Devoir de Philosophie

Suis-je obscur à moi-même ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

L'obscurité est ici utilisée dans un sens métaphorique. Elle est un défaut de lumière et en poursuivant la métaphore on peut alors dire que cette obscurité est un défaut de connaissance. Mais du point de vue d'un rapport du sujet à lui-même c'est-à-dire d'une manière introspective le sujet « suis-je obscur à moi-même » nous porte vers le rapport conscience - inconscient du sujet par rapport à lui-même c'est-à-dire sur son degré de conscience et d'attention sur lui. Dès lors c'est la possibilité d'une connaissance de soi selon le précepte socratique du « connais-toi toi-même » qui est en jeu ici. En effet, par l'existence de l'inconscient peut-on réellement dire que l'homme est parfaitement lucide par rapport à lui-même ? De même concernant la possibilité d'une connaissance de l'homme n'utilise-t-on pas l'image d'un labyrinthe évoquant justement cette obscurité du sujet envers lui-même et les causes qui le détermine ? Mais la puissance de la raison et de l'introspection ne peut-elle nous rendre lucide à l'égard de nous-mêmes ?           Si donc la méditation en tant qu'ascèse et exercice de l'entendement permet de développer notre attention et notre « lumière naturelle » nous permettant d'être lucide à l'égard de nous-mêmes (1ère partie), il faudra néanmoins s'interroger sur la remise en cause de cette possibilité par l'inconscient freudien (2nd partie). Cependant, pour comprendre cette obscurité nous serons peut-être amenés à interroger le fondement et la valeur de cette inconscient c'est-à-dire à nous demander si cet inconscient ne serait en fait un mécanisme ou une autre manière de désigner l'instinct et les passions humaines causes de cette obscurité au lieu d'opérer la scission du moi (3ème partie).

I. Autrui : pierre de touche
a. L’illusion du for intérieur
Pour qu’autrui puisse être une véritable pierre de touche, c’est-à-dire qu’il
nous révèle à nous-mêmes, il faut dépasser l’illusion selon laquelle tout ce qui
est en moi ne se manifeste pas au dehors. Autrement dit, il faut accepter l’idée
d’une porosité entre notre intimité, notre intériorité, et l’extériorité qui est la
nôtre. La conscience n’est pas seulement intérieure, c’est-à-dire qu’elle n’est pas
seulement pensée. Elle s’objective et se manifeste dans notre corps, nos
vêtements, notre parole.
Le corps n’est pas ce dont on hérite mais ce que l’on s’approprie au fur et à
mesure. Les vêtements sont aussi la marque de notre intériorité, même si nous
souffrons tous de l’uniformisation liée au désir d’être désiré. La parole peut, elle
aussi, permettre à l’autre de me connaître dans la mesure où elle permet de
transmettre ce qu’il y a de plus profond en nous. Mais la confidence exige
inévitablement la confiance. C’est la raison pour laquelle Hegel écrit dans
Esthétique : “il en est des passions comme de la douleur, le premier moyen que
la nature met à notre disposition pour nous soulager d’une douleur qui nous
accables ce sont les larmes. Pleurer, c’est déjà être consolé. Puis la consolation
s’accentue au cours de conversations avec des amis“. Hegel insiste bien sur
l’objectivation de la conscience, mais il insiste aussi sur les différentes manières
qu’a la conscience de s’incarner : pleurer, c’est décharger une émotion trop
forte ; parler, c’est comprendre ce qui nous accable, c’est ; créer c’est mettre à
distance ce qui nous peine.
b. L’ami et le psychanalyse
L’ami peut être une figure qui va faire la lumière en nous à condition qu’il
nous écoute et qu’il fasse preuve de sincérité, c’est-à-dire qu’il nous dise le bien
comme le mal que l’on a commis. Tel est le principe de l’amitié virtuose dans
l’Éthique à Nicomaque d’Aristote. Dans ce même ouvrage, le philosophe
écrit : “vérité et amitié nous sont chères, l’une et l’autre, mais il faut toujours
préférer la vérité à l’amitié“. Aristote souligne qu’il existe des amitiés trompeuses
qu’il faut abandonner lorsque celles-ci ne nous mènent pas à la vérité sur nousmêmes.
Car dans ce cas de figure, l’ami est notre pire ennemi.
Le psychanalyse pourrait également être la deuxième figure permettant de
faire la lumière en soi, car celui-ci décèle nos désirs refoulés et inconscients et
permet une compréhension de nous-mêmes. Cette révélation est permise par
une méthode importante, celle de la libre association des idées, c’est-à-dire
permettre au patient de dire tout ce qui lui passe par la tête, même si ça lui
semble hors de propos (cela se distingue de l’hypnose). La psychanalyse est une
thérapeutique dans la mesure où elle vise à soigner. Ce soin, cette guérison,
peut prendre deux formes : soit la conscientisation et l’acceptation des désirs
inconscient, soit la sublimation, c’est-à-dire le fait de tirer parti de l’énergie d’une
pulsion et la détourner vers un but socialement admis.
Conclusion :
Pour conclure, nous pouvons donc dire qu’en tant qu’êtres de conscience,
nous ne pouvons pas nous ignorer. Mais l’existence de l’inconscient met en doute
les prétentions à faire la lumière en nous. Voilà pourquoi finalement, seul autrui
peut nous révéler à nous-mêmes, à condition qu’il fasse preuve d’écoute et de
sincérité, c’est-à-dire qu’il nous renvoie une image fidèle de nous-mêmes.

