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Y a-t-il une vérité du goût esthétique ?

Publié le 03/09/2009

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Qu’appelons-nous une vérité du goût esthétique ? La vérité du goût esthétique désigne sa capacité à statuer sur la beauté d’une chose d’une manière véridique : l’énoncé d’un goût esthétique dessine-t-il une préférence particulière qui est exclusivement celle du sujet, ou exprime-t-il une qualité qui appartient intrinsèquement à l’objet ? Ainsi, parlant de «vérité du goût esthétique « on parle de la capacité de ce goût à énoncer plus que les préférences individuelles de son énonciateur, capacité qui consiste à définir l’objet sur lequel il porte.

A première vue, il peut nous sembler qu’il n’existe aucune vérité du goût esthétique, pas plus que de toute autre forme de goût : le goût est toujours ce qui exprime les préférences d’un individu singulier, non ce qui statue sur autre chose avec la capacité de la qualifier, d’énoncer une vérité sur elle. Pourtant, nous verrons dans un deuxième temps de notre réflexion qu’il y a peut-être une vérité du goût esthétique, celui-ci se distinguant des autres types de goût par son caractère « désintéressé « (le terme est de Kant). Enfin, nous verrons que le goût esthétique peut effectivement contenir une certaine valeur de vérité, qui tient moins à sa singularité en tant qu’expression de préférences « désintéressées «, mais qui a trait à l’éducation dont il a pu faire l’objet.

La question au centre de notre travail consistera donc à explorer la nature du goût esthétique, afin de déterminer s’il n’est que l’expression d’une préférence singulière ou le moyen de porter un jugement véridique sur un objet.

« b.

Le goût esthétique est irréductiblement singulier Allant plus loin, nous dirons qu'il est impossible de trouver le moindre critère naturel de beauté.

En effet, nousvenons de voir que le goût esthétique n'exprimait pas de vérité sur les choses, mais davantage sur les êtres quiénoncent des jugements de goût.

Pourtant, nous pourrions penser sans nous contredire qu'il existe peut-être descritères naturels de la beauté, qui contraindraient le goût esthétique de chacun à exprimer un jugement favorableou défavorable.

Pour le dire autrement, la vérité du goût esthétique serait peut-être moins à chercher dans lejugement de goût lui-même que dans la nature intrinsèque de l'objet sur lequel porte le goût esthétique : ce seraitalors l'objet lui-même qui nous inciterait à le reconnaître pour beau.

En effet, nous pourrions croire que la beautéd'un paysage est universelle, c'est-à-dire qu'un consensus autour de sa beauté est possible, de telle sorte quel'ensemble des hommes ne peut que rester admiratif devant lui.

Or, si nous en croyons Hegel, la nature en elle-mêmen'est pas belle.

Par exemple, quand nous disons qu'un galet, ou une falaise, ou un coquillage est beau, cela signifiequ'en voyant la forme exceptionnelle de cet objet nous imaginons l'habileté que mettrait en œuvre un esprit pourinventer cette forme.

Une telle position de pensée prouve que ce n'est pas le paysage en lui-même qui est d'unebeauté universelle, mais que la beauté du paysage dépend du jugement du sujet qui imagine l'habileté créatrice del'homme pour le faire advenir.

Par ailleurs, le concept de sublime met en cause l'universalité du beau.

Car le sublime,c'est du beau terrifiant mais non dangereux (comme l'écrit le pseudo Longin dans son traité « Du sublime » traduit par Boileau).

Cela prouve que le beau n'est pas universel, mais qu'il dépend du jugement de goût individuel de telindividu, qui jugera beau les spectacles menaçants de la nature (comme le spectacle des Volcans, qui fascinentJuliette dans l' Histoire de Juliette de Sade) que d'autres se borneront à trouver affreux en raison de la puissance de destruction qu'ils manifestent.

Nous dirons donc qu'il n'y a aucune vérité du goût esthétique, puisqu'il ne fait jamaisqu'énoncer une préférence singulière, et ne saurait être considéré comme l'activité de reconnaissance de la beautéintrinsèque d'une chose, fondée sur des critères objectifs, puisque ces derniers n'existent pas. II.

Cependant, nous pouvons reconnaître une vérité au goût esthétique puisqu'il est distinct des autres formes de goût a.

La « prétention à l'universalité du jugement esthétique » Cependant, la thèse que nous venons de soutenir sur le goût esthétique est sans aucun doute beaucoup troptriviale, car elle repose sur une confusion de ce goût avec tous les autres.

Or, il existe sans doute une singularité dugoût esthétique, qui fait de lui davantage que l'expression d'une préférence individuelle.

Pour Kant, le beau est bienuniversel, car il est la valeur à laquelle se réfère tout jugement .

Désintéressé, le jugement esthétique est purement contemplatif et ne porte que sur l'aspect de l'objet, indépendamment de tout intérêt qui pourrait lui être lié.

De cecinous pouvons conclure que le jugement esthétique, désintéressé par nature, fait l'objet d'une prétention àl'universalité.

Ce principe est énoncé par Kant dans le chapitre VI de la Critique de la Faculté de Juger : « Le beau est ce qui est représenté sans concept comme objet d'une satisfaction universelle.

(...) Car qui aconscience que la satisfaction produite par un objet est exempte d'intérêt, ne peut faire autrement qu'estimerque cet objet doit contenir un principe de satisfaction pour tous.

En effet, puisque la satisfaction ne se fondepas sur quelque inclination du sujet (ou quelque autre intérêt réfléchi), mais qu'au contraire celui qui juge sesent entièrement libre par rapport à la satisfaction qu'il prend à l'objet, il ne peut dégager comme principe dela satisfaction aucune condition d'ordre personnel, dont il serait seul à dépendre comme sujet.

Il doit doncconsidérer que la satisfaction est fondée sur quelque chose qu'il peut aussi supposer en tout autre.

Et parconséquent, il doit croire qu'il a raison d'attribuer à chacun une satisfaction semblable.

Il parlera donc du beau,comme si la beauté était une structure de l'objet et comme si le jugement était logique (et constituait uneconnaissance de celui-ci par des concepts de l'objet), alors que le jugement n'est qu'esthétique et ne contientqu'un rapport de la représentation de l'objet au sujet ; c'est que le jugement esthétique ressemble toutefois enceci au jugement logique qu'on peut le supposer valable pour chacun.

(...) Il s'ensuit que la prétention de. »

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