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Une domination illusoire ? de PLATON

Publié le 09/01/2020

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platon

Les principaux adversaires de Socrate et de Platon furent les sophistes, ces philosophes grecs qui faisaient payer fort cher leurs leçons sur l'art de défendre des thèses contradictoires avec des arguments d'égale valeur. Les protagonistes de cet extrait du dialogue précisément intitulé Le Sophiste s'interrogent sur le bien-fondé de leur succès.

L’ÉTRANGER. — Je demande s’il est possible qu’un homme connaisse tout.

THÉÉTÈTE. — Nous serions, à n’en pas douter, étranger, une race de bienheureux.

L’étranger. — Dès lors comment un homme qui est lui-même ignorant, contredisant un homme qui sait, pourrait-il jamais dire quelque chose de sensé ?

THÉÉTÈTE. — Il ne le pourrait pas du tout.

L’ÉTRANGER. — Alors qu’est-ce que peut bien être cette merveilleuse puissance de la sophistique ?

théétète. — Merveilleuse sous quel rapport ?

L’étranger. — En ce qu’ils sont capables de faire croire à la jeunesse qu’ils sont, eux, les plus savants de tous sur toutes choses. Car il est clair que, s’ils ne discutaient pas et ne leur paraissaient pas discuter correctement, et si, en outre, leur talent de contredire ne rehaussait pas leur sagesse comme tu le disais, on aurait bien de la peine à se résoudre à les payer pour devenir leurs disciples en ces matières.

théétète. — A coup sûr on aurait de la peine.

L’Étranger. — Au contraire, on le fait de bon gré.

THÉÉTÈTE. — De fort bon gré même.

L’étranger. — C’est qu’ils paraissent, à ce que je crois, fort instruits des choses sur lesquelles ils disputent.

théétète. — Sans contredit.

L’ÉTRANGER. — Et ils disputent sur toutes choses, disons-nous ?

THÉÉTÈTE. — Oui.

L’ÉTRANGER. — Ils passent donc pour omniscients aux yeux de leurs élèves ?

THÉÉTÈTE. — Sans doute.

L’ÉTRANGER. — Quoiqu’ils ne le soient pas ; car nous avons dit que c’était impossible.

Platon, Le Sophiste, 233a-c, trad. É. Chambry, Garnier-Flammarion, 1969, pp. 72-74.

platon

« L'ÉTRANGER.

- Dès lors comment un homme qui est Jui­ même ignorant, contredisant un homme qui sait, pourrait-il jamais dire que lque chose de sensé ? THÉÉTÈTE.

- Il ne le pourrait pas du tout.

L'ÉTRANGER .

- Alors qu'est-ce que peut bien être cette mer­ veill euse puissance de la sophis tique ? THÉÉTÈTE.

- Merveilleuse sous quel rap port ? L'ÉTRANGER.

- En ce qu'ils son t cap abl es de faire croire à la jeunesse qu'ils sont , eux, les plus savants de tous sur tou tes choses.

Car il est clair que, s'ils ne disc utaient pas et ne leur paraissa ien t pas discuter correcteme nt, et si, en outre, leur talent de contredire ne rehaussait pas leur sagesse comme tu Je disais, on aurait bien de la peine à se résoudre à les payer pour deve­ nir leurs disciples en ces ma tières.

THÉÉTÈTE.

- À coup sûr on aurait de la peine.

L'ÉTRANGER .

- Au contraire, on le fait de bon gré.

THÉÉTÈTE.

- De fort bon gré même .

L'ÉTRANGER.

- C'est qu'ils paraissen t, à ce que je cro is, fort instruits des choses sur lesquelles ils dispute nt.

THÉÊTÈTE.

- Sans contred it.

L'ÉTRANGE R.

- Et ils disputen t sur toute s choses, disons -nous ? THÉÉTÈTE.

-Oui.

L'ÉTRANGER.

- lis passent donc pour omniscients aux yeux de Jeurs élèves ? THÉÉTÈTE.

- Sans doute.

L'ÉTRANG ER.

-Quoiqu'ils ne Je soient pas; car nous avons dit que c'étai t impossible.

PLATON, Le Sophiste, 233a-c, trad É.

Chambry, Garnier -Flammarion, 1969, pp.

72-74.

POUR MIEUX COMPRENDRE .LE TEXTE À l'or igine de cette discussion, Socrate a demandé à ses inter locu teurs de se livrer avec lui à une comparaison entre la sophistique et la philosophie .

On ne sera pas surpris de ret rouver ici le problème don t nous avons déjà mont ré qu'il est au cœur des interrogations de Platon sur le langage : peut-. »

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