Y a-t-il un critère de liberté ?
Publié le 05/04/2005
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Cette notion « qui a fait tout les métiers «, selon l’expression de P. Valéry, se retrouve donc dans toute réflexion et caractérise toujours chez l’homme qui l’évoque une forte charge affective. La pensée de la liberté vient le plus souvent du manque de liberté. C’est souvent sous la contrainte, dans la servitude, dans la privation, que vient à la conscience cette idée. Ainsi l’homme libre se trouve être autant l’individu en tant qu’il pense, que l’individu en tant qu’il agit en rapport avec autrui. On doit ainsi tenter d’éclairer cette notion à la lumière des domaines qui tiennent compte d’elle, et particulièrement les domaines social et individuel. C’est ce cri du cœur, ce désir de liberté, qu’il y a à déceler au travers de ces domaines, et la manière dont l’homme l’exprime. Peut-on ainsi parler de la liberté comme d’une norme unique et absolue, ou simplement la considérer comme relative par rapport aux diverses figures qu’elle offre ?
«
infinie.
Le sujet expérimente en lui le libre-arbitre, le pouvoir de faire ou de ne pas faire, sans qu'il ressente decontrainte extérieure qui l'en empêcherait (cf.
Méditations métaphysiques , IV). b.
L'homme a une conscience morale, or la morale n'a de sens que s'il y a la liberté.
Selon Sartre , parce qu'on est des consciences (des « cogito »), on est toujours responsables.
En effet,l'homme juge généralement qu'il est responsable que lorsqu'il agitconsciemment et librement.
C'est pourquoi on tend à penser qu'un hommeaveuglé par ses passions ne serait pas responsable, alors que pour Sartre ill'est : « nous sommes seuls, sans excuses » ( L'existentialisme est un humanisme ).
L'homme, une fois jeté dans le monde, est responsable de tout ce qu'il fait, ainsi, « l'homme est condamné à être libre ».
L'homme estresponsable de ses passions, de ce qui l'affecte.
c.
L'affirmation de la liberté humaine apparaît en contradiction avec le déterminisme général de l'univers, du mécanisme universel que postulait laphysique classique.
Ainsi Kant distingue, dans la Critique de la raison pure , le monde phénoménal et le monde nouménal.
Le premier est le monde tel qu'ilapparaît sous les formes de l'espace et du temps.
Ce monde est soumis audéterminisme, mais il n'est pas le réel en soi.
Le monde réel en soi, ounouménal, reste inconnu.
C'est dans ce monde que la liberté est possible.Ainsi, dans la Critique de la raison pratique , Kant montre que la loi morale, le devoir, contraint à croire à la liberté : « Le concept de liberté se fonde sur unfait : l'impératif catégorique » ( Opus postumum ).
Cet impératif vaut universellement et s'exprime ainsi : « agis de telle sorte que la maxime de tonaction ait une valeur universelle ».
d.
Les sciences humaines ont largement réduit la liberté en l'homme.
Avec la sociologie on s'aperçoit que l'individu est déterminé par des processus sociaux, par des rapports préétablis (cf.
Bourdieu ).
Aussi la psychanalyse montre que le sujet conscient est régi par les mécanismes de son inconscient : je crois que je veux alors que « ça » (l'inconscient) veut en moi (cf.Freud ).
La liberté n'a en ce sens aucun appui sûr, et l'homme n'est jamais certain des raisons qui le poussent à agir, à vouloir.
La liberté ne peut alors surgir que lorsque le sujet conscient réfléchit sur ses déterminations, et apprend àle connaître.
Conclusion On voit que la liberté est une notion qui se construit depuis l'Antiquité.
En effet, selon les formes diverses qui lacaractérisent, il est difficile d'y voir derrière un critère absolu.
La liberté s'est vue autant être le jouet des tyrans,que la possibilité pour le peuple de vivre par l'intermédiaire de la sécurité des lois.
La liberté se gagne et se perd, telest sa présentation depuis que les hommes vivent en société, et depuis que les sciences ont fait émerger denombreuses déterminations derrière les volontés individuelles.
Ainsi la liberté est un mouvement perpétuel qui ne doitpas se figer.
Tocqueville montrait que dans la démocratie, où le peuple semble se suffire à lui-même au travers de sa liberté (droits, lois etc.), se produit paradoxalement un assujettissement de tous.
Le conformisme est une formede servitude volontaire non réfléchie, d'où la nécessité pour chacun de penser sa condition et d' exploiter sa particularité, manière d'exprimer la liberté..
»
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