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Toute croyance est-elle aveugle ?

Publié le 27/02/2005

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Dans le mythe de la caverne, si l'un des hommes enchaînés n'avait pas cru qu'il y avait autre chose ailleurs, au-delà de ses chaînes, alors il ne serait jamais partit, poussé par la curiosité. Le passage de la croyance au savoir nécessite donc un effort intellectif. Ainsi, c'est la croyance qui déclenche le mouvement et qui permet à l'homme de chercher pour trouver une certitude. Nous comprenons donc que pour Platon la croyance n'est pas aveugle, car ses yeux grands ouverts sont dirigés vers le savoir. Le savoir ne naît pas du néant, mais a pour fondation la croyance. Mais si le regard de la croyance est orienté vers ses conséquences et son futur, peut-on dire qu'elle est aveugle quant à ce qui la cause ?   II.                La croyance est aveugle, car elle est le fruit d'une illusion.   Hume montre que lorsque l'on dit 'je sais que le soleil se lèvera demain', ce que l'on dit en réalité, c'est 'je crois que le soleil se lèvera demain'. Pour lui, le raisonnement sur les faits ne relève pas du savoir, mais de la croyance.

Le mot ‘croire’ vient du latin credere qui veut dire ‘faire crédit’, ‘avoir une relation de confiance et d’adhésion’. Croire, c’est ne pas avoir une certitude absolue, c’est donner son assentiment à une représentation, sans pour autant être sûr du caractère véritable de cette dernière. En ce sens, un scientifique dirait que la croyance est toujours aveugle, car si lorsque l’on croit l’on n’est pas sûr, c’est que l’on n’a pas de connaissances concernant les causes et les effets de l’événement auquel on accorde crédit. En ce sens nous pouvons dire que la croyance religieuse est une croyance aveugle. En effet, les croyants donnent leur foi aveuglément, car ils engagent tout leur être et tout leur amour (ils se dévouent) pour quelqu’un dont ils n’ont aucune preuve, ni aucune assurance de l’existence. Mais alors est-ce que toutes les croyances, à l’image de la croyance religieuse, sont aveugles, c’est-à-dire sans aucun fondement tangible à part leur conviction profonde ? Nous pouvons répondre par la négative dès à présent, car ce n’est pas la même chose de ‘croire en’, que de ‘croire que’. Lorsque je ‘crois en Dieu’, seule ma conviction personnelle est engagée, sans raison objective ; lorsque je ‘crois qu’il va pleuvoir’, je me base sur des données objectives (couleur du ciel, fraîcheur de l’air…) sans savoir si ma supposition va s’avérer effective.

« n'a pas été démontrée fausse : Popper).

Nietzsche explique que la nature est comme un texte qu'il faut interpréter.Toutes les interprétations se valent, il n'y en a pas une plus vraie qu'une autre.

Ainsi toutes les croyances sontpossibles et aucune n'est à rejeter, car ce que l'on croit subjectivement est sans doute plus vrai qu'une certitudeprofonde.

Les croyances sont nécessaires, car elles déterminent les actions des hommes et donc modifient lanature.

Etant donné leur importance, elles ne peuvent être tout à fait aveugle.

Nous dirons qu'elles sontdéterminées de manière réfléchie et raisonnable, sans pour autant être sure de leur issue ; elles fixent ainsi les butsdes actions et les idéaux des hommes.

Savoir jusqu'où va le caractère perspectiviste de l'existence, ou même savoirsi l'existence possède encore un autre caractère, si une existence sansinterprétation, sans « raison » ne devient pas de la « déraison », Si, d'autrepart, toute existence n'est pas essentiellement interprétative – c'est ce qui,comme de juste, ne peut pas être décidé par les analyses et les examens del'intellect les plus assidus et les plus minutieusement scientifiques : l'esprithumain, durant cette analyse, ne pouvait faire autrement que de se voir sousces formes perspectives et uniquement ainsi.

Il nous est impossible de voirau-delà de l'angle de notre regard : il y a une curiosité sans espoir à vouloirconnaître quelles autres espèces d'intellects et de perspectives il pourrait yavoir, par exemple, s'il y a des êtres qui peuvent concevoir le temps enarrière, ou tour à tour en avant et en arrière (par quoi on obtiendrait uneautre direction et une autre conception de la cause et de l'effet).

