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Tout conflit est-il nécessairement mauvais ?

Publié le 27/02/2005

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Tout conflit est mauvais, ou peut-il être fécond ? Le terme "conflit" appartient au champ lexical de la guerre. Le sens premier du conflit est guerrier, et cette notion étend la guerre à tous les champs auxquels elle s'applique. Qu'est-ce qui fonde le rejet de ou l'attraction envers le conflit ? La guerre, tout simplement. S'opposent donc une conception belliqueuse et une conception pacifique de la vie, de la pensée, de l'être. Des développements ontologiques de ces deux conceptions sont fournis par les présocratiques : certains posent que c'est l'Amour et l'harmonie (la paix) qui sont à l'origine de l'univers ; d'autres accordent une place à la Discorde : la guerre participerait à la création du monde (Aristote, Métaphysique, I, 4). De même que la notion de conflit est applicable à un grand nombre de domaines, le clivage entre posture guerrière et pacifique traverse de très nombreux enjeux. Comment concevoir cette opposition guerre/paix dans le cadre de la pensée ? Penser, est-ce se mettre en harmonie avec soi-même et convaincre les autres à force de justes raisons ou bien est-ce vaincre les autres et laisser la tension entre idées concurrentes s'installer en soi ? Deleuze analyse les dialogues platoniciens sous cet angle, dans l'introduction à Qu'est-ce que la philosophie ?, ainsi que Nietzsche dans la préface au Gai savoir.

« en ce sens négatif.

C'est le seul sens que Hobbes donne au mot liberté.

Selon Hobbes, dans l'état de nature,chacun est empêché à tout moment, dans ses mouvements et ses entreprises, par autrui qui est virtuellementson ennemi.

Mais les lois d'un Etat - institué en vue justement de mettre fin à cet état de guerre qu'est l'étatde nature - empêchent les individus de se nuire les uns aux autres.L'autre sens du mot liberté n'est réservé qu'à l'homme, et caractérise ce que Kant appelle l'autonomie : obéir,à la loi dont on est, en tant qu'être raisonnable, l'auteur, ou encore, obéir à sa propre raison.

Obéir à saraison, c'est être pleinement responsable de sa conduite.

Etre libre, c'est s'obliger soi-même à une conduiteraisonnable, s'interdire certains débordements, en un mot c'est obéir à la loi qu'on s'est prescrite.La loi peut s'entendre ici dans un sens moral, comme dans un sens politique.

Autrement dit, les obligationsauxquelles on se soumet volontairement et librement (alors qu'on subit bon gré malgré une contrainte) sontmorales, ou bien civiques.

C'est dans ce sens-ci d'obligation civique que Rousseau l'entend d'abord.

Rousseaudans le Contrat Social jette les bases d'un Etat dont les lois constituent des obligations et non descontraintes : car c'est le peuple souverain, plus exactement la volonté générale (selon la règle de la majorité)qui décide des lois.

Ainsi chacun d'entre nous, en tant que citoyen, est libre parce qu'il se soumet aux loisdont il est l'auteur, en tant que membre de la volonté générale. La révolution supprimera les conflitsPour Marx et Engels, les conflits sociaux sont l'expression de la lutte des classes et de l'injustice.

Tant quesubsisteront les inégalités, tant que ceux qui possèdent les richesses et les moyens de productionexploiteront le travail et la vie des plus pauvres, le conflit continuera.

Mais la révolution prolétarienne doitmettre un terme à cette lutte en instaurant une société sans classes. Puisque « la production économique et la structure sociale qui en résulte nécessairement forment, à chaque époque, la base del'histoire politique et intellectuelle de l'époque », le « Manifeste » affirme que « toute l'histoire a été une histoire de lutte de classes ». Mais la démonstration à laquelle se livre Marx ne s'arrête pas là: rendant intelligible le passé de l'humanité, elle en annonce égalementl'inéluctable avenir.

En effet, « Cette lutte a actuellement atteint une étape où la classe opprimée et exploitée (le prolétariat) ne peut plus selibérer de la classe qui l'exploite et l'opprime sans libérer en même tempset pour toujours la société entière de l'exploitation, de l'oppression etdes luttes de classes.

» Réfutant un certain nombre d'interprétation fautives duMarx isme, Lénine affirme dans « L‘Etat & la Révolution » que l'oeuvre de Marx ne saurait se limiter à cette seule découverte de la lutte des classes : l'idée de la « lutte des classes » n'est rien en effet si on ne la combine pas à celle de « dictature du prolétariat ».

Elle reste pourtant l'un des concepts clés de la théorie Marx iste et Lénine le reconnaissait bien qui, dans un texte de 1914 consacré àMarx déclarait : « Que, dans une société donnée, les aspirations des uns aillent à l'encontre de celles des autres, que la vie sociale soitpleine de contradictions, que l'histoire nous montre une lutte entre lespeuples et les sociétés, aussi bien qu'en leur sein, qu'elle nous montre en outre une alternance de périodes derévolutions et de périodes de réaction, de guerres et de paix, de stagnation et de progrès rapide ou de déclin,ce sont là des faits universellement connus.

Le Marx isme a fourni le fil conducteur qui permet de découvrir l'existence de lois dans ce labyrinthe et ce chaos apparents : c'est la théorie de la lutte des classes.

» La théorie de la lutte des classes est donc, aux yeux d' Engels , l'idée maîtresse de Marx comme elle est, aux yeux de Lénine , le fil conducteur qui permet de comprendre l'histoire humaine.

C'est sur elle en tout cas que s'ouvre le texte du « Manifeste ». Ce que pose en son début ce texte est bien une règle d'interprétation générale de l'histoire. Quelle que soit l'époque que l'on considère, la société est en effet le lieu du conflit –ouvert ou dissimulé- quese livrent oppresseurs et opprimés : « Hommes libres et esclaves, patricien et plébéien, baron et serf, maîtred'un corps de métier et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont menéune guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par unetransformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction de deux classes en lutte.

» Marx & Engels proposent donc bien une vision de l'histoire.

Celle-ci est totalement en accord avec leur philosophie matérialiste telle qu'ils ont pu déjà l'exposer en partie dans « L'idéologie allemande ».

Dans ledevenir de l'humanité, ce sont, en dernière instance, les infrastructures qui déterminent les superstructures.Ce qui signifie que ce sont les rapports économiques qui définissent, dans tous les cas, la société et lesclasses qui, s'y affrontant, sont elles-mêmes définies par la place qu'elles occupent dans le système de production.

De ce fait, dire de l'histoire qu'elle est l'histoire de la lutte des classes revient donc à rappeler que. »

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