Devoir de Philosophie

Y a-t-il un âge pour philosopher ?

Publié le 17/01/2022

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La philosophie est une discipline ou un art qui procure la santé de l'âme. Jeune ou vieux, on a toujours intérêt à la pratiquer. Procurant la santé de l'âme, elle procure le bonheur, et il n'est jamais trop tôt ou trop tard pour y avoir droit. L'homme âgé méditera sur le temps passé et les biens qui lui ont été accordés. L'homme jeune apprendra le courage et l'intrépidité face à l'avenir. La philosophie enseigne un bonheur qui ne se trouve pas dans les jouissances de la vie matérielle ou la consommation effrénée des biens. Elle éveille la raison, qui permet de bien juger et de choisir entre ce qu'il convient de poursuivre et ce qu'il faut préférer abandonner. Rejetant les vaines opinions, elle guérit les troubles de l'âme. Appréciant et mesurant les justes valeurs de la vie, elle permet d'accéder à la sagesse. L'homme sage est celui qui se tient dans une juste appréciation des dieux : êtres immortels et bienveillants, ils ne sont pas à craindre car ils ne se soucient pas de nos bas sentiments humains; il ne redoute pas la mort, car il sait que la vie n'est pas désirable au point de la vouloir éternelle et que sa durée limitée nous incite à en profiter autant qu'il est raisonnablement possible. La sagesse que vise le philosophe saisit le sens de la vie : un mal extrême ne dure pas longtemps et ne cause que des peines légères, tandis que le souverain bien est à la portée de tous. Guérissant ainsi tous les troubles de l'âme, la philosophie nous permet de vivre comme des dieux parmi les hommes. Si la crainte est ce qui s'oppose en tout premier lieu à la vie philosophique, il ne faudra pas pour s'en délivrer, se mettre en quête d'opinions vaines ou de théories sans raisons, mais d'une doctrine qui engendre l'absence de trouble (ataraxie) : "car il n'y a rien dans la vie de redoutable pour celui qui a compris correctement qu'il n'y a rien de redoutable dans le fait de ne pas vivre".

« est l'association de sophia qui signifie la sagesse et philo qui désigne l'amour ou l'amitié.

Le philosophe est donc celui qui aime la sagesse et qui tend vers elle.

Or, la sagesse n'est -elle pas l'apanage de l'âge avancé? Ne faut-il paspour être sage avoir vécu de nombreuses expériences et en avoir retiré des leçons ? Pourtant, la philosophie n'estpas la sagesse, elle est le chemin pour aller vers elle, pour devenir raisonnable.

Elle semble plutôt alors du côté de lajeunesse qui a besoin de former son esprit ? Inversement, si la philosophie n'est qu'un jeu de l'esprit, il faudraitl'abandonner, une fois entré dans la vie active, pour se tourner vers des choses sérieuses, telles la politique, letravail ou l'argent.

Pourtant, philosopher n'est-ce pas apprendre à s'occuper de soi, à réfléchir sur le monde ? N'est-ce pas par suite une occupation pour tous ? Philosopher, c'est s'étonner et essayer de se former Nous pouvons trouver plusieurs raisons pour circonscrire l'activité philosophique à la formation de l'enfant, raisonsqui peuvent s'appuyer sur des définitions différentes de la philosophie.

Celles-ci se sont en effet succédées et sontparfois en contradiction. - A son origine, la philosophie se pose comme possibilité de combattre les opinions et de s'élever vers la vérité.Même si l'opinion est liée au peuple, au plus grand nombre, elle caractérise spécifiquement les enfants etadolescents.

Ceux-ci, en effet, n'ont pas encore une raison suffisamment développée pour créer leur propre visiondu monde.

Ils évoluent dans le monde avec les croyances et les règles de leurs parents.

Kant affirme, dans le Traité de pédagogie, en parlant de l'enfant qu'il ne peut faire son propre plan de conduite « C omme il n'en est pas immédiatement capable, et qu'il arrive dans le monde à l'état sauvage, il a besoin du secours des autres ».

La jeunesse se caractérise donc par son incapacité à penser seule et par les erreurs de son esprit.

Hegel affirme avecdes mots durs que " la représentation originelle, propre, que la jeunesse a des objets essentiels, est, pour une part,encore tout à fait indigente et vide, et, pour une autre part, en son infiniment plus grande partie, elle n'estqu'opinion, illusion, demi-pensée, pensée boiteuse et indéterminée.

" La philosophie, dès lors, est particulièrementindiquée pour les jeunes pour les apprendre à ne pas prendre les propos des autres comme des vérités mais àréfléchir avant de croire. - De plus, les philosophes de l'antiquité ont vu à la base du philosopher, une attitude à s'étonner.

Pour réfléchir surle monde, il faut d'abord que quelque chose m'étonne et pousse mon esprit au travail.

Aristote, dans Métaphysique , affirme ce fait : « C'est, en effet, l'étonnement (to thaumazein ) qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques.

» Platon pense de même, dans le Théète, : « Le sentiment philosophique : s'étonner.

C'est l'origine même de la philosophie.

» Mais, si tous les hommes peuvent s'étonner, il faut admettreque l'enfant, en découvrant le monde pour la première fois, s'étonne plus que les adultes.

L'enfant serait plus àmême de se poser des questions sur le monde. - Ce qui nous amène à notre dernier point.

L'enfant s'étonne, parce qu'il n'a aussi aucune responsabilité dans lemonde.

L'univers enfantin est fait de jeu et aucune réelle contrainte ne pèse sur lui.

Il a donc le temps dephilosopher.

La philosophie apparaît souvent comme un jeu de questions, sans utilité, complètement extérieur à lavie et aux préoccupations sociales.

Karl Marx s'oppose ainsi à la philosophie qui ne fait que contempler le mondesans agir : “Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières; il s'agit de le transformer." (Thèse sur Feuerbach ) Pratiquer la philosophie n'a de charme que si l'on s'y livre avec modération dans la jeunesse; poursuivie au-delà, elledevient une calamité, faisant du philosophe un étranger à toutes les choses qu'il faut connaître afin de devenir bienélevé et socialement considéré.

Calliclès, personnage que Platon a repris dans ses dialogues, soutient cette thèse.A l'âge mûr, un philosophe se remarque par son ignorance des lois de la Cité; peu doué pour traiter des affairespubliques et privées, sa connaissance de l'homme "tel qu'il est", sujet aux passions et en quête des plaisirs et desdivertissements, est quasiment nulle.

Sans ambition, ne visant aucune "publicité", il porte à rire par sa gaucherie etsa maladresse en public. Philosopher, cela demande une certaine maturité - Pourtant, la philosophie n'est pas seulement le fait de pousser une réflexion, les autres disciplines peuvent aussiréfléchir.

Deleuze dénonce cette assimilation de la philosophie à la réflexion dans son texte « Qu'est-ce que laphilosophie » : la philosophie « n'est pas réflexion, parce que personne n'a besoin de philosophie pour réfléchir sur quoi que ce soit on croit donner beaucoup à la philosophie en en faisant l'art de la réflexion, mais on lui retire tout »Alors qu'est la philosophie ? Continuons dans l'optique deleuzienne.

Le philosophe limite sa discipline à la création deconcepts : « la philosophie est l'art de former, d'inventer, de fabriquer des concepts ».

Il faut de fait reconnaître que cette dernière tâche est malaisée pour l'enfant, qui ne comprend même pas ce que peut être un concept.

Demême, il est illusoire de croire que le jeune homme est énormément capable de créativité.

Nietzsche suspend lapossibilité de création à une maturation des idées et reconnaît ainsi que la jeunesse est souvent improductive.

Lacréation demande un entraînement et un travail selon l'auteur que le jeune n'a pas. - Nous pouvons définir la philosophie dans son histoire et la création en philosophie demanderait alors uneconnaissance des philosophes et des différentes doctrines.

« La philosophie doit nécessairement être enseignée etapprise, aussi bien que toute autre science.

Le malheureux prurit qui incite à éduquer en vue de l'acte de penser parsoi-même et de produire en propre, a rejeté dans l'ombre cette vérité.

» C'est la connaissance parfaite de l'histoirequi nous permet de nous diriger vers l'idée.

Or, la jeunesse ne peut avoir lu autant de livres que les plus vieuxphilosophes.. »

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