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Y a t-il un commencement du temps ?

Publié le 05/01/2006

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  • Le problème est double (problématique) : est-il possible de traiter le temps comme une chose, de lui attribuer un commencement, alors que tout commencement suppose un cadre temporel préalable ? Le temps est-il fini ou infini ? Le problème est à la fois logique (absurdité d'un commencement du temps), métaphysique (peut-on penser quelque chose existant hors du temps?), et épistémologique (notre connaissance peut-elle atteindre l'origine du temps ?).
  • Dans un premier temps, nous défendrons l'idée qu'un commencement du temps est absurde, et que le temps doit être infini. Nous envisagerons, dans un deuxième temps, la difficulté à soutenir l'infinité du temps sans la lier à un univers infini, ou à affirmer un temps absolu existant avant et après un monde fini. Enfin, nous avancerons que cette question métaphysique ne peut recevoir de réponse rationnelle, et conduit à adopter un doute sceptique {plan ternaire).
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« serait réellement illimité.

Mais alors, le présent ne serait jamais advenu, puisque, comme on dit, le passé «n'enfinirait pas».

Donc il est nécessaire que le monde ait un commencement pour que le présent, où je vis en effet,puisse exister. b) Antithèse : le monde n'a pas de commencementEn effet, dit Kant, admettre un commencement ne peut interdire de demander ce qu'il y avait auparavant.

Si l'on ditqu'il n'y avait rien, seulement un temps vide, on ne comprend pas comment, dans un tel vide, quelque chose a puapparaître.

Poser un commencement est contradictoire, rien ne peut sortir de rien. c) Analyse de la contradiction• Thèse et antithèse sont comme renvoyées dos à dos.

La raison est incapable de construire une solution quipermette de surmonter la contradiction, dès lors qu'elle pense le temps comme un absolu.

Il faudrait renoncer àposer ainsi le problème, pour ne pas tomber dans des difficultés insolubles ; mais notre raison est ainsi faite qu'ellerevient toujours vers ces «illusions naturelles et inévitables».

La spéculation métaphysique entraîne hors de l'île de laconnaissance, notre raison ne peut se contenter des vérités partielles que définit l'expérience de type scientifique.• Bien poser le problème du temps, selon Kant, c'est comprendre qu'il est une forme a priori de notre sensibilité : ceà travers quoi et nécessairement nous percevons le réel comme un ensemble de faits simultanés ou successifs.

Letemps est notre manière d'entrer en relation avec le monde ; il n'est pas hors de nous, il fait partie de la structuremême de notre esprit.

Thèse et antithèse oublient ce point et, faisant du temps un absolu, sont l'une et l'autre desidées illusoires. 3 le temps ou le monde ? a) TransitionOn peut remarquer que Kant analyse la question du commencement du temps à travers celle du commencement dumonde dans le temps.

V.

Jankélévitch propose une interprétation de ce lien entre les deux commencements.b) Le commencement du temps est-il celui du monde ?« Nul ne peut concevoir la fin ou le commencement du temps, et celui qui croit le concevoir, et s'obstine dans cettecroyance, parle en réalité de la fin ou du commencement du monde et en revient toujours à la cosmogonie (...).Même si le dernier corps céleste venait à disparaître dans (une) conflagration universelle, le temps continuerait àcouler (...); la temporalité du temps survivrait à l'anéantissement de tous les calendriers et de toutes les horlogesde l'univers» (Jankélévitch, Quelque part dans l'inachevé, Gallimard 1978, p.

29-30).

Ne pourrait-on penser, alors,qu'il en est de même pour le commencement du temps ? Que ce dernier précède l'apparition de notre être, de notremonde, de notre galaxie, de l'univers tout entier?c) Le «big bang»Les astrophysiciens font aujourd'hui l'hypothèse d'une origine de l'univers, d'une sorte d'explosion initiale dontsortirait l'ensemble des galaxies, dans un monde en expansion peut-être indéfinie.

Cette explosion originaire pourraitêtre datée avec précision.

Certains de ses effets sont observables.

On est encore conduit à se demander si letemps est, ou non, contemporain du monde.

On ne voit pas clairement que la réponse s'impose : cette thèse,comme par ailleurs l'approche de Jankélévitch, permettent-elles vraiment de faire l'économie de la discussionkantienne du problème ? Qu'elles s'efforcent ou non de critiquer la problématique de Kant, les théoriescontemporaines semblent rencontrer des difficultés analogues à celles qu'il a tenté de penser.

On peut donc direqu'il n'est pas sans intérêt de confronter ces théories à la philosophie de Kant. conclusion • Dans les sociétés traditionnelles, le commencement du temps n'est pas conçu comme le point de départ d'untemps linéaire, définitivement irréversible : selon Mircéa Eliade, les fêtes religieuses sont l'occasion de redevenircontemporains de l'originaire, de «collaborer à la création du Cosmos» (Le Sacré et le Profane, Coll.

Idées, p.

80).• On peut se demander si cette façon de penser le commencement n'est pas encore présente dans notre culture,bien qu'elle ait posé différemment la question dans la tradition judéo-chrétienne dont nous avons parlé.Commémorations et mesures sociales du temps, qui insistent sur l'indéfini recommencement plutôt que sur lepassage, ne pourraient-elles être comprises comme une façon de ne pas rencontrer l'angoisse que peut susciterl'irréversibilité du temps, irréversibilité «qui fait de chaque événement une première-dernière fois, la première étantaussi la dernière » (Jankélévitch, ibid.

p.

32).. »

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