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Vous parait-il possible qu'une oeuvre ne représente rien ?

Publié le 05/01/2006

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Dans cette logique, l'image contribue à l'élaboration d'un langage indépendant, avant tout libéré des contraintes imitatives. C'est alors, pouvait affirmer Malévitch, que la toile devient pour l'artiste, comme pour le spectateur, « l'endroit où son intuition crée le monde ». L'espace de la toile n'est donc plus qu'un point de départ, le lieu de la projection d'un nouvel ordre purement pictural que suggère l'organisation des lignes, des formes et des couleurs. En ce sens, le tableau se tient à la limite de sa possible disparition, lorsque son rôle sera devenu obsolète. D'un côté, il demeure un nécessaire support visuel, une incitation dynamique pour le regard qui s'y attache. De l'autre, il n'est qu'une « surface créatrice », pour reprendre les termes du peintre : une impulsion à partir de laquelle la réalité émanera, désormais, de ce mouvement de genèse perpétuelle, de cette « intuition » permanente que fonde l'élan suprématiste. il y a adéquation totale entre « image » et champ, et donc suppression de l'opposition figure/fond sur laquelle se fonde l'esthétique occidentale depuis la Grèce antique. Du même coup, toute idée de composition traditionnelle est abolie : la figure est donnée en même temps que sa surface d'inscription, elle en est comme le produit logique, et, par voie de conséquence, toute illusion est abolie, la surface du tableau ne se creuse pas optiquement parce que l'oeil du spectateur est constamment rappelé à la surface par la simple déclaration de cette surface que constitue le carré noir inscrit dans le carré blanc.   4) La figuration et la reproduction du réel comme essence de la peinture ?      Depuis le retour à la figuration de Jean Hélion, dans les années 1930, de nombreux artistes ont imposé l'idée d'une totale liberté face au clivage entre art abstrait et art figuratif.

 C’est revenir par cette question à ce qu’on entend par rien. Le rien, le néant n’est-ce pas finalement comme le pense Bergson à une attente déçu, à une absence qui arrive contre une présence attendue ? On attendrait donc que l’œuvre d’art représente quelque chose, au sens pas seulement qu’une œuvre imite quelque chose de réel mais montre un dessin, des couleurs, qu’elle représente une idée. Cette question prend un sens différent à l’heure abstrait. L’évolution de l’art tend à effacer toute représentation à l’instar du suprématisme de Malévitch, mais n’est-ce pas là la fin de l’art ou est-ce plutôt une expérience extrême qui irait à l’encontre de la nature même de l’art ?

« 2) L'abstraction ne représente-t-elle rien ? Donnons une définition de la peinture abstraite : La peinture abstraite est celle qui ne représente pas les apparences visibles du monde extérieur, et qui n'est déterminée, ni dans ses fins, ni dans ses moyens, ni dans sonesprit, par cette représentation.

Ce qui caractérise donc, au départ, la peinture abstraite, c'est l'absence de lacaractéristique fondamentale de la peinture figurative, l'absence de rapport de transposition, à un degréquelconque, entre les apparences visibles du monde extérieur et l'expression picturale . Désormais le travail du peintre concerne la nature de la peinture : celle-ci est tout ensemble la forme et le contenu des tableaux.

Ils netirent plus leur sens que de la peinture, de son support, de l'histoire de son procès d'application.

Il s'agit de peindrela peinture.

Conscient d'un danger potentiel d'appauvrissement de son art, Kandinsky publie en 1912 un ouvrage autitre à cet égard significatif : Du spirituel dans l'art, et dans la peinture en particulier veut éveiller la capacité à « vivre le Spirituel dans les choses matérielles et abstraites ».

Afin d'éloigner le spectre d'une dégradation de lapeinture en simple objet ornemental, l'artiste projette de fixer dans la forme un contenu spirituel et émotionnel.

Lacouleur joue ici un rôle décisif.

Kandinsky l'étudie en détail, et il consacre un chapitre à son action : « En règlegénérale, la couleur est donc un moyen d'exercer une influence directe sur l'âme.

La couleur est la touche.

