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Vouloir, est-ce être libre ?

Publié le 14/12/2009

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Tout d'abord, l'Homme peut se qualifier de libre, par sa capacité à vouloir, parce qu'il exerce une certaine maîtrise que les animaux n'ont pas.

En effet, selon  René Descartes dans les Méditations métaphysiques, la volonté égale l'entendement —voire même, le surpasse— en tant qu'elle est une faculté fondamentale de l'âme. Elle est constitutive de l'Homme libre, puisqu'elle lui permet d'exercer un contrôle sur lui-même. Les animaux ne veulent pas, et sont soumis à leur instinct, leur besoin, leurs désirs. Au contraire, les Hommes, parce qu'ils veulent, s'affranchissent dès lors des actions que leurs besoins leur dicte. L'Homme qui veut, s'oppose ainsi à son état de spontanéité, il opère une résistance. C'est en ce sens qu'il est libre, parce qu'il ne se laisse pas contrôler par ses plus bruts désirs. De la même manière, vouloir c'est réfléchir à un but, aux moyens d'y parvenir, c'est, selon la stricte définition du dictionnaire, appliquer son énergie à obtenir quelque chose : i l y va donc d'une réflexion, d'une pensée. Or, penser détermine bien l'Homme libre, capable de peser le pour et le contre et de décider. Suivant une simple logique, on peut donc en conclure que l'Homme veut et est libre puisqu'il n'est pas comme les animaux assujetti à quelque instinct et a cette capacité de prendre une décision, de déterminer lui-même sa propre volonté.

« décision, c'est changer de raisons.

» On revient donc à l'évidence : « Je veux ceci parce que cela.

» qui restreint laliberté de l'Homme dans sa volonté à un concours de circonstances et soumet l'Homme à prendre sa décision àpartit de ce concours.

L'Homme dans un choix est donc conditionné : il s'oppose ainsi à la définition gidienne quientend, pour « libre », « inconditionné ». Ainsi y a-t-il une grande défaillance dans la liberté de celui qui veut.

En effet, l'Homme n'est pas totalement libre dès lors qu'on pose sur lui le problème du « non » : refus, incapacité, impossibilité, ignorance.

Dans l'essaiqu'elle produit sur la liberté, extrait de La crise de la culture , Hannah Arendt écrit : « Le pouvoir de commander une action n'est pas une affaire de liberté mais une question de force ou de faiblesse.

».

Et en effet, ma volonté peut seconfronter à une multitude d'obstacles qui n'auront de cesse de réduire ma liberté d'action.

On peut, par exemple,se lancer à corps perdu dans un projet, persuadé de son efficacité mais le voir se démanteler face à quelquescontraintes que l'on ignorait.

Je suis ainsi libre de vouloir ce projet et de tout mettre en œuvre pour y parvenir, maisje suis soumis à des conditions que entravent l'accomplissement de cette liberté.

On peut à cet égard penser à cetadage qui dit que « ma liberté s'arrête où commence celle d'autrui », il en va de même pour la volonté.

Descartesparlait dans ses Méditations métaphysiques de « volonté infinie » et « d'entendement fini » : et c'est peut-être cette distinction qui met à mal l'égalité homme qui veut-homme libre.

En effet, si l'on se penche de nouveau sur la définition que nous donne le dictionnaire, « libre » s'entend comme « qui a le pouvoir d'agir à sa guise ».

Or, notreentendement étant fini, autrement dit, l'Homme ayant un savoir limité, il ne peut prévoir touts les conséquences, lecours, de sa volonté.

Son ignorance l'empêche d'« agir à sa guise », d'être donc totalement libre. Ainsi, libre décision du sujet, le vouloir n'en est-il pas moins un acte sans bornes et indépendant. L'Homme s'affranchit certes pas cette capacité mais n'atteint pas pour autant un entendement aussi infini que celui,par exemple, de Dieu.

Il est contraint de se soumettre aux lois de l'imprévisible : sa liberté est donc limitée, voireannulée, lorsque le sujet est forcé d'abandonner une décision aux vues de circonstances d'impossibilité.

