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Vous paraît-il exact d'affirmer que « la volonté ne se conçoit guère sans l'effort » ?

Publié le 14/06/2009

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Introduction. — Nous apprécions la force du vouloir d'après sa capacité à fournir un effort important et à le soutenir. Les philosophes, il est vrai, ne font guère entrer l'effort dans leur définition de la volonté : pour eux, celle-ci consiste dans le pouvoir de se déterminer pour des raisons. Mais lorsqu'ils procèdent à l'analyse de l'activité volontaire dont nous avons l'expérience, à plus forte raison lorsque, se faisant moralistes, ils nous poussent à nous décider ou à tenir nos résolutions, ils font tout naturellement intervenir l'effort. De là vient qu'on a pu dire : « la volonté ne se conçoit guère sans effort ”. Mais cette affirmation est-elle bien exacte ? Il importe de le remarquer : il n'est pas dit absolument que la volonté ne se conçoit pas sans l'effort, qu'elle est inconcevable sans lui. L'adverbe « guère « qui affecte « conçoit « atténue sensiblement la portée de l'affirmation à laquelle on pourrait substituer les propositions suivantes : il est difficile de concevoir la volonté sans l'effort, ils sont rares ceux qui la conçoivent sans lui. Voilà le sens de l'affirmation que nous avons à apprécier. Cette précision donnée, la réponse sera relativement facile. I. — EN DROIT, LA VOLONTÉ SE CONÇOIT SANS L'EFFORT En définissant une notion, on ne se laisse évidemment pas arrêter par la difficulté qu'on éprouve généralement à la comprendre ; bien plus, on ne se préoccupe pas nécessairement de l'existence de la chose définie : les mathématiciens, par exemple, définissent des êtres mathématiques sans existence en dehors de la définition qui en est donnée. Par suite, la volition dont nous avons l'expérience serait-elle toujours accompagnée d'un certain effort, il n'en résulterait pas l'impossibilité de la définir et de la concevoir dans son essence propre.

« s'enracine en quelque sorte dans le vouloir-vivre animal ; comme le dit Paul Ricœur, « c'est l'élan même del'involontaire corporel qui meut notre vouloir.

» et ailleurs : « le vouloir ne meut que sous la condition d'être ému : ilfaut que le corps aille devant et que le vouloir le modère par après, selon la belle métaphore du cavalier et dela monture ».Mais, comme l'indique cette dernière remarque, le vouloir ne se confond pas avec les impulsions organiques.

Ilprésuppose après l'examen réfléchi et l'appréciation morale des objets qui attirent, un choix rationnel de ce qui estjugé convenable.

Pour rendre ce choix effectif il ne suffit pas de donner feu vert aux impulsions qui portent vers cequ'on a choisi, il faut dominer ses énergies et parvenir à une maîtrise de soi qui exige des efforts répétés etsoutenus. C.

Au plan psychologique nous devrons faire les mêmes remarques. Bien qu'elle se distingue du désir, la volonté a besoin du désir pour prendre consistance.

Si nous ne désirions rien, nous pourrions juger qu'une chose estraisonnable ou même qu'elle s'impose ; nous n'en resterions pas moins passifs : désir est cette espèce d'espritd'entreprise qui nous monte du corps au vouloir, et qui fait que le vouloir serait faiblement efficace s'il n'étaitaiguillonné par la pointe du désir ».Mais les désirs pullulent et les plus pressants ne sont pas ceux que la raison et la conscience approuvent.

Aussi n'ya-t-il pas d'activité vraiment volontaire sans effort pour réprimer le flot des désirs irrationnels. III.

— PRATIQUEMENT, LA VOLONTÉ SE CONÇOIT COMME LA CAPACITÉ DE FAIRE EFFORT A.

Sans doute, la nécessité de l'effort pour vouloir ce que l'on doit révèle l'imperfection de la volonté.

Comme nousl'avons dit, une volonté parfaite se porterait spontanément vers le bien : sa tendance au bien serait assez fortepour renverser les obstacles sans le secours de cet appoint complémentaire qu'est l'effort ; d'ailleurs, se portanttout entière au bien, elle n'aurait plus à lutter contre les passions qui constituent les obstacles les plus difficiles àsurmonter.

Nous n'avons l'expérience que de volontés imparfaites, mais nous les jugeons d'autant plus imparfaitesque, dans des conditions d'égale difficulté objective, l'individu doit faire plus d'efforts pour vouloir et pour agir. B.

Ainsi nous considérons comme doué d'une volonté forte celui qui est capable de grands efforts.

C'est encorenotre comportement devant les difficultés qui nous fait prendre conscience de notre force de caractère et del'énergie de notre vouloir : nous nous sentons forts quand nous venons de fournir l'effort nécessaire pour surmonterune puissante résistance à l'action jugée raisonnable et bonne.

Comment, sans l'expérience de ces effortsaboutissant à la fin visée, serions-nous assurés que nous faisons ce que nous avons effectivement voulu et non ceà quoi nous porte la spontanéité des impulsions naturelles ? Conclusion. — Avec les réserves faites, nous admettons donc qu'il est exact d'affirmer que la volonté ne se conçoit guère sans l'effort ».

C'est l'effort qui la développe, c'est lui encore qui la manifeste.

Sans doute, sondéveloppement même rend inutiles des efforts d'abord nécessaires.

Mais elle ne parviendra jamais, au cours de notrevie terrestre, à un niveau tel qu'elle n'ait plus besoin d'être soutenue par l'effort.

L'effort est une composanteessentielle de notre activité volontaire.. »

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