« II – Inconscient & obscurité et ébauche de lucidité a) Dans le Moi et le ça , Freud définit au sens précis du terme l'inconscient : « L'inconscient désigne pour la psychanalyse le psychisme refoulé.

»L'inconscient désigne donc aussi des éléments latents mais nonnécessairement comme c'est le cas de l'activité de censure qui bienqu'inconsciente n'est ni refoulé ni latente.

L'existence de l'inconscient n'estqu'une hypothèse ; or ce qui justifie l'hypothèse de l'inconscient ce sont desfaits psychiques aperçus de nous mais qui ne peuvent pas être expliqués parla conscience comme les rêves, les lapsus, les actes manqués etc.

Il s'agitdonc d'attester ou plus exactement, cette hypothèse permet d'inférer doncde supposer une cause non constatée en elle-même à des faits constatés etsaisis comme effets.

Il s'agit donc d'indices qui on valeur de preuve.L'hypothèse de l'existence d'une vie psychique joue donc un double rôle : elleest un principe d'intelligibilité des faits psychiques observés et aberrants pourla conscience ; mais surtout, elle est un principe de réalité dans la mesure oùelle permet non seulement de comprendre mais pose ou suppose l'existenced'un quelque chose qui a des effets et qui est la cause réelle des faitsconstatés.

Car comme il le propose dans Une difficulté de la psychanalyse : « Qu'une chose se passe dans ton âme [et] que tu en sois de plus averti,voilà qui n'est pas la même chose ».

L'hypothèse l'inconscient esteffectivement ce degré d'obscurité chez l'homme, ce dont il ne peut rendre compte directement et nécessite une certaine interprétation : donc une herméneutique comme on peut le voir àl'œuvre dans la psychanalyse.b) En effet, le symptôme névrotique est la manifestation détournée d'un instinct refoulé.

Comprendre ou saisir lescauses de ce symptôme c'est mettre à la jour cet instinct refoulé donc nous rendre lucide et sortir de cet obscurité.Et c'est bien ce que nous montre Freud notamment dans sa première des Cinq leçons de psychanalyse : « Nul doute que la modification psychique manifestée pendant les absences (d'Anna O.) était une conséquence del'excitation produite par ces formations fantaisistes d'une vive tonalité affective.