III - Quand vouloir n'est peut-être que croire à sa liberté Mais alors, d'où vient cette liberté qui nous paraît si évidente chez un Homme qui veut ? Puisque l'argument des modalités circonstancielles semble irrévocable, est-ce que le fait de dire « vouloir, c'est être libre »ne relèverait-il pas du leurre et, par conséquent, de la croyance ? Il est en effet aisé à l'Homme de penser dès lors que ce qu'il a voulu s'accomplit, il est le plus libre des hommes : libre parce qu'il a usé de cette faculté fondamentale et qu'il s'est affirmé en tant qu'être pensant etmaître ; libre parce qu'aucun obstacle n'est venu gêner son projet et que par conséquent, il ne s'est soumis à aucunimprévu.

Cependant, malgré toute cette assurance, il subsiste quelque chose que le processus de volonté ne peutatteindre : le temps.

Vouloir, ne plus vouloir, avoir voulu, le temps qui amortit toute chose, relativise tout acte,semble faire du vouloir un acte qui n'a rien de définitif.

L'Homme est prisonnier du temps, et feint d'ignorer cetteimpuissance tout au long de son entreprise.

En effet, « le seul fait d'avoir voulu, n'est-il pas déjà ineffaçable etirrévocable ? » questionne Jankélévitch dans Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien .

Nombre de choses non voulues y a-t-il dans le voulu ! Seulement, nous ne sommes pas libres de dévouloir.

Or, l'homme qui voit sa volonté accomplie se considère comme libre : ce qu'il n'a pas voulu, il l'ignore, il use de son pouvoir de « faire comme si » rien ne s'étaitpassé.

Jankélévitch parle encore de l'Homme comme d'un « demi-sorcier » qui est « libre de vouloir » mais « serf dufait d'avoir voulu.

» Cependant, jamais l'Homme ne se sentira prisonnier du « fait d'avoir voulu » et de ne pouvoir yremédier, étant donné qu'il croit à la réussite de sa volonté en tant que preuve de sa liberté.

Sa volonté accomplie,il est libre, il l'a été, et ignore qu'il ne le sera pas, puisqu'il ne peut changer le cours du temps.

L'Homme veut resterdans cette croyance du « parce que je veux, je suis libre » en évitant de prendre en compte le temps, source deregrets, de remords, et donc quelque part, d'assujettissement. Plus encore que le temps qui limite la liberté, c'est en fait la réflexion, la pensée de l'acte voulu qui nous fait tomber dans cette croyance.

Par opposition, le désir est irréfléchi, irraisonné : l'Homme est conscient de sa passionbien qu'il ne puisse s'en détacher.

Mais le fait que notre volition soit quelque chose de pensé, de raisonné ne nousaveuglerait-il pas ? En effet, tout Homme qui veut, va « appliquer son énergie à obtenir quelque chose » (cf.définition du dictionnaire) ; ainsi sentons-nous une sorte d'asservissement à la volonté mai son ne peut la comparerau désir puisqu'il s'agit d'un acte réfléchi et dont la fin est envisagée, prévue même.

Mais justement, est-ce quel'argument de la réflexion ne nous voile pas quelque assujettissement ? En ce sens, l'Homme qui met tout en œuvrepour parvenir à ce qu'il a toujours voulu, donc jouissant —paraissant jouir— de sa liberté ; s'il oublie tout ce quil'entoure devient, en quelque sorte, esclave de sa propre volonté, tout en continuant à croire qu'il est libre.

Lapensée du vouloir aveugle l'Homme, semblerait-il, qui continue à croire à sa liberté, et ce malgré les déficits qu'elleprésente. Ainsi, à l'image du « vouloir-vivre » que Schopenhauer explicite dans De la volonté dans la nature , l'Homme voulant, croit.

Le philosophe évoque un vouloir fondamental, commun à tous que représenteraient les volontésapparemment multiples.

Par exemple, le désir sexuel est une manifestation du vouloir-vivre : l'individu croit pouvoiret décider de lui-même mais il est en fait le phénomène d'un vouloir plus profond visant au maintien de l'espèce. »

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