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suffit-il d'être majeur pour être adulte ?

Publié le 27/02/2008

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Bien définir les termes du sujet : - « Etre majeur » : c'est avoir atteint l'âge de la majorité légale qui est maintenant de 18 ans. La majorité est un concept d'ordre juridique et social ; c'est l'âge légal où l'on attribue à l'être humain l'entière responsabilité de ses actes, ainsi que les droits qu'elle implique. La loi considère en effet qu'à partir d'un certain âge l'individu est capable de se diriger lui-même, d'être un homme ou une femme à part entière. Cette majorité s'illustre notamment par la citoyenneté, le mariage, le métier, le plein usage de ses biens, et le service militaire.   - « Etre adulte » : Contrairement au terme précédent, celui-ci ne possède pas une définition stricte qui s'inscrit dans un cadre légal. La tranche d'âge dans laquelle il est possible de déterminer un individu comme étant adulte est de ce fait plus vague. Au niveau biologique, cela se dit d'un être vivant qui est parvenu au terme de sa croissance ayant normalement la capacité de se reproduire. Dans son sens plus psychologique, c'est avoir atteint la maturité psychologique, maturité qui s'acquiert par le biais des expériences. L'accès à l'âge adulte est plus ou moins codifié, et peut être l'occasion, dans certaines cultures, d'un rite de passage - épreuves douloureuses et dangereuses qui symbolisent la mort de l'enfant et la naissance de l'adulte. - « Suffit-il » : Pose la question de savoir si c'est une condition nécessaire et suffisante.     Construction de la problématique :             Le sujet met en regard deux termes « majeur » et « adulte » et cherche à établir les rapports qui existent entre eux. Sont-ils équivalents, synonymes, se conditionnent-ils ou s'entraînent-ils l'un l'autre ? La difficulté réside dans le fait que les deux termes n'appartiennent pas au même registre de langue. En effet, si le premier est considéré comme appartenant au vocabulaire technique, le second quant à lui appartient au registre courant. Etant donné en effet le sens attribué à « être majeur », nous ne considèrerons pas « être adulte » sous son aspect biologique, mais seulement psychologique.             à Se pose donc la question de savoir si comme pour la majorité il existe un âge fixe à partir duquel il est possible de déclarer que tel individu est adulte, ou si cet état est une conquête qui nécessite certaines expériences et réflexions. Dans ce cas, comment est-il possible d'atteindre cette sûreté de jugement, cette maturité psychologique, et comment la reconnaît-on une fois qu'elle est acquise ?

« ● Pour Epictète, l'adulte peut donc avoir des désirs infantiles, c'est-à-dire des désirs qui ne sont pas transformés en volonté.

Un tel désir porte ainsi non seulement sur des chosesqui ne dépendent pas de l'individu – qui le rendent esclave – mais en plus, iln'en accepte pas les conséquences et préfère au réel quelque chose quin'existe pas.

Pour parvenir à la maturité, il faut donc suspendre son désir enattendant d'être capable de déterminer ce sur quoi je peux porter mon désirsans danger de devenir esclave.

Une fois que l'homme est capable detransformer son désir en volonté, de vouloir non seulement l'acte mais aussiles conséquences de l'acte, alors il sera adulte et sage car son bonheur nesera plus soumis au monde extérieur : il ne sera plus aléatoire, et ne dépendraque de lui-même.

NB : il est aussi possible de parler de La République de Platon où il affirme que cette maturité, on l'a non seulement plus ou moins selon l'âge, mais aussiselon la catégorie sociale.

Ainsi, Platon affirme qu'il faut 50 ans pour faire unhomme.

Cet homme se limite à la caste des gardiens-philosophes.

Les autresterminant leur éducation plus tôt, sont moins adultes puisqu'ils n'ont pasaccès aux vertus supérieures, comme le courage et la sagesse : ils nedisposent pas de l'autorité qu'elles confèrent.

II/ L'enfant n'est ni un petit adulte, ni un petit animal : Du point de vue étymologique, l'enfant est celui « qui ne parle pas », c'est celui qui n'a pas de jugement, ilest dépendant et ne peut vivre seul.