L'œil estle marteau.

L'âme est le piano aux cordes nombreuses.

L'artiste est la main qui, par l'usage convenable de telle outelle touche, met l'âme humaine en vibration.

Il est donc clair que l'harmonie des couleurs doit reposer uniquementsur le principe de l'entrée en contact efficace avec l'âme humaine.

Cette base sera définie comme le principe de lanécessité intérieure.

» Aussi ne pas représenter le réel ne veut pas dire ne rien représenté mais représenter uneidée.

Le but de l'artiste n'est pas d'imiter la nature, ce but serait inutile et vain.

3) le dépassement de la peinture par le suprématisme.

Pour Malévitch, est « un phénomène purement pictural...

» ( Des nouveaux systèmes dans l'art , 1919).

Dans cette logique, l'image contribue à l'élaboration d'un langage indépendant, avant tout libéré des contraintes imitatives.C'est alors, pouvait affirmer Malévitch, que la toile devient pour l'artiste, comme pour le spectateur, « l'endroit oùson intuition crée le monde ».

L'espace de la toile n'est donc plus qu'un point de départ, le lieu de la projection d'unnouvel ordre purement pictural que suggère l'organisation des lignes, des formes et des couleurs.

En ce sens, letableau se tient à la limite de sa possible disparition, lorsque son rôle sera devenu obsolète.

D'un côté, il demeure unnécessaire support visuel, une incitation dynamique pour le regard qui s'y attache.

De l'autre, il n'est qu'une« surface créatrice », pour reprendre les termes du peintre : une impulsion à partir de laquelle la réalité émanera,désormais, de ce mouvement de genèse perpétuelle, de cette « intuition » permanente que fonde l'élansuprématiste.

il y a adéquation totale entre « image » et champ, et donc suppression de l'opposition figure/fond surlaquelle se fonde l'esthétique occidentale depuis la Grèce antique.

Du même coup, toute idée de compositiontraditionnelle est abolie : la figure est donnée en même temps que sa surface d'inscription, elle en est comme leproduit logique, et, par voie de conséquence, toute illusion est abolie, la surface du tableau ne se creuse pasoptiquement parce que l'œil du spectateur est constamment rappelé à la surface par la simple déclaration de cettesurface que constitue le carré noir inscrit dans le carré blanc.

4) La figuration et la reproduction du réel comme essence de la peinture ? Depuis le retour à la figuration de Jean Hélion, dans les années 1930, de nombreux artistes ont imposé l'idée d'unetotale liberté face au clivage entre art abstrait et art figuratif.

Willem de Kooning refuse de se laisser enfermer dansquelque carcan que ce soit : « Le style est une supercherie.

J'ai toujours pensé que les Grecs se cachaient derrièreleurs colonnes.

» Il n'admet aucune restriction, et il peint sur fond de désespoir conjuré et de dérision assumée :« D'une certaine façon, tremper son pinceau dans la peinture pour peindre le nez de quelqu'un, c'est assez ridicule,d'un point de vue théorique aussi bien que philosophique.

C'est vraiment absurde aujourd'hui de vouloir reproduireune image, comme l'image de l'homme, avec de la peinture, puisqu'on a le choix de le faire ou ne pas le faire.

Mais,tout à coup, il m'est apparu que c'était encore plus absurde de ne pas le faire.

Alors je crains de devoir obéir à mesdésirs.

» Aujourd'hui, il n'est pas rare de voir des artistes créer une œuvre protéiforme, qui ignore les barrières entre abstraction et figuration.

Gerhard Richter, le plus fameux d'entre eux, estime que l'on « peut tout peindre », et il nes'en prive pas.

Conclusion.

Il est possible que l'art ne représente rien au sens de représenter quoi que ce soit au sens du suprématisme deMalévitch, mais est-ce là encore de l'art ? L'art n'est rien obligé de représenter des choses du monde, d'imiter lanature, il peut représenter des idées, l'intelligible mais il doit pour cela recourir au sensible, à la matérialitéautrement dit en passant par la couleur, le dessin , la terre et d'autres matériaux.. »

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