[…] Les symptômes morbidesdisparurent lorsque, sous l'hypnose, la malade se rappela avec extériorisation affective à quelle occasion cessymptômes s'étaient produits pour la première fois.

» Pour comprendre ce que cela signifie comme Freud le précise dans le Moi et le ça , à l'opposition entre le conscient et l'inconscient il faut substituer celle entre le moi cohérent et les détachés du moi.

Il ne faut donc pas opposer de manière naïve la conscience et l'inconscient au risque sinon deméconnaître l'essence même de l'inconscient : c'est-à-dire la lucidité de la conscience et les abysses del'inconscient.

Notre existence psychique est bien plus complexe et il nous est impossible de supposer un étatd'absolue lucidité : il s'agit d'un idéal de la raison ; d'une vue l'esprit.

En effet, comme il le développe dans sonIntroduction à la Psychanalyse , le moi comporte aussi des éléments inconscients.

Plus précisément, l'appareil psychique se compose de systèmes distincts : le ça, le moi et le surmoi.

Le Ca est l'instance des pulsions desexigences somatiques dans le psychisme.

Il ne tend qu'à la satisfaction des désirs.

Il est régi par le principe deplaisir et appartient proprement à la vie biologique.

Le Moi est ce que l'on appelle généralement la conscience, c'est-à-dire l'ensemble des représentations dont nous sommes conscients.

Il est régi par le principe de réalité, c'est-à-dire qu'il connaît et comprendre les impératifs sociaux et vitaux.

Cependant, il n'est pas pleinement conscient dansla mesure où la censure, qui est une partie du moi, est inconsciente : il s'agit d'un mécanisme de défense de la viepsychique.

Enfin, le Surmoi est l'instance où se trouvent intériorisés les interdits sociaux et les impératifs moraux.

Ilcorrespond à l'appartenance social du sujet.c) Bien que n'étant pas une méconnaissance ou un manque de lucidité à l'égard de soi, il est vrai que l'hypothèse del'inconscient peut être perçu comme un défaut de ce que nous appelions communément et commodément laconscience.

Or comme le notre Freud dans son Introduction à la psychanalyse , l'hypothèse de l'inconscient est une humiliation de plus pour l'homme et sur la place et le piédestal sur lequel il se sentait posé.

Une humiliation de plusdans la mesure où elle fait suite à deux autres selon Freud : celle de Copernic, faisant que la terre n'est pas lecentre de l'univers, ni du système solaire, et celle de Darwin, faisant descendre l'homme non pas de Adam et Evemais du singe selon une théorie de l'évolution des espèces.

Etant une humiliation c'est pour cela que nous avonsune certaine réticence à l'accepter.

Mais celle-ci est bien un pas qui nous permet de nous rendre moins obscurenvers nous-même.

Transition : Ainsi l'hypothèse de l'inconscient nous met-elle en exergue l'idée selon laquelle l'homme est obscur à lui-même dansla mesure où il ne connaît pas toutes les causes qui le déterminent.

Et pouvoir se rendre lucide de toutes lesobscurités est un idéal, une vue de la raison qu'on ne saurait atteindre pleinement.

Or cette idée d'inconscient est-elle le bon paradigme pour comprendre cette obscurité ? III – Problème de l'hypothèse de l'inconscient a) En effet, comme le dit Alain : « Cette idée de l'inconscient, tant vantée et si bien vendue, je n'en fais rien ; […] quand j'ai voulu en user, afin de me mettre à la mode, elle n'a rien saisi de l'homme, ni rien éclairé » (« Fantômes »,23 septembre 1921).

En ce sens, l'inconscient est un mauvais paradigme pour apporter quelque chose à l'homme.

Eneffet, comme il le développe dans « Éléments de philosophie » : « L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est uneidolâtrie du corps.

On a peur de l'inconscient ; là se trouve logée la faute capitale.

Un autre moi me conduit qui me. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles