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Y a-t-il contradiction entre le désir et le réel ?

Publié le 22/02/2012

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On peut définir le désir comme le souhait de posséder ou de voir se réaliser quelque chose. Ainsi dit, le désir est fondamentalement un sentiment de manque entraînant logiquement un état d'insatisfaction, tant qu'il n'est pas comblé. Le réel renvoie quant à lui à tout ce qui est, c'est-à-dire à l'ensemble des objets dont l'existence est objective et constatable par tout un chacun. En ce sens, le réel s'oppose à l'imaginaire, conçu exclusivement par l'esprit. La relation au réel pose un problème tout particulier dans le cas du désir, dans la mesure où ce sentiment est indissociable de l'imagination. En effet, tout désir exprime tantôt un écart minimal, tantôt un écart maximal avec la réalité quotidienne et concrète. Peut-on alors parler à juste titre de contradiction ? Autrement dit, l'existence et l'épanouissement du désir doit-elle impérativement se faire hors du réel ? Cependant, le désir ne constitue-t- il pas en outre une composante essentielle de notre réalité ? N'est-ce pas lui qui lui donne toute sa valeur ?

« La conception freudienne du refoulement suggère toute l'énergie que le désir peut mettre au service du réel.

Ledésir trouverait-il alors sa place dans le réel comme simple adjuvant ? Ne serait-ce pas oublier la nature anarchistedu désir « qui n'en fait qu'à sa tête » ?N'oublions pas que le désir est étroitement lié au réel, ne serait-ce parce qu'il y trouve toujours naissance.

En effet,l'on doit pouvoir se représenter l'objet de notre désir pour le désirer, car seule cette représentation est à même dejustifier la raison de notre attraction envers l'objet.

A titre d'exemple, je souhaite posséder la même voiture que mesvoisins précisément car je sais qu'elle existe et elle m'est alors désirable.

Tandis que si mes voisins n'en possèdentpas, comment pourrais-je la désirer ? De même, Platon envie le monde des Idées car il a vécu l'insatisfaction dumonde sensible.

Puisque le désir reste profondément attaché au réel, même si celui-ci nous déçoit, quel rapport,autrement que contradictoire, ces deux réalités peuvent-elles entretenir entre-elles ?Spinoza soutient que l'objet n'est pas préexistant au désir mais bien le désir qui le conçoit.

De plus, la valeur deschoses n'existe pas « en soi » mais c'est bien le désir qui donne sa valeur aux choses réelles.

Autrement dit, c'estparce que ces choses sont désirées qu'elles sont jugées bonnes, non l'inverse.

Le désir est alors un formidable outilcréateur.

Même lorsqu'il m'est impossible à l'assouvir, il me stimule et me pousse à mettre en ½uvre techniques etprocédés pour le rendre réalisable.

Prenons l'exemple de l'astronaute Neil Armstrong.

Celui n'a pas abandonné sondésir de marcher sur la lune quand bien même on l'est dissuadé sur la vanité de ce désir.

Il n'a pas non plusabandonné le réel pour vivre son désir dans son imaginaire, mais l'a travaillé pour rendre possible ou autrement dit,pour « réaliser » son désir.

Le désir est donc bien créateur du réel, et c'est lui qui peut lui assurer son expansion.

Eneffet, si le désir porte sur un objet absent, ne met-il pas en ½uvre l'imagination pour transcender la réalité ? Le désir semble a priori ne pouvoir être assouvi dans la réalité.

Cela est vrai si l'on veut du réel qu'il se soumetteimmédiatement à nos désirs.

Si certains propose de s'en désolidariser pour vivre au mieux ses désirs, le désir y prendpourtant naissance et y retourne continuellement, car le réel lui donne espoir.

L'espoir fait vivre, le désir aussi.

Deplus, le désir permet de créer une nouvelle réalité, il est vecteur d'utopie puisqu'il met en action les hommes, lespousses à agir en vue de leur bonheur.

Sans désir, le réel est alors impensable.

Sans réel, le désir n'est plusdésirable.

Toutefois, si la recherche du plaisir ne peut être absolue dans le réel, il ne doit pas s'en satisfaire.

Le désirmotive l'homme à agir, à se dépasser.

Si la nature du désir semble par essence ne pas se satisfaire de la réalité,c'est toutefois là et là seul qu'il peut être travaillé.

Car comme le fait remarquer Nietzsche, « on en vient à aimerson désir et non plus l'objet de son désir ».

En définitive, la réflexion sur le désir est réflexion sur la profondeambiguïté de l'homme en son essence. \Sujet désiré en échange :Est- il possible d\'avoir une bonne conscience ?. »

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