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VIGNY: Les Destinées (Fiche de lecture)

Publié le 22/11/2010

Extrait du document

vigny

«Si ton coeur, gémissant du poids de notre vie,

Se traîne et se débat comme un aigle blessé,

[...]

Pars courageusement, laisse toutes les villes ;

Ne ternis plus tes pieds aux poudres du chemin;

Du haut de nos pensers vois les cités serviles

Comme les rocs fatals de l'esclavage humain.

[...]

Il est sur ma montagne une épaisse bruyère

Où les pas du chasseur ont peine à se plonger,

[...]

J'y roulerai pour toi la Maison du berger.

[...]

Et là, parmi les fleurs, nous trouverons dans l'ombre

Pour nos cheveux unis un lit silencieux.«

vigny

« Le poème inaugural, «Les Destinées», donne le thème central du recueil, celui de la fatalité (puissance occulte quifixe d'avance le cours des événements), qu'annonçait la formule épigraphe : «C'était écrit».

En effet le mal soustoutes ses formes domine le monde, de l'Antiquité (époque où apparaît la notion de destin) à l'époque moderne, etl'homme ne peut lui échapper.

Le caractère implacable des divinités antiques est suggéré dès les premiers vers dece poème en rime tierce : «Depuis le premier jour de la création, Les pieds lourds et puissants de chaque Destinée Pesaient sur chaque tête et sur chaque action.» Cette allégorie du corps humain en deux motifs antithétiques, la tête, siège de la pensée, et le pied, instrumentd'oppression, est fréquente dans la poésie de Vigny.

L'humanité croit être délivrée par la venue du Christ, qui faitnaître un espoir ; mais le christianisme est un leurre : la notion janséniste de la Grâce ne fait que rétablir la Fatalitédu paganisme.

Écrasé par la fatalité puis par la religion, l'homme est condamné à la souffrance.

Le malheur prend denombreuses formes, celles du mal social qui naît de l'injustice, de la tyrannie, de la violence ; celles du mal spirituelet métaphysique de l'homme abandonné de Dieu, livré à la solitude et au désespoir. LA «COMÉDIE HUMAINE» Le poète se fait le critique virulent de la société qui l'entoure ; mais à la différence de Lamartine ou de Hugo, ilpréfère, à l'engagement social, la vigilance et la défense de l'artiste contre la société qui le méconnaît et l'accable,au sein de laquelle il est livré à la plus grande solitude. Le poème «Les Oracles» fait la satire de la Monarchie de Juillet ; le poète a renoncé à ses ambitions politiques etdénonce vivement la bourgeoisie, le parlementarisme, et la démocratie, thèmes qu'il reprend dans certains vers de«La Maison du berger». «La Sauvage» s'inspire des textes de Chateaubriand sur le Nouveau Monde et présente une jeune Indienne qui,renonçant à sa liberté individuelle, vient se réfugier dans une famille de colons qui l'intègre à sa vie patriarcale.

C'est un éloge mesuré de l'oeuvre colonisatrice de l'Europe lorsqu'elle est guidée par la raison et le respect de lacivilisation.

Par contre, «Wanda» fait le portrait d'un despote russe, un tsar dont la puissance repose surl'esclavage, insensible à la prière d'une jeune femme exilée. › Les méfaits et illusions du progrès ne sont pas absents de ce tableau pessimiste de la conditionhumaine.

Comme Baudelaire, Vigny décrit la société contemporaine et dénonce les dangers des nouvellestechniques, par exemple le chemin de fer dans «La Maison du Berger» : «Sur le taureau de fer qui fume, souffle et beugle, L'homme a monté trop tôt.

[...] Tous se sont dit: "Allons !" mais aucun n'est le maître Du dragon mugissant qu'un savant a fait naître ; Nous nous sommes joués à plus fort que nous tous.» La vie privée et sentimentale peut-elle apporter une compensation aux souffrances de l'être social? Il n'enest rien: le poème «La Colère de Samson» est un poème empreint d'amertume et de misogynie, danslequel le héros, trahi par la perfide Dalila, clame sa douleur; le souvenir de la rupture avec la comédienneMarie Dorval a pu susciter la violence de certains vers : «Une lutte éternelle en tout temps, en tout lieu, Se livre sur la terre, en présence deDieu, Entre la bonté d'Homme et la ruse de Femme, Car la femme est un être impur de corps et d'âme.» LA SOLITUDE L'amour humain est un leurre, l'amour divin une autre illusion.

Le poème «Le Mont des Oliviers» traduit lepessimisme religieux de Vigny.

La nuit précédant la crucifixion, Jésus cherche un apaisement à sonangoisse.

Mais ni les apôtres endormis ni son Père divin, «Muet, aveugle et sourd au cri des Créatures», ne lui répondent.

Ce texte est caractéristique de l'angoisse religieuse et de l'obsession du silence deVigny.

Dans les Poèmes antiques et modernes, Vigny a choisi le personnage de Moïse comme symbole de. »

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