Devoir de Philosophie

Vivre peut-il s'apprendre ?

Publié le 22/02/2012

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DISSERTATION : Peut-on apprendre à vivre ? Lorsqu'un enfant naît, il pousse un cri qui rassure ses parents de la bonne pénétration de l'oxygène dans ses poumons : désormais, l'enfant sait respirer. Durant toute sa jeunesse, ce petit homme va apprendre à se servir de ses yeux, de ses mains, à marcher et à parler de manière naturelle, puisqu'il est de son essence de voir, de parler et de marcher. Ainsi, on peut penser que puisque l'homme est un être vivant, il sait naturellement vivre. Mais qu'est-ce que vivre ? Doit-on considérer la vie comme étant cet état biologique donné, voire prêté, à l'homme ou une vie bonne qu'il faut chercher à atteindre et sur laquelle philosophait Aristote dans l'Ethique à Nicomaque ? La philosophie tient pour fin première l'apprentissage de la vie en vue de la sagesse et du bonheur. Et comme toute chose est placée dans l'univers dans le seul but d'atteindre sa fin, c'est parce que l'homme ne détient pas cette sagesse le jour de sa naissance que la philosophie a toujours raison d'être. Il est tout à fait possible que l'enfant apprend les prémisses de la vie par mimétisme au contact d'autres êtres humains. Mais est-ce suffisant pour bien vivre ? En d'autres termes, qu'est-ce qu'apprendre à vivre ? Est-ce le même apprentissage que celui que l'on pratique envers les mathématiques, les langues ou la course à pied ? Cet apprentissage de la vie ne nécessiterait-il pas un enseignement moral ? De cette manière, l'éducation, les religions et la philosophie paraissent être le moyen d'atteindre la bonne vie que tout homme se doit de désirer. Toutefois, les opinions des philosophes, des théologiens et des hommes en général divergeant, de qui peut-on tirer le moindre enseignement ? Comme l'écrit Platon dans son Protagoras, peut-on risquer de « polluer son âme » en écoutant de faux sages ? Doit-on vraiment compter sur autrui pour mener une vie qui vaut la peine d'être vécue ? Y-a-t-il une possibilité que l'homme parvienne à posséder ce savoir vivre ? En d'autres termes, peut-on apprendre à vivre ?

« de suivre pour s'assurer de la pureté de son âme.

Quand il est dit « Tu ne tueras point », on est face à unenseignement éthique, de considération d'autrui en tant qu'être vivant et pensant à la recherche du bonheur.Toutefois, il reste toujours du devoir de l'homme de contenir cette idée d'homicide en lui.

En somme, cela ne veut-ilpas dire qu'écoles et religions n'apportent à l'homme qu'un enseignement théorique ? Alors comment obtenir cesavoir pratique de la vie ? N'est-ce pas au contact de la vie elle-même, par l'expérience qu'on en fait chaque jour,que l'on peut réellement apprendre à vivre ? En effet, n'est-ce pas en tombant amoureux que je peux connaîtrel'amour, n'est-ce pas en laissant libre cours à mes passions que je pourrai disserter à leur sujet ? L'expression « onapprend de ses erreurs », entrée dans le langage courant, nous montre bien qu'il faut essayer, se heurter à laréalité de la vie pour en connaître ses vérités.

De même, la science utilise ce procédé d'expérimentation dans le butde vérifier la véracité d'une hypothèse.

Le maître que l'homme se doit de trouver serait donc la Vie.

Mais laperception que j'en ai est traduite par mes sens qui peuvent être trompeurs et faire mentir cette réalité devenuesubjective.

C'est ce que nous dit Descartes dans les Méditations Métaphysiques : « ces sens étaient trompeurs, etil est de la prudence de ne se fier jamais entièrement à ceux qui nous ont une fois trompés ».

En effet, qui me ditque l'ordinateur devant lequel je me tiens est bien conforme à l'idée que je m'en fais, comment savoir si la sensationqui de plaisir qui accompagne l'acte de boire mon café ou d'être assis sur une banquette en cuir n'est pas altéré parune quelconque aliénation ? Suis-je fou ? Si tel est le cas, je ne pourrai jamais apprendre quoique ce soit de vrai demes expériences de la vie. Descartes nous donne la solution dans le même ouvrage avec son doute hyperbolique : « il faut douter de tout ».Les préjugés, ce que font voir les sens et même le fruit de réflexions doivent invariablement être soumis à l'épreuvede notre raison.

C'est par cette dernière qu'il est possible d'avoir accès à l'essence même de toute chose.

De cettemanière, le contact expérimental avec la vie doit nécessairement être accompagnée d'une pratique méditativedurant laquelle la raison peut tirer quelque conclusion de la vie.

Ce travail d'apprentissage de la vie est donc uneépreuve de l'intellect confronté au réel.

