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Thomas Hobbes, le Citoyen, chapitre X, § 1 (commentaire)

Publié le 31/01/2020

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Thomas Hobbes, le Citoyen

Hors de l'état civil, chacun jouit sans doute d'une liberté entière, mais stérile; car s'il a la liberté de faire tout ce qui lui plaît, il est en revanche, puisque les autres ont la même liberté, exposé à subir tout ce qui leur plaît. Mais, une fois la société civile constituée, chaque citoyen ne conserve qu'autant de liberté qui lui en faut pour vivre bien et vivre en paix, de même les autres perdent de leur liberté juste ce qu'il faut pour qu'ils ne soient plus à redouter. Hors de la société civile, chacun a un droit sur toute chose, si bien qu'il ne peut néanmoins jouir d'aucune. Dans une société civile par contre, chacun jouit en toute sécurité d'un droit limité. Hors de la société civile, tout homme peut être dépouillé et tué par n'importe quel autre. Dans une société civile, il ne peut plus l'être que par un seul. Hors de la société civile, nous n'avons pour nous protéger que nos propres forces; dans une société civile, nous avons celles de tous. Hors de la société civile, personne n'est assuré de jouir des fruits de son industrie; dans une société civile, tous le sont.

Traduction S. Sorbière, Garnier-Tlammarion, chapitre X, § 1, p. 195.

Souvenez-vous que « industrie » a dans la langue du xviie siècle un sens particulier : ce mot désigne le travail en général. Dans ce passage, Hobbes oppose de manière systématique « l'état civil », c'est-à-dire la vie au sein d'une société régie par le droit que fait respecter l'État, et l'étàt de nature, c'est-à-dire l'absence d'une telle société.

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