contre une chose (l'être humain), mais toujours contre une autre force.

Mais alors, comment expliquerque Spinoza considère qu'il y a bien une maîtrise des affects par la raison ? Car s'il la reconnaît comme limitée, illa reconnaît bien. · C'est qu'il nous faudrait peut-être introduire une subtilité supplémentaire : pour l'instant non seulement nous ne pouvons créer ni anéantir une passion, ni penser que la raison puisse contraindre les affects.

Mais nouspouvons imaginer qu'il est possible d'ignorer l'injonction d'un affect : non la combattre (c'est l'affaire d'un affect. »

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