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Y a t il une servitude volontaire ?

Publié le 20/03/2011

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L'obéissance suppose une soumission à une autorité telle que nous pouvons la rencontrer tous les jours, que ce soit dans notre travail ou bien encore en respectant le code de la route. Nous obéissons donc bien à une autorité, à un chef, cependant nous gardons une part de volonté dans ce que nous faisons, et libre à chacun d'obéir ou non à ces règles, quitte à en subir les conséquences . Par opposition, la liberté consisterait à l'absence totale d'obéissance, où aucune autorité ne nous empêche d'exercer notre volonté. La servitude, quant à elle, est une forme d'obéissance, mais sous la contrainte, et où ne nous pouvons exercer en aucune manière notre volonté. L'expression servitude volontaire apparait donc, aux vues de ces définitions, comme paradoxale. L'intitulé du sujet nous ramène à une servitude volontaire dans le sens politique et juridique du terme - par exemple le mariage - , ou encore moral et métaphysique (faculté de s'autodéterminer). En effet, la question se pose avec le pouvoir : nous obéissons, pour la plupart, à notre souverain , qu'il soit roi ou président de la république, et nous acceptons et appliquons les lois. Il y a donc une part de volonté dans cette servitude, puisque chacun est libre de se mettre hors la loi. Cependant, cette volonté n'est pas totale car nous devons obéir à certaines lois établies, de manière forcée, et même si celles-ci vont à l'encontre de la liberté ; ce qui montre bien une part de servitude dans le pouvoir. 

« Dans l'histoire, on retrouve plusieurs exemples de servitude volontaire, et notamment dans le domaine politique,avec les tyrans et les dictateurs.

Depuis l'Antiquité avec Néron jusqu'à nos jours avec Hitler ou encore Franco, lestyrans ont toujours su imposer leur force et leur pouvoir malgré l'asservissement des populations.

En effet, un tyranne peut perdurer au sommet du pouvoir qu'avec le consentement des populations, car sans cette approbation lerégime s'effondrerait.

Les hommes ne sont donc pas esclaves par contrainte, mais c'est bien parce qu'ils le veulentet le consentent.

Ils choisissent donc d'obéir à leur tyran, et ce en aliénant volontairement leur liberté.

On a doncbien ici un cas de servitude volontaire, qui apparait comme peu compréhensible.Cette servitude volontaire peut cependant s'expliquer par les promesses des tyrans de changer la société et d'offrirde meilleures conditions de vie aux populations.

La Boétie, dans son Discours de la servitude volontaire, parle biende ces rois faiseurs de miracles, qui promettent toutes sortes de choses à leurs sujets.

Il évoque également le droitdivin selon lequel le roi possède tous les droits et que ces droits sont également ceux de Dieu.

La Boétie critique cesystème qui asservit les populations sans aucune rébellion .

Et les rares personnes ne voulant pas se soumettre ausystème et souhaitant garder leur liberté sont éliminées ou bien emprisonnées par le tyran.La Boétie tente donc de comprendre les motivations de ces nombreuses personnes qui s'asservissent volontairementen aliénant leur liberté pour une seule personne, même si cette personne est le chef de leur pays.

Dans sonouvrage, également appelé à juste titre Contr'un (contre un seul homme), il se pose la question de l'autorité qui fixel'obéissance et la servitude.

Il nous annonce la couleur dès le début de son texte : « Je désirai seulement qu'on mefit comprendre comment il se peut que tant d'hommes, tant de villes, tant de nations, supportent quelques fois toutun tyran seul, qui n'a de puissance que celle qu'on lui donne, qui n'a de pouvoir de leur nuire qu'autant qu'ils veulentbien l'endurer, et qui ne pourraient leur faire aucun mal s'ils aimaient mieux tout souffrir que de le contredire » Selonl'auteur donc, nous n'obéissons que sous la peur et la force.

Les monarques, comme cela s'est vu par le passé, ontsouvent abusé des sujets (qui n'étaient que très rarement appelés citoyens), les privant de leur liberté naturelle etde leurs droits.

Les populations cherchent donc désespérément à recouvrer ces libertés naturelles, et cela passe leplus souvent par la servitude, qu'ils interprètent comme de l'obéissance, ce qui leur donne une impression de liberté,puisqu'ils choisissent d'obéir au tyran.

