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Violence et médias

Publié le 21/09/2013

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MEDIAS ET VIOLENCE INTRODUCTION De récentes affaires de crimes violents ont conduit à l'apparition d'un nouveau registre de justification dans l'argumentaire de la défense des criminels, à savoir l'influence des médias dans la perpétration de tels actes. On pense par exemple à la tuerie de Columbine, pour laquelle ont pu être évoquées par exemple l'influence d'images télédiffusées violentes ou encore la possibilité d'accéder, via Internet, à des fournisseurs d'armes. Dans ce contexte de montée en puissance du débat public sur la question de la responsabilité des médias face à la violence de la société, le gouvernement français a commandé, en 2002, un rapport à la philosophe Blandine Kriegel concernant la place que les représentations violentes occupent effectivement à la télévision et leurs effets sur la sensibilité et les comportements du public. La réponse à ces interrogations est nette et tranchée : il existe « un effet net de l'impact de la diffusion de spectacles violents sur le comportement des plus jeunes « ; « la responsabilité de la télévision avait été présumée, personne aujourd'hui ne peut plus prétendre l'ignorer « (Rapport Kriegel). La violence est ainsi devenue l'une des clés majeures d'analyse du fonctionnement et de l'impact des médias, soit de l'ensemble des supports et techniques de diffusion massive de l'information (presse écrite, cinéma, radio, télévision et télécommunications). Cela dit, le débat reste souvent exclusivement focalisé, plus précisément, sur la question des contenus explicitement violents, véhiculés par ces médias et de leurs effets (comme dans le rapport Kriegel). Or, pour saisir le lien qui existe entre médias et violence, il semble tout d'abord nécessaire de s'interroger aussi sur la présence même de la violence dans les contenus médiatisés, sur les raisons de cette présence : notamment, les médias sont-ils un « miroir de la société « et la violence dans les médias reflètent-elle celle de la société ? En outre, il est nécessaire d'adopter une définition à la fois plus précise et plus complète de la violence : celle-ci définit un acte par lequel s'exerce une force pour agir sur quelqu'un ou le faire agir contre sa volonté ; elle caractérise ainsi une relation, marquée par l'exercice d'un pouvoir coercitif. Dès lors, il parait nécessaire de s'intéresser aussi à une forme de violence non directement physique, la violence symbolique dont parle Pierre Bourdieu et de s'interroger sur la capacité des médias, en eux-mêmes, à exercer cette forme de violence, indépendamment de la simple diffusion de contenus explicitement violents. L'aporie à laquelle aboutit, en sciences sociales, la question de l'impact de la médiatisation de contenus violents sur les récepteurs nous oblige à essayer de comprendre la signification même de la présence de la violence dans les médias. Mais au-delà de cette question de la violence dans les médias, c'est celle de la violence des médias, c'est-à-dire exercée par eux, qui doit être appréhendée et ce, en dépassant le simple schéma unilatéral émetteur-message-récepteur, pour s'intéresser aux usages effectifs que fait la population des médias. I.LA VIOLENCE DANS LES MEDIAS 1/ La violence des contenus diffusés Nous partons ici des interrogations les plus communément soulevées sur le thème violence et médias, à savoir celle des effets sur les spectateurs de contenus médiatiques à caractère violent. Il s'agit de se demander si la violence médiatisée peut engendrer une violence actée. L'impact des contenus violents dans les médias : Une exposition (durable) à de tels contenus peut-elle provoquer des effets nuisibles ? Il apparaît en fait que, pour les sciences sociales, le débat sur l'impact individuel de scènes de violence médiatisées soit aporétique ; schématiquement, deux théories s'affrontent : L'effet cathartique : Cette idée ...

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LA VIOLENCE DANS LES MEDIAS 1/ La violence des contenus diffusés Nous partons ici des interrogations les plus communément soulevées sur le thème violence et médias, à savoir celle des effets sur les spectateurs de contenus médiatiques à caractère violent.

Il s’agit de se demander si la violence médiatisée peut engendrer une violence actée.  L’impact des contenus violents dans les médias : Une exposition (durable) à de tels contenus peut-elle provoquer des effets nuisibles ? Il apparaît en fait que, pour les sciences sociales, le débat sur l’impact individuel de scènes de violence médiatisées soit aporétique ; schématiquement, deux théories s’affrontent : - L’effet cathartique : Cette idée trouve l’origine de sa formulation chez Aristote.

La représentation de la violence serait thérapeutique dans la mesure où elle aiderait les spectateurs à évacuer leurs émotions négatives.

L’hypothèse retenue est que les émotions désagréables, comme la colère ou la frustration, peuvent s’accumuler au point que l’individu puisse avoir envie de s’en libérer.

Or, cette libération pourrait intervenir par le biais d’un acte agressif réel ou en regardant quelqu’un d’autre perpétrer un tel acte.

La violence médiatisée permettrait ainsi de jouer un rôle de substitut à la violence actée. - imitation et désinhibition : A l’inverse, regarder un modèle faisant preuve de violence pourrait faciliter, selon certains auteurs, la reproduction de ce type de comportement, en lui conférant un caractère normal ou en brisant les inhibitions qui pouvaient exister a priori vis-à-vis de lui, si des circonstances de la vie quotidienne correspondent à la situation médiatisée dans laquelle le comportement violent est intervenu. Des enquêtes menées empiriquement conduisent à des résultats contradictoires et il est difficile de trancher la question de l’impact sur l’individu.

Peut-être parce que la question est en elle-même problématique et mal posée.

Le média, quel qu’il soit, peut ainsi être considéré comme un agent de socialisation.

Ceci posé, deux types de conclusions peuvent en être tirées : - le média n’est qu’un agent de socialisation parmi de nombreux autres ; il est difficile d’évaluer son rôle dans l’assimilation de normes et valeurs sociales indépendamment du rôle joué par les autres agents de socialisation - le courant interactionniste a bien montré que la socialisation ne saurait être assimilée à un phénomène d’inculcation décontextualisé : outre les caractéristiques du message médiatisé, ce sont les caractéristiques de l’individu et celles de l’environnement social, ainsi que la situation de mobilisation du média qui doivent être prise en compte.

Au final, ce sur quoi s’accordent tous les chercheurs en science sociale, c’est l’idée que la violence dans les médias n’a pas un effet uniforme sur tout le monde ; ainsi, l’impact éventuel de la violence médiatique ne saurait être appréhendé comme un effet direct ou systématique et il reste quasi impossible de fournir une réponse tranchée à ce problème. Il est dès lors nécessaire d’opérer un recadrage plus fécond du sujet et, pour éclairer les liens entre violence et médias, s’intéresser aux raisons de la présence de la violence dans les médias.. »

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