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Une religion sans croyance est-elle possible ?

Publié le 07/01/2004

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religion
Cette force de conviction caractérise l'idée vive qui, en raison de la coutume, reçoit de l'impression présente une part de sa vivacité ; tout se passe comme si la répétition d'événements semblables toujours contigus l'un à l'autre, créait cet effet de vivacité.Hume donne à un tel phénomène le nom très courant de croyance. De ce fait, il forge un outil théorique destiné à lui servir dans l'explication d'autres phénomènes que les inférences savantes, par exemple, la superstition, entretenue grâce au soutien que les cultes donnent à ce mécanisme naturel, mais aussi la croyance à l'identité personnelle, aux spectacles ou aux récits. En dernière analyse, seule l'expérience effectivement constituée de conjonctions constantes soutient la « certitude morale » (c'est-à-dire expérimentale) de nos croyances les plus probables, que l'on peut considérer comme prouvées (mais non démontrées) et opposer aux fictions de l'imagination, même quand ces dernières font l'objet de croyances artificielles et douteuses. Concept cardinal, la notion de croyance, entendue comme nommant un mécanisme de transfert de vivacité, est donc une arme contre les superstitions et les folies. Ces croyances semblent même être le soutien le plus efficace pour la vie pratique : je ne sortirais pas de chez moi si je n'étais convaincu de l'existence du couloir derrière la porte - alors même que je ne le perçois pas directement au moment où je m'apprête à ouvrir la porte pour sortir. L'esprit est donc constitué tout autant d'habitudes que de connaissances dûment établies. 11. La croyance et la foiOn ne peut cependant mettre les croyances religieuses sur le même plan que les autres. Tout d'abord, elles sont codifiées dans des dogmes, elles ont un contenu précis qui tranche avec le vague de nos croyances ordinaires.

 

Définition du terme, religion, par le dictionnaire : « Il désigne le rapport de l'homme au divin ou à une réalité transcendante, et l'un quelconque des systèmes doctrinaux communautaires composés de croyances ou dogmes et de pratiques rituelles et morales dans lesquelles ce rapport tend à s’organiser. Le terme désigne également, par généralisation, tout sentiment religieux de piété ou toute croyance spirituelle, même peu organisée. Le terme religion naturelle désigne une doctrine qui s'appuie sur les seules inspirations de la raison et du cœur. « Ainsi les croyances sont le fondement des religions. Car les personnes faisant partie d’une même religion sont aussi les personnes partageant les mêmes croyances. Il semble donc peu probable, à première approche, de pouvoir supposer une religion sans croyance. Mais qu’en est-il de savoir s’il est possible d’avoir des croyances sans pour autant faire partie d’une religion ?

 

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« je n'étais convaincu de l'existence du couloir derrière la porte - alors même que je ne le perçois pas directement aumoment où je m'apprête à ouvrir la porte pour sortir.

L'esprit est donc constitué tout autant d'habitudes que deconnaissances dûment établies. 11.

La croyance et la foi On ne peut cependant mettre les croyances religieuses sur le même plan que les autres.

Tout d'abord, elles sontcodifiées dans des dogmes, elles ont un contenu précis qui tranche avec le vague de nos croyances ordinaires.D'autre part, l'utilisation habituelle du verbe «croire» en fait une nuance faible du «savoir » : si je crois que j'ai laisséce papier sur mon bureau, cette croyance pourra ou non être confirmée et je pourrais dire, en le voyant : je saismaintenant que ce papier est sur mon bureau.

Tandis que je ne peux pas dire que la croyance en l'immortalité del'âme, par exemple, soit provisoire et attende une confirmation par l'expérience. • Il existe alors une gradation entre l'emploi de «je crois que...

», «je crois à...

» qui exprime déjà un engagement ouune conviction, jusqu'à «je crois en...

».

Cette dernière expression exprime une foi, c'est-à-dire une relation deconfiance qui tire sa nature de se situer par-delà toute confirmation.

Bien loin d'être l'incertitude qui précède unsavoir enfin atteint, la foi est la certitude qui se substitue à un impossible savoir. • On ne peut pas dire qu'il s'agirait d'un doute à l'égard de la connaissance, comme si quelqu'un disait : nous nepouvons pas savoir.

(Cette position porte le nom d'agnosticisme.) Mais il existe un domaine par-delà toute possibilitéde questionnement, non pas tant sans réponse que sans question : « Nous sentons que même si toutes lespossibles questions scientifiques ont trouvé leur réponse, nos problèmes de vie n'ont pas même été effleurés.Assurément il ne subsiste plus alors de question; et cela même constitue la réponse» (Wittgenstein, Tractatuslogico-philosophicus, 6.52). 111.

Une foi rationnelle possible? • Dans la Préface à la deuxième édition de la Critique de la raison pure, Kant écrit : « J'ai donc dû supprimer le savoirpour lui substituer la croyance.

» Il montre que les objets traditionnels de la métaphysique, Dieu, l'immortalité del'âme, la liberté humaine, ne sont pas les objets d'une connaissance qui transcenderait les limites de l'expérience,mais des principes reliés à l'usage pratique de la raison. Citation : « Je dus donc abolir/mettre de côté le savoir afin d'obtenir une place pour la croyance » / « Ich musste das Wissen aufheben, um zum Glauben Platz zu bekommen » Cette citation est extraite de la préface à la seconde édition de la Critique de la Raison Pure de Kant – en AK III, 19. Le fait que Kant souligne dans le texte les deux notions « savoir » et« croyance » nous invite à nous interroger sur la nature du rapport entre cesdeux notions : radicale opposition, complémentarité, exclusion.

Le savoirexclut-il la croyance ? La croyance exclut-elle le savoir ?Enjeux majeurs : Rapport savoir / foi Rapport science / religion, croyance Rapport science / métaphysique Kant limite le savoir au profit de la croyance car selon lui nous ne pouvonsavoir d'intuition intellectuelle du monde sensible.

Le savoir se limite donc auxphénomènes qui sont soumis à la causalité, et qui sont donc déterminés.

Lacroyance, en revanche, appartient à la sphère morale, autrement dit à l'homme libre qui s'auto-détermine, qui se donne à lui-même sa propre loi.

Il est donc impossible de réduire lesavoir à la croyance et réciproquement dès lors que savoir et croyance renvoient à deux dimensions del'homme – dimensions qui ne se recoupent pas.

Vouloir réduire la croyance au savoir, ou inversement le savoir àla croyance, c'est tomber dans l'écueil soit du positivisme en oubliant la spécificité de la croyance (liberté del'homme), ou dans l'écueil de la foi enthousiaste en oubliant la spécificité du savoir (déterminisme causal) Endistinguant en l'homme deux ordres, celui de la connaissance, et celui de la morale, Kant parvient à penser foiet savoir sans tomber dans un quelconque réductionnisme. Quand on parle par exemple de l'idéal de justice, il ne s'agit pas d'un objet à connaître mais d'un résultat à atteindre: « la justice appartient à l'ordre des choses qu'il faut faire justement parce qu'elles ne sont point», dit Alain(Propos, 2 décembre 1912).

C'est en ce sens qu'il faut dire que l'objet d'une croyance n'existe pas. • Il paraît ainsi rationnel de poser les questions de croyances sur le plan des pratiques, ou de redéfinir les croyancescomme des dispositions à agir : si tant est que le résultat de nos actions soit toujours quelque peu incertain, lescroyances ne concernent-elles pas au premier chef ces actions? Qui agirait pour agir, sans faire le pari que cela en. »

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