Ils ont donc l'impression de récupérer leur droit naturel de juger et de faire ceque bon leur semble, même s'il n'en est rien.

De plus, les populations jugent plus confortable et plus facile d'obéirsagement aux lois mises en place, car la rébellion et la prise de décisions requiert du courage et de la force.Il critique aussi l'échelon des tyrans qui permet au pouvoir de se maintenir en place : « ainsi le tyran asservit lesujet par le moyen des autres » , celui qui souhaite remettre le pouvoir en question remet en cause tous lesprincipes auxquels la populations semble se faire aisément.

Il devient donc ici difficile de se rebeller et la servitudevolontaire devient un compromis afin de ne pas être en marge de la société.On note donc ici un problème entre liberté et servitude volontaire , puisque la première peut être interprétée commela deuxième.

Comment alors pourrait-on trouver un moyen de concilier une obéissance libre de la volonté de l'individuavec sa liberté morale naturelle, sans tomber comme l'histoire peut en témoigner dans une servitude volontaire ? Nous avons donc vu ci-dessus que respecter les lois conduisait à être libre mais que, dans certains cas, ellesconstituaient une servitude volontaire.

Il n'y a donc pas de contradiction entre liberté et obéissance puisque cettedernière est, à travers les lois et dans une démocratie ou un régime non totalitaire, l'expression de la volontégénérale.

Dans de nombreux cas ne pas respecter la loi revient donc à ne pas suivre cette volonté libre.

Cependant,dans certains cas on remarque que désobéir peut s'avérer juste, voir nécessaire.

Prenons l'exemple de la secondeguerre mondiale et des résistants : leur action, malgré qu'elle fut contraire à la loi établie à l'époque, était de bonnevolonté et pouvait conduire à recouvrer la liberté des populations.

On retrouve cette idée dans l'ouvrage Les Justes,d'Albert CAMUS (étudié l'an dernier en français), où les personnages effectuent des actions terroristes contre leshautes figures de la société afin d'affaiblir le pouvoir et de retrouver leur liberté d'autrefois.

A un moment du textecependant, ils s'interrogent sur les ordres qu'ils exécutent, leur liberté morale étant remise en question : en effet, ilssouhaitent poser une bombe dans la calèche d'un personnage haut placé dans le gouvernement, mais dans cettevoiture se trouve également les enfants de cet homme, et les résistants ont peine à éliminer aussi des êtreinnocents qui ne sont que les victimes des actions de leurs parents.Il existe donc des cas où l'obéissance à des lois peut s'avérer comme être une servitude volontaire, et donc des casoù les lois apparaissent comme injustes ou comme allant à l'encontre de la morale générale.

Désobéir devient doncun acte juste et légitime.

Une nouvelle fois, l'histoire vient corroborer cette thèse dans de nombreuses occasions :dès le Moyen-âge, une loi stipulait que les cerfs devaient obéissance à leur maître et ne devaient en aucun cas êtrelibre, ceci étant contraire à leur statut.

On a donc bien ici une loi allant à l'encontre de la morale et de la liberté despersonnes, les esclaves n'ayant pas volontairement choisi leur statut.

La loi ne représente donc pas toujoursl'intérêt général et y désobéir revient donc à obtenir sa liberté.

La liberté n'est donc pas toujours directement liée àl'obéissance à la loi, et la liberté morale prédomine donc sur la liberté juridique.Finalement, être libre c'est donc respecter la loi quant elle est juste et exprime la volonté générale de toute unepopulation, mais c'est également ne pas la respecter quant il s'agit d'une loi qui pose problème au niveau moral dechaque citoyen.

Respecter la loi même lorsque celle-ci s'avère injuste et non légitime revient donc à une obéissanceforcée et , par conséquent, à une servitude volontaire.

Cependant, ce principe ne peut s'appliquer que dans le casd'une démocratie, puisque les lois sont l'expression du consentement général.

Dans une monarchie absolue ou unrégime totalitaire tel que celui d'Hitler, de Franco ou encore de Pinochet, les lois ne sont que l'expression de lavolonté du tyran et donc d'une volonté individuelle. Ainsi nous pouvons dire qu'il y a servitude volontaire dans le cas d'un régime totalitaire où d'une dictature puisque. »

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