Y a-t-il une servitude volontaire ?
Publié le 26/01/2005
Extrait du document
«
voir avec Rousseau .
Dans la 8ème lettre écrite sur la Montagne , en effet, on peut voir que la liberté consiste moins à faire selon sa volonté qu'à n'être pas soumis à celle d'autrui ; elle consisteencore à ne pas soumettre la volonté d'autrui à la nôtre.
Une volontévraiment libre est celle à laquelle nul n'a droit d'opposer de la résistance ;dans la liberté commune nul n'a droit de faire ce que la liberté d'un autre luiinterdit, et la vraie liberté n'est jamais destructive d'elle-même elle n'est doncpas un servage.
Ainsi la liberté sans la justice est une véritable contradiction.Il n'y donc pas de liberté sans lois, ni où quelqu'un est au dessus des lois,mais pas non plus d'obéissance aveugle à la loi : dans l'état même de naturel'homme n'est libre qu'à la faveur de la loi naturelle (amour de soi et pitié) quicommande à tous.
En ce sens, un peuple est libre, quelque forme qu'ait songouvernement quand dans celui qui le gouverne il ne voit point l'homme, maisl'organe de la loi.
En un mot, la liberté suit toujours le sort des lois, elle règneou périt avec elles.
La liberté ne peut souffrir la servitude.c) Ce principe est effectivement directement issue de la formule du Contrat social qui au chapitre VI s'énonçait de la manière suivante : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute da puissance sous la suprêmedirection de la volonté générale (pas somme des volontés particulières) ; etnous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout.
»Autrement dit, par le jeu démocratique, l'obéissance est liberté dans lamesure où la loi est un effet de la volonté générale à laquelle j'ai adhéré parle contrat.
On obéit volontairement mais il ne s'agit pas d'une servitude.
Nepas obéir à la loi ce serait remettre en cause le fondement de la sociétécivile, donc mettre en péril ma propre liberté.
Et c'est pourquoi Rousseau en vient radicalement à dire au chapitre VII que « quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifieautre chose sinon qu'on le forcera d'être libre.
» Dès lors, comme on le retrouvera explicitement au chapitre VIII, ilne peut y avoir incohérence entre la liberté et l'obéissance dans la mesure où « l'obéissance à la loi qu'on s'estprescrite est liberté ».
Et cette liberté peut s'étendre aussi à la morale dans la mesure où celle-ci implique de mêmel'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite.
Transition : Ainsi, il n'y a incohérence à parler d'une servitude volontaire puisque l'obéissance dans la forme du pacte socialprend la forme de la liberté.
Pourtant, s'il n'y a incohérence, cela n'implique pas pour autant qu'il y n'ait paspossibilité de penser une servitude volontaire voire de la saisir à travers l'histoire.
En effet, même en démocratie,l'obéissance à la loi semble inconditionnelle au risque sinon de subir des sanctions que notre désobéissance soitlégitime ou pas ; on pourrait penser alors que l'obéissance à la loi est une servitude en tant qu'elle estcontraignante et pénible mais volontaire en tant que je l'accepte en vue de la conservation du lien social.
En cesens, va-t-on peut-être trop vite en besogne à refuser d'étudier la fécondité conceptuelle de l'expression ironiqueen apparence de « servitude volontaire ».
II – La libre obéissance est peut-être une servitude volontaire qui s'ignore
Le paradoxe de la servitude volontaire chez LA BOETIE
Si un tyran peut, à l'origine, asservir les hommes par la force et la terreur, il ne peut se maintenir qu'avec leurconsentement.
Les hommes ne sont pas esclaves par contrainte ou par lâcheté, mais parce qu'ils le veulent bien,car il suffirait de ne plus vouloir servir le tyran pour que son pouvoir s'effondre.
En effet, le tyran est infinimentfaible comparé à la force du nombre : sa seule force, c'est celle que lui offrent ses sujets.
On peut aussi remarquerque ceux- ci ne manquent pas de courage, car ils pourraient combattre jusqu'à la mort pour leur tyran.
Ils font doncle choix incompréhensible de lui sacrifier leur liberté, aliénant par là leur être même.
Cette « volonté de servir » peut s'expliquer par le fait que « la nature a en nous moins de pouvoir que la coutume »: les hommes élevés sous la tyrannie prennent le pli de la servitude.
Le tyran abrutit et corrompt ses sujets par leprincipe du pain et des jeux, consistant à« sucrer la servitude d'une venimeuse douceur ».
Il utilise la religion pourleur inculquer la dévotion, à travers des fables.
La Boétie évoque ici la croyance aux rois thaumaturges, c'est-à-dire faiseurs de miracles (on leur prête la faculté de guérir les maladies), mais esquisse aussi une critique de lathéorie du droit divin, ramenée à une histoire qu'on raconte.
Quant aux rares individus éclairés ayant gardé le désirde la liberté, le tyran les élimine ou les isole par la censure.
Un seul homme ne pourrait jamais asservir tout un peuple sans une chaîne d'intermédiaires grâce à laquelle « letyran asservit les sujets les uns par le moyen des autres ».
Le secret de la domination réside en effet dans lacomplicité des « tyranneaux », ces « mange-peuples » qui soutiennent le tyran pour satisfaire leur ambition et leurcupidité.
Chaque maillon de la chaîne accepte d'être tyrannisé pour pouvoir tyranniser à son tour, démultipliant ainsila relation de domination jusqu'à enserrer toute la population dans le filet du tyran.
a) En effet, lier liberté et obéissance ne va pas de soi.
L'obéissance suppose un maître, et notre soumission à cedernier ce qui peut entrer en conflit avec la libre volonté d'un individu.
Et tout le problème que pose La Boétie dans.
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