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Travaillons, il n'y a que cela qui amuse disait Pasteur. Etes-vous du même avis ?

Publié le 03/03/2009

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Travaillons, il n'y a que cela qui amuse disait Pasteur. Etes-vous du même avis ?

 

Le travail se définit au sens large comme une activité, une tâche, rémunérée ou non. Or le travail apparaît actuellement comme une valeur sociétale. Le travail paraît assurer non seulement une sécurité matérielle mais aussi psychologique en définissant un lien social. Il permet à l’individu d’obte­nir l’indépendance financière et la reconnaissance sociale par laquelle les autres admettent l’utilité et la valeur de son activité et par conséquent de sa personne. Il lui permet donc de se situer dans la société, et de s’y faire reconnaître comme individu libre, autonome, capable de subvenir à ses besoins. L’amusement quant à lui se comprend comme un plaisir, un divertissement : une activité gratuite. Dès lors n’est-ce pas paradoxal de parle d’un travail amusant ? N’y a-t-il pas opposition ?

Or si l’on peut comprendre le travail amusant comme paradoxe ou ironie (1ère partie), bien plus est-il d’autant plus paradoxal face à l’aliénation (2nd partie), dès lors quel lien entre le plaisir et le travail ? (3ème partie)

 

 

 

I – Entre paradoxe et ironie : travail, jeu

 

 

II – Travail, amusement : l’aliénation

 

III – Travail et plaisir

 

pasteur

« a) En effet, est-il possible de penser la phrase de Pasteur prononcé par un ouvrier à la manière de Charlie Chaplin dans Les Temps modernes .

Effectivement, comme le remarque Marx dans ses Manuscrits de 44 , dans le système capitaliste, l'ouvrier est privé de la propriété du produit de son travail.

Mais cette privation est l'expression d'unealiénation dans l'acte même de la production.

Marx oppose ici le travail qui devrait être la réalisation de l'essence del'homme donc un facteur de moralisation au travail aliéné qui n'est plus qu'un moyen de satisfaire ses besoinsphysiques, et ramène l'homme au rang de l'animal.

L'individu qui ne travaille que pour manger ne manifeste pas sonhumanité par son travail.

Or c'est précisément ce qui se produit dans le cas du travail aliéné.

Dans le travail aliéné,l'homme est privé du produit de son travail et le travail devient un moyen au lieu d'être une fin en lui-même.

Letravail n'est donc pas une forme de moralisation tant qu'il reste un facteur d'aliénation.

Et celle-ci prend troisformes.

Toutes ont un rapport avec l'idée d'altérité et de perte de soi.

Premièrement, le travailleur est dépossédé des produits de son travail.

Deuxièmement, par l'organisation même du même qui n'est pas l'expression d'une décision prise par ceux qui travaillent et collaborent dans la production d'un bien ou d'un service, mais de celui quiachète la force de travail.

Ainsi, dans ces conditions de travail, ce dernier est extérieur aux fins de son travail cequi signifie qu'il exerce une activité dans laquelle ils ne peuvent se retrouver ou se reconnaître.

Ils sont commeétrangers à eux-mêmes.

Enfin, l'aliénation est déshumanisation c'est-à-dire aliénation de l'essence de l'homme dansla mesure où le travail à cause des deux aliénations précédentes est une activité par laquelle au lieu de s'accomplir,de devenir plus humain, l'homme se perd, se dénature, se mutile.

Dès lors, face à cet aliénation il est difficile deparler véritablement d'un amusement.b) Bien plus, comme on peut voir à travers l'ouvrage de Georges Friedmann Le travail en miettes : « Aujourd'hui, dans les conditions réelles où ils travaillent encore de par le monde, plusieurs centaines de millions d'ouvriers etd'employés sont occupés à des tâches parcellaires, répétées à cadence rapide, n'impliquant que peu ou pas de con-naissances professionnelles, d'initiative, d'engagement psychologique ou moral dans l'entreprise qui les paie.

Leurtemps hors du travail est menacé par une fatigue souvent plus psychique que physique qui pèse, jusqu'à la briser,sur leur capacité de se divertir et même de se réparer.