Autrement dit, l'adulte est responsable de l'enfant qui doit se soumettre à lui.Mais dans la pensée moderne, on considère que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit », ildevient alors plus difficile de légitimer la supériorité de l'adulte sur l'enfant.

● C'est ce qu'esquisse Rousseau dans l'Emile et Le contrat social.

En effet dans ce dernier ouvrage, l'auteurinsiste sur le fait que tous les individus naissent égaux : de ce fait, dès leur naissance, les enfants peuvent avoir auniveau légal, les mêmes prétentions que les adultes.

Mais cela ne signifie pas que le maître selon Rousseau ignore ladissymétrie adulte/enfant : supériorité de force, de savoir.

Simplement, il ne faut pas que cette supériorité soit lefondement d'un pouvoir de type politique, d'une dépendance de l'homme.

Le maître est une médiation non pas uneinstance supérieure qui dicte ce qu'il faut accomplir.

Pour Rousseau, il ne peut y avoir de hiérarchie des âges,l'enfance, l'adolescence, l'adulte et le vieux participent de la même humanité – même si ils l'illustrent différemment« L'enfance a des manières de voir, de penser, de sentir, qui lui sont propres ». ● Pour Rousseau, l'enfant n'est donc ni un petit adulte, ni un petitanimal, et l'éducation est pour l'humanité qu'il porte une nécessité à la foisanthropologique et politique.

En effet, l'entrée en société, quoi que fatale à laliberté naturelle, est nécessaire à l'humanisation de l'homme.

La perfectibilitéqui le caractérise serait restée sans effet dans la nature, et il n'aurait pas puprogresser et prendre conscience de sa liberté.

La nécessité de l'éducationest aussi politique puisqu'il faut que l'individu apprenne à respecter lesinstitutions pour sauvegarder la liberté.

En effet, laissées à elles-mêmes, lesinstitutions dégénèrent, la liberté abdique, l'inégalité règne.

Il faut doncinscrire en chaque homme la liberté par l'éducation.

C'est une fois éduqué,conscient de sa liberté, et capable de se diriger dans le monde que l'individupeut être considéré comme adulte.

Il ne lui suffit pas d'avoir atteint un âgelégal pour parvenir à l'adulte, à l'homme.

« Vivre est le métier que je veux luiapprendre.

En sortant de mes mains, il ne sera, j'en conviens, ni magistrat, nisoldat, ni prêtre ; il sera premièrement homme : tout ce qu'un homme doitêtre, il saura l'être au besoin tout aussi bien que qui que ce soit ; et lafortune aura beau le faire changer de place, il sera toujours à la sienne ».Emile Livre I, p.

42. III/ Les enfants doivent être éduqués par les adultes : Nous l'avons vu, le passage à l'âge adulte est une conquête qui ne se fait pas du jour au lendemain.

Cela nécessite non seulement du temps, mais aussi des expériences et une éducation.

L'enfant ne peut en effet seformer seul, il lui faut des structures.

● C'est ce que souligne Hannah Arendt dans La Crise de la culture.

Selon elle, l'éducation doit êtreconservatrice, autoritaire et protectrice plutôt que non directive, libérale, et permissive.

En effet, l'enfant n'est pasencore capable de déterminer ce qui est bon pour lui et ne possède pas les connaissances nécessaires qui luipermettront de déterminer et de juger les choses qui l'entourent.

De ce fait, si les adultes ne sont pas là pouréduquer ou pour guider les enfants dans leur apprentissage, ces derniers laissés à eux-mêmes seront soumis à uneautorité beaucoup plus tyrannique que celle des adultes, celle de la majorité.

« Affranchi de l'autorité des adultes, l'enfant n'a donc pas été libéré, mais soumis à une autorité bien plus effrayante et vraiment tyrannique : la tyranniede la majorité.

» Les enfants ainsi livrés à eux-mêmes, sont soumis à la tyrannie du groupe contre lequel ils ne. »

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