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Y a-t-il une mémoire des sentiments?

Publié le 10/02/2016

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Ces considérations peuvent être renforcées par une raison plus générale, qui tient à la conception que W. James se fait de la vie psychologique, c’est que la conscience ne repasse jamais par les mêmes états ; ce qui reparaît deux fois, c’est le même objet, mais le même objet ne nous donne jamais la même sensation. Notre sensibilité et notre cerveau d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que notre sensibilité ou que notre cerveau d’autrefois.

« 92 DISSERTATIQ~:; PHILOSOl'HlQUES peut n'avoir qu'un sou v eu ir intellectuel d'une émotiou passée, un de ses correspondants qui avait failli être enveloppé su1· un rocher par la marée, revoit bien, en songeant au danger qu'il a couru, les flots qui montent et qui l'assaillent, sa course désordonnée vers la falaise où il se trouve en sûreU·, mais l'émotion comme telle ne revient pas.

Ce n'est là que de la mémoire intellectuelle.

2° Le souvenir d'une émotion peut être une émotion con­ traire : le souvenir d'une douleur est parfois agréable; le souvenir d'un plaisir est souvent douloureux.

Le vieillard, par exemple, songe avec mélancolie aux joies de sa jeunesse.

3° Le souvenir d'une émotion peut être une émotion de même nature; mais ce n'est pas l'émotion ancienne qui renaît; c'est une émotion nouvelle suscitée par une image représentative.

Ces considérations peuvent être renforcées par une raison plus générale, qui tient à la conception que W.

James se fait de la vie psychologique, c'est que la conscience ne repasse jamais par les mêmes états; ce qui reparaît deux fois, c'est le même objet, mais le même objet ne nous donne jamais la même sensation.

Notre sensibilité et notre cerveau d'aujour­ d'hui ne sont plus les mêmes que notre sensibilité ou que notre cerveau d'autrefois.

Que faut-il penser de ces deux thèses? Mémoire affective fausse.

Ce qu'il y a de vrai dans la thèse de \V.

James c'est que la mémoire affective vraie est assez rare.

Ribot lui-même le reconnaît à la fin de son enquête.

« Les plus nombreux, dit-il, ne se rappellent que les conditions, circonstances et accessoires de l'émotion; ils n'ont qu'une mémoire intellec­ tuelle >>.

C'est ce que Ribot appelle encore une mémoire affective fausse ou abstraite.

Mémoire affective vraie.

Tandis que le souvenir affectif abstrait n'est qu'un simulacre, qu'un substitut de l'événement réel, le souvenir afl'ectif vrai ou concret consiste, dit Ribot, dans la réviviscence de l'état affectif lui-même, comme tel, c'est-à-dire ressenti.

Ce n'est pas une mémoire très répandue.

Mais au lieu que pour Ribot, c'est l'émotion ancienne qui renaît, d'après W.

James c'est. »

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