Que les réactions soient agressives ou dépressives, ellesécartent le travailleur des promesses d'une vie de loisir à la fois divertissante et enrichissante, orientée vers unniveau de culture plus élevé.

Son rôle de consommateur standardisé des produits du système dont il est un rouageaccroît son bien-être matériel mais ne fait qu'accentuer, chez lui, le déséquilibre, les tensions entre la vie de travailet l'existence hors travail.

[...] ».

Le travailleur n'est plus qu'un simple rouage, et effectue une tâche qui biensouvent est répétitive et correspondrait plus à une machine.

Comme il le fait remarquer en citant une étudeaméricaine ce type de travail pour être donné à des personnes handicapés sans que cela changeât le résultat de laproduction.

Friedmann n'a pas en vue bien sûr de dénigrer les handicapés (ils parlent d'handicapés mentaux), maisce qu'il vise c'est le fait que ce travail n'est pas enrichissant ni ne développe des facultés proprement humaines.C'est pourquoi il note : « Dans l'ensemble, il apparaît que les conditions modernes du travail entraînent [...] pourbeaucoup de nos contemporains une oppression de la personnalité telle que les activités de non-travail constituent,de leur part, une riposte à ce défi.

On pourrait également en suivant cette perspective, mieux comprendre l'énormemouvement de retour à la nature manifesté dans les couches les plus diverses de la société [...].

C'est enfin decette manière qu'il conviendrait d'étudier certaines tendances révélées par les hobbies: réaction contre laprépondérance de la vitesse, de l'objet standardisé et tout fait, de l'organisation venue « d'en haut », du travail à lachaîne, par la recherche opiniâtre de l'achèvement dans le « bricolage » fini et minutieux, librement exécuté selon unrythme personnel ».

En ce sens, le travail n'est pas épanouissant pour le travailleur.

Dès lors il ne peut pas êtrecompris comme un amusement ni un divertissement ; il est : pénible, harassant, aliénant et déshumanisant.c) Mais surtout, comment comprendre dans les faits cette volonté de travailler : n'est-ce pas ce soumettre à unimpératif déterminé extérieurement pas les conditions de consommation et de production de nos sociétés ? En effet,comme le montre Lafargue dans son ouvrage le Droit à la paresse , l'alternative n'est pas entre l'oisiveté totale et le travail, mais bien entre un travail épanouissant et le travail non épanouissant.

C'est-à-dire dans la réappropriationpar l'homme de sa vie dans toutes ses dimensions. Cette réappropriation passe peut-être dans un premier temps par une certaine dévalorisation du travail ou par une revendication à une vie autre que soumise à l'impératif du travail.Dans son célèbre pamphlet Le droit à la paresse , Lafargue reproche aux ouvriers d'avoir repris à leur compte la valorisation du travail propagée par la bourgeoisie, parce qu'elle servait ses intérêts économiques en incitant à uneproduction toujours plus grande : « Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne lacivilisation capitaliste.

Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis deux sièclestorturent la triste humanité.

Cette folie est l'amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu'àl'épuisement des forces vitales de l'individu et de sa progéniture.

Au lieu de réagir contre cette aberration mentale,les prêtres, les économistes, les moralistes ont sacro-sanctifié le travail.

[...] Et cependant, le prolétariat, la grandeclasse qui embrasse tous les producteurs des nations civilisées, la classe qui, en s'émancipant, émanciperal'humanité du travail servile et fera de l'animal humain un être libre, le prolétariat, trahissant ses instincts,méconnaissant sa mission historique, s'est laissé pervertir par le dogme du travail.

Rude et terrible a été sonchâtiment.

Toutes les misères individuelles et sociales sont nées de sa passion pour le travail ».

Il faut doncrevendiquer un droit aussi à la paresse, c'est-à-dire à une vie non dominée par le travail et ses impératifs deproductivité.

Transition : Ainsi le travail, même ironiquement, ne peut pas être compris comme un amusement.

Il est ce qui s'y oppose le plusil est « negotium », c'est-à-dire abolition de la liberté.

Pourtant peut-on réellement penser un plaisir au travail etdans quel condition ?. »

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