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Y a-t-il une servitude volontaire?

Publié le 16/03/2005

Extrait du document

Cela suppose alors un droit naturel, antérieur donc au droit positif établi, se fondant une liberté naturelle de l'homme que ce dernier se serait vu confisquer par le tyran ou le despote. Si donc, sous un monarque qui manque de probité, leur servitude est le signe de leur dénaturation, il leur faut reconquérir leur liberté comme le précise La Boétie, il n'en coûte rien à l'homme de « se remettre dans son droit naturel «.

c) De ce point de vue, on peut donc dire qu'il y a incohérence à parler d'une libre obéissance dans la mesure où cette dernière est extorquée par la force qui agit ici par crainte : elle est une servitude volontaire qui s'ignore. L'incohérence vient du rapport extérieur et subi de l'obéissance ce qui explique cette servitude. Cependant, La Boétie ne nous dit pas, bien au contraire, que l'incohérence est en soi. Plus exactement, il n'y a pas exclusion conceptuelle entre la liberté et l'obéissance de façon rédhibitoire. L'incohérence n'existe que dans la mesure où le pouvoir est confisqué par un seul homme où il s'agit d'une servitude volontaire.  

Transition : Dès lors ce n'est plus tant entre liberté et obéissance qu'il y a conflit mais c'est en fait entre liberté et contrainte ou servitude d'où l'existence possible d'une servitude volontaire. Et en effet, ce n'est pas que l'obéissance est contre la liberté, mais c'est la manière dont celui-ci s'exprime que repose le problème : et notamment de la réduction de l'obéissance à une nécessité contrainte. Mais dès lors, dans un mouvement démocratique, d'un retour du pouvoir au peuple il apparaît possible de voir la cohérence de la libre obéissance, en tant qu'obéissance à ma propre volonté.

Les sujets asservis se complaisent dans leur état. Toute servitude est consentie voire voule. La servitude n'existe que parce qu'elle est volontaire.

MAIS...

La "servitude volontaire" est une maladie. Ce n'est pas un acte volontaire. L'homme peut demeurer fidèle à sa liberté ou succomber à la pression de la tyrannie.

« c) Ce principe est effectivement directement issue de la formule du Contrat social qui au chapitre VI s'énonçait de la manière suivante : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute da puissance sous la suprêmedirection de la volonté générale (pas somme des volontés particulières) ; et nous recevons en corps chaque membrecomme partie indivisible du tout.

» Autrement dit, par le jeu démocratique, l'obéissance est liberté dans la mesure oùla loi est un effet de la volonté générale à laquelle j'ai adhéré par le contrat.

On obéit volontairement mais il nes'agit pas d'une servitude.

Ne pas obéir à la loi ce serait remettre en cause le fondement de la société civile, doncmettre en péril ma propre liberté.

Et c'est pourquoi Rousseau en vient radicalement à dire au chapitre VII que « quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chosesinon qu'on le forcera d'être libre.

» Dès lors, comme on le retrouvera explicitement au chapitre VIII, il ne peut yavoir incohérence entre la liberté et l'obéissance dans la mesure où « l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite estliberté ».

Et cette liberté peut s'étendre aussi à la morale dans la mesure où celle-ci implique de même l'obéissanceà la loi qu'on s'est prescrite.

Transition : Ainsi, il n'y a incohérence à parler d'une servitude volontaire puisque l'obéissance dans la forme du pacte socialprend la forme de la liberté.

Pourtant, s'il n'y a incohérence, cela n'implique pas pour autant qu'il y n'ait paspossibilité de penser une servitude volontaire voire de la saisir à travers l'histoire.

En effet, même en démocratie,l'obéissance à la loi semble inconditionnelle au risque sinon de subir des sanctions que notre désobéissance soitlégitime ou pas ; on pourrait penser alors que l'obéissance à la loi est une servitude en tant qu'elle estcontraignante et pénible mais volontaire en tant que je l'accepte en vue de la conservation du lien social.

En cesens, va-t-on peut-être trop vite en besogne à refuser d'étudier la fécondité conceptuelle de l'expression ironiqueen apparence de « servitude volontaire ».