J'espère,cependant, que nous sommes au moins, de nos jours, assez éloignés de ceridicule manque de modestie de vouloir décréter de notre angle que ce n'estque de cet angle que l'on a le droit d'avoir des perspectives.

Le monde, aucontraire, est redevenu pour nous « infini » : en tant que nous ne pouvonspas réfuter la possibilité qu'il contienne des interprétations à l'infini.

Encoreune fois le grand frisson nous prend : – mais qui donc aurait envie de diviniserde nouveau, immédiatement, à l'ancienne manière, ce monstre de mondeinconnu ? Adorer cet inconnu désormais comme le « dieu inconnu » ? Hélas, ily a trop de possibilités non divines d'interprétation qui font partie de cet inconnu, trop de diableries, de bêtises, de folies d'interprétation, – sans compter la nôtre, cette interprétationhumaine, trop humaine que nous connaissons... • Ce texte de Nietzsche pose la thèse du perspectivisme qui révolutionne notre manière d'envisager le monde.

Dequoi s'agit-il plus précisément ? La vision classique - celle de Platon par exemple - envisageait la Vérité commeunique et universelle.

A cette unité-unicité du vrai, Nietzsche substitue un nouveau référentiel : il existe sur lemonde, une infinité de perspectives, d'interprétations du monde, toutes légitimes et acceptables.

Si le réel dans sacomplexité et sa bigarrure est infini, il peut et il doit être infiniment interprété.• On ne saurait échapper au perspectivisme : le réel ne se donne jamais qu'à partir d'une perspective, celle de celuiqui l'appréhende et l'interprète.

Le réel dépend donc de la perspective adoptée par son herméneute.

Le réel n'est vudans et par le point de vue de son interprète.

Dès lors, il ne saurait donc exister de réel indépendant d'uneperspective, d'une interprétation, il n'y a pas de réel en soi, un et univoque.

On trouve ici une critique du platonismequi croit ramener la multiplicité du sensible à l'unité de l'Idée.• Ainsi, tout est interprétation.

Le monde est un texte à déchiffrer et les clefs de lecture en sont multiples.Nietzsche écrira : « L'essence, l'être, sont une réalité perspectiviste et supposent une pluralité.

Au fond, c'esttoujours la question : qu'est-ce que c'est pour moi ? [...] Bref, l'essence d'une chose n'est somme toute qu'uneopinion sur cette chose.

Ou plutôt la formule cela passe pour est le résidu vrai de la formule : cela est ; c'est le seulcela est.

» (Volonté de puissance, I, § 204).

Dans un monde multiple, il y a plusieurs points de vue possibles.

Laperspective est l'art de faire varier les points de vue, afin d'enrichir le regard porté sur le monde. Le perspectivisme est l'attitude qui consiste à varier les points de vue sur une chose ou sur un événement de façonà varier le sens de ceux-ci et donc l'interprétation qu'on peut en faire et élever ainsi peu à peu la vie à la hauteurd'un événement.

En ce sens, le perspectivisme n'est pas autre chose que l'art appliqué à la culture.

Tout comme unartiste interprète une oeuvre, la culture devrait interpréter la vie en faisant entendre, à propos de celle-ci, desmélodies de plus en plus élevées.

Ce n'est pas le cas.

La culture est devenue une foire d'empoigne politico-économique.

Moyen de sélection sociale pour les uns, moyen de promotion sociale pour les autres, image de marquepour les troisièmes ou bien encore placement financier juteux, elle ne se préoccupe pas d'interpréter la vie, mais del'utiliser.

D'où la nécessité de revenir à un véritable sens de la culture.

Celui-ci se trouve dans la grande vie del'esprit de ceux qui, impassibles, affirmatifs et détachés, marchent loin des sentiers battus, loin de l'ombre projetéepar les passions vengeresses, face au soleil de la vie. Conclusion : - Toute croyance n'est pas aveugle, car elle est une étape sur la route qui mène au savoir.. »

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