Chaque homme est pourvu de raison et toute raison possède par essencecette capacité de savoir où le vrai se manifeste et comment éviter le faux.

Car l'homme inscrivant son existencedans le vrai ne peut se tromper et, de fait, ne peut faire le mal.

En suivant ces instructions, il paraît possibled'apprendre à vivre bien. Toutefois, n'est-ce pas quand le grand compositeur Ludwig Van Beethoven dit : « Muss es sein ? - Es muss sein »(« Cela doit-il être ? - Cela doit être ») que l'on s'approche d'une véritable leçon de vie ? N'est-ce pas enconsentant à notre existence que l'on vit pleinement ? En effet, si l'homme vit, c'est qu'il choisi de vivre.

Pourquoiconsentir à vivre ? Parce que nous avons la vie avant d'avoir formulé toute demande, avant même de l'avoir désiré.C'est en ayant conscience que l'on peut vivre qu'il est possible de vivre à la première personne, d'être l'acteur de sapropre vie.

À l'échelle individuelle, il y a tout un pan de notre vie qui n'est pas conscient, qui est régit parl'inconscient : c'est l'involontaire.

D'ailleurs, la vie ne sait-elle pas mieux que moi ce qu'il est bon de faire ? Il y a uneintelligence qui nous précède et qui fait que l'homme est originairement contraint à cette aliénation.

Mais le fait estque puisque nous sommes nés, puisque la vie nous possède avant que nous la possédions par la pensée, la vie s'estfaite sans nous.

Il est donc de notre devoir de dire « oui » à notre existence et de lui donner sens.

On ne peutdonner un sens à notre vie de la même manière que l'artisan fabrique une chaise après avoir eu l'eidos de la chaisemais comme l'artiste à qui l'idée vient en même temps que la création ; l'artiste découvre ce qu'il cherche aumoment où il apparaît.

De la même manière, je ne peux donner sens à ma vie qu'en la pratiquant.

Dans le Gai savoir,Nietzsche expose l'idée de l'éternel retour selon laquelle viendra quelqu'un qui nous dira que tout ce qu'on a vécusera à revivre exactement de la même manière.

Si cette idée me paraît joyeuse, alors je peux vivre.

Alors je vis.Donc Nietzsche dit qu'il désire que sa vie revienne indéfiniment.

De cette manière, il offre à sa vie le plus grand «Oui » qu'il lui est possible de donner.

Même s'il tient à décourager et à amener au suicide tous ceux qui ne peuventaccepter l'éternel retour. Dans ses Réflexions sur la conduite de la vie, Alexis Carrel écrit que « la qualité de la vie est plus importante que lavie elle-même ».

Faut-il déjà supposer que qualité de vie il y a.

Car en supposant même que je possède toutes lesvertus, que je voues ma vie au bien et que je trouve le bonheur, comment peut-on dire que je vis bien ? Même sima vie venait à être aussi raisonnable que celle de Socrate, d'Epictète ou de Descartes, comment puis-je croire unseul instant que ma vie est meilleure que celle d'un de mes frères ? L'idée de qualité de vie implique celle de degrésd'existence.

Mais qui peut prendre la liberté de juger de la vie d'un homme ? Qui suis-je pour dire que Gandhi a euune meilleure vie que Hitler ? Nul homme a le pouvoir de se faire juge d'une quelconque existence.

Il en est de mêmepour sa propre existence car l'homme est toujours capable de se trouver des excuses et de se mentir à lui-même.Ainsi, aucun critère de qualité de vie ne peut et ne doit être prononcé par l'homme.

On ne peut juger la vie del'homme, l'homme lui-même ou encore ses actes.

Spinoza dira qu'il est l'anti « peut mieux faire » et que chacun faitce qu'i peut et uniquement ce qu'il peut.

Ainsi, l'homme est cet être qui traverse l'existence en faisant de son mieuxpour lui donner un sens et s'il se trompe, on ne peut l'en accabler.

En effet, moi qui me trompe, je n'ai pas à lui «jeter la première pierre ».

De plus, le fait est que l'étant est, que le vivant vit, que l'existant existe.

L'essence nevarie pas en fonction de l'existence: si le concept d'un objet possible est le même que celui de cet objet réel, alorsl'existence qui s'ajoute à l'objet pour le rendre réel n'est pas du domaine de l'essence: il est donc vain de vouloirdéduire l'existence de l'essence ou de la définir comme une essence.

Dans son traité Vie, Philippe Roth écrit : « Quenous soyons et que cela soit, inexplicable et évidence ».

L'existence ne se définit pas, ne se déduit pas, elle se vit !Ainsi, est-il vraiment légitime de chercher à apprendre à vivre ? N'est-ce pas une perte de temps dans la pleinepratique de la vie ?. »

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