II – La libre obéissance est peut-être une servitude volontaire qui s'ignore Le paradoxe de la servitude volontaire chez LA BOETIE Si un tyran peut, à l'origine, asservir les hommes par la force et la terreur, il ne peut se maintenir qu'avec leurconsentement.

Les hommes ne sont pas esclaves par contrainte ou par lâcheté, mais parce qu'ils le veulent bien,car il suffirait de ne plus vouloir servir le tyran pour que son pouvoir s'effondre.

En effet, le tyran est infinimentfaible comparé à la force du nombre : sa seule force, c'est celle que lui offrent ses sujets.

On peut aussi remarquerque ceux- ci ne manquent pas de courage, car ils pourraient combattre jusqu'à la mort pour leur tyran.

Ils font doncle choix incompréhensible de lui sacrifier leur liberté, aliénant par là leur être même. Cette « volonté de servir » peut s'expliquer par le fait que « la nature a en nous moins de pouvoir que la coutume »: les hommes élevés sous la tyrannie prennent le pli de la servitude.

Le tyran abrutit et corrompt ses sujets par leprincipe du pain et des jeux, consistant à« sucrer la servitude d'une venimeuse douceur ».

Il utilise la religion pourleur inculquer la dévotion, à travers des fables.

La Boétie évoque ici la croyance aux rois thaumaturges, c'est-à-dire faiseurs de miracles (on leur prête la faculté de guérir les maladies), mais esquisse aussi une critique de lathéorie du droit divin, ramenée à une histoire qu'on raconte.

Quant aux rares individus éclairés ayant gardé le désirde la liberté, le tyran les élimine ou les isole par la censure. Un seul homme ne pourrait jamais asservir tout un peuple sans une chaîne d'intermédiaires grâce à laquelle « letyran asservit les sujets les uns par le moyen des autres ».

Le secret de la domination réside en effet dans lacomplicité des « tyranneaux », ces « mange-peuples » qui soutiennent le tyran pour satisfaire leur ambition et leurcupidité.

Chaque maillon de la chaîne accepte d'être tyrannisé pour pouvoir tyranniser à son tour, démultipliant ainsila relation de domination jusqu'à enserrer toute la population dans le filet du tyran.

a) En effet, lier liberté et obéissance ne va pas de soi.

L'obéissance suppose un maître, et notre soumission à cedernier ce qui peut entrer en conflit avec la libre volonté d'un individu.

Et tout le problème que pose La Boétie dans De la Servitude volontaire , ou « Contr'Un ».

Le problème que traite La Boétie est effectivement de comprendre comment des millions de personnes peuvent obéir à un seul homme aux dépens de leur liberté : c'est-à-direcomprendre comment une servitude volontaire est possible.

Plus exactement c'est la question de l'autorité fixantl'obéissance qui pose problème et c'est bien ce que l'on peut comprendre avec cette interrogation dès le début del'ouvrage : « Je désirerais seulement qu'on me fît comprendre comment il se peut que tant d'hommes, tant de villes,tant de nations supportent quelquefois tout d'un tyran seul, qui n'a de puissance que celle qu'on lui donne, qui n'ade pouvoir de leur nuire qu'autant qu'ils veulent bien l'endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s'ils aimaientmieux tout souffrir de lui que de le contredire.

»b) Le problème est bel et bien celui de l'obéissance et de la liberté.

En effet, pour La Boétie , nous n'obéissons que par la crainte de la force.

Autrement dit, l'incohérence de la libre obéissance repose sur la mise en exergue du faitque la force fait souvent droit, donc que l'obéissance n'est pas tant un acte volontaire et libre mais bien un acte desoumission, de servitude.

En ce sens, bien souvent l'autorité politique abuse les citoyens et les mystifie.

Ainsi, ils'agit alors de recouvrer une liberté perdue par cette servitude qui prend le masque de l'obéissance.

Cela supposealors un droit naturel, antérieur donc au droit positif établi, se fondant une liberté naturelle de l'homme que cedernier se serait vu confisquer par le tyran ou le despote.

Si donc, sous un monarque qui manque de probité, leurservitude est le signe de leur dénaturation, il leur faut reconquérir leur liberté comme le précise La Boétie , il n'en coûte rien à l'homme de « se remettre dans son droit naturel ».. »

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