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Suis-je le mieux placé pour me connaitre moi-même ?

Publié le 17/03/2005

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Même les aspects inconscients qui nous échappent d'abord peuvent être éclairés moyennant un effort un peu soutenu de notre attention. Pour peu que je le veuille, je peux me connaître de part en part. Ce qui est présent dans la conscience semble directement accessible. Un simple regard, une simple introspection suffisent. De plus, le sens de ce qui est présent dans ma conscience est là en sa totalité. Avec la conscience, on est donc de plain-pied dans la signification. Bref, la conscience est transparente à elle-même. Et ce qui se présenterait comme une zone d'ombre ne serait que la conséquence de l'inattention ou d'une attention insuffisante. En cela le rapport de la conscience avec elle-même diffère de son rapport avec l'objet. L'objet est une zone d'opacité pour la conscience.

Regarder en soi, par un effort d'introspection, n'est pas un procédé infaillible : je peux me tromper en interprétant mes sentiments ou mes actes. Car je suis loin d'être un observateur impartial. Derrière l'élan que j'attribue à ma générosité, n'y a-t-il pas un secret désir d'être félicité ou admiré ? Derrière mon amour que je crois désinté­ressé, n'y a-t-il pas le souci égoïste d'être aimé par l'autre ? Je m'aperçois en effet, lorsque je suis emporté par la colère ou par la peur, que l'état affectif dans lequel je me trouve peut altérer la perception de mes propres sentiments. Comment pourrrais-je donc prétendre me connaître alors que je ne peux, à propre­ment parler, m'observer objectivement ? Suis-je le mieux placé pour me connaître ?

« même.

Et ce qui se présenterait comme une zone d'ombre ne serait que la conséquence de l'inattention ou d'uneattention insuffisante.

En cela le rapport de la conscience avec elle-même diffère de son rapport avec l'objet.L'objet est une zone d'opacité pour la conscience.

Quand je m'engage dans la connaissance du monde extérieur, jequitte le domaine de la certitude.Seule la transparence de la conscience avec elle-même ouvre la sphère de la certitude.

Autrement dit, je lis dansma conscience à livre ouvert.

La certitude n'est jamais que l'adhésion de la conscience à une vérité reconnue parelle avec évidence comme telle. Connais-toi toi même Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigation psychologique, mais d'acquérir la science des valeursque l'homme porte en lui.

Cette science importe essentiellement — bien avant de connaître la nature ou les dieux.Comment conduire sa vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tous les hommes.

L'opinion, confortée encela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir, à la fortune, à la beauté.

Sans doute toutcela n'est-il pas négligeable, mais ce sont là des biens équivoques qui peuvent nous être utiles, ou nous nuire selonles circonstances, l'usage qui en est fait.

Pour qu'ils deviennent utiles, il faut que nous sachions nous en servir et sil'homme agit toujours en vue de son bien propre, il peut se tromper sur sa définition.

Si nul n'est méchantvolontairement, c'est d'abord parce que nul ne veut consciemment se nuire à lui-même et donc ce n'est que paraccident que la conduite qu'il adopte peut éventuellement s'avérer mauvaise.

Par accident, non volontairement, ilfaut entendre par là par ignorance : si je ne connais pas la hiérarchie des biens, je serai nécessairementmalheureux.

Par exemple, celui qui consacre son existence à acquérir la richesse, en viendra naturellement à nuire àautrui, donc il s'exposera à la rigueur de la loi ; de plus c'est là un bien qui dépend en large partie du hasard et quipeut échapper à tout instant.

Il est donc inconcevable que sachant tout cela on puisse vouloir agir de la sorte.C'est la science qui détermine l'action, elle ne peut être vaincue par les passions, seulement par l'ignorance.Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, en particulier letirage au sort des magistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir par une sorte d'illumination.Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux le germe de cesavoir, c'est une vision délibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité. Je suis un sujet, pas un objet de connaissance« La subjectivité est la vérité», dit Kierkegaard dans Post-scriptum aux Miettes philosophiques.

Je ne peux connaîtreque de l'intérieur.

Je suis ainsi le mieux placé pour savoir ce que je suis et quelle est ma place dans le monde.

Et,puisque je suis libre, personne, sauf moi, ne peut prétendre savoir comment je vais agir ou penser.

[Une partie de moi-même m'échappe.

Je peux ne pasêtre conscient de certains aspects de mon caractère.D'autres, plus expérimentés ou objectifs que moi, peuventsavoir mieux que moi-même comment je fonctionne.]. »

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