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Les Djinns de Victor HUGO (Podcast)

Publié le 13/09/2006

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hugo

  Murs, ville

 Et port,  Asile  De mort,  Mer grise  Où brise  La brise  Tout dort.    Dans la plaine  Naît un bruit.  C'est l'haleine  De la nuit.  Elle brame  Comme une âme  Qu'une flamme  Toujours suit.    La voix plus haute  Semble un grelot.  D'un nain qui saute  C'est le galop.  Il fuit, s'élance,  Puis en cadence  Sur un pied danse  Au bout d'un flot.    La rumeur approche,  L'écho la redit.  C'est comme la cloche  D'un couvent maudit,  Comme un bruit de foule  Qui tonne et qui roule  Et tantôt s'écroule  Et tantôt grandit.    Dieu! La voix sépulcrale  Des Djinns!... - Quel bruit ils font!  Fuyons sous la spirale  De l'escalier profond!  Déjà s'éteint ma lampe,  Et l'ombre de la rampe..  Qui le long du mur rampe,  Monte jusqu'au plafond.    C'est l'essaim des Djinns qui passe,  Et tourbillonne en sifflant.  Les ifs, que leur vol fracasse,  Craquent comme un pin brûlant.  Leur troupeau lourd et rapide,  Volant dans l'espace vide,  Semble un nuage livide  Qui porte un éclair au flanc.    Ils sont tout près! - Tenons fermée  Cette salle ou nous les narguons  Quel bruit dehors! Hideuse armée  De vampires et de dragons!  La poutre du toit descellée  Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,  Et la vieille porte rouillée,  Tremble, à déraciner ses gonds.    Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure!  L'horrible essaim, poussé par l'aquillon,  Sans doute, o ciel! s'abat sur ma demeure.  Le mur fléchit sous le noir bataillon.  La maison crie et chancelle penchée,  Et l'on dirait que, du sol arrachée,  Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,  Le vent la roule avec leur tourbillon!    Prophète! Si ta main me sauve  De ces impurs démons des soirs,  J'irai prosterner mon front chauve  Devant tes sacrés encensoirs!  Fais que sur ces portes fidèles  Meure leur souffle d'étincelles,  Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes  Grince et crie à ces vitraux noirs!    Ils sont passés! - Leur cohorte  S'envole et fuit, et leurs pieds  Cessent de battre ma porte  De leurs coups multipliés.  L'air est plein d'un bruit de chaînes,  Et dans les forêts prochaines  Frissonnent tous les grands chênes,  Sous leur vol de feu pliés!    De leurs ailes lointaines  Le battement décroît.  Si confus dans les plaines,  Si faible, que l'on croit  Ouïr la sauterelle  Crier d'une voix grêle  Ou pétiller la grêle  Sur le plomb d'un vieux toit.    D'étranges syllabes  Nous viennent encor.  Ainsi, des Arabes  Quand sonne le cor,  Un chant sur la grève  Par instants s'élève,  Et l'enfant qui rêve  Fait des rêves d'or.    Les Djinns funèbres,  Fils du trépas,  Dans les ténèbres  Pressent leur pas;  Leur essaim gronde;  Ainsi, profonde,  Murmure une onde  Qu'on ne voit pas.    Ce bruit vague  Qui s'endort,  C'est la vague  Sur le bord;  C'est la plainte  Presque éteinte  D'une sainte  Pour un mort.    On doute  La nuit...  J'écoute: -  Tout fuit,  Tout passe;  L'espace  Efface  Le bruit.    Victor Hugo   

 

 

 

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« Le mur fléchit sous le noir bataillon.La maison crie et chancelle penchée,Et l'on dirait que, du sol arrachée,Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,Le vent la roule avec leur tourbillon! Prophète! Si ta main me sauveDe ces impurs démons des soirs,J'irai prosterner mon front chauveDevant tes sacrés encensoirs!Fais que sur ces portes fidèlesMeure leur souffle d'étincelles,Et qu'en vain l'ongle de leurs ailesGrince et crie à ces vitraux noirs! Ils sont passés! - Leur cohorteS'envole et fuit, et leurs piedsCessent de battre ma porteDe leurs coups multipliés.L'air est plein d'un bruit de chaînes,Et dans les forêts prochainesFrissonnent tous les grands chênes,Sous leur vol de feu pliés! De leurs ailes lointainesLe battement décroît.Si confus dans les plaines,Si faible, que l'on croitOuïr la sauterelleCrier d'une voix grêleOu pétiller la grêleSur le plomb d'un vieux toit. D'étranges syllabesNous viennent encor.Ainsi, des ArabesQuand sonne le cor,Un chant sur la grèvePar instants s'élève,Et l'enfant qui rêveFait des rêves d'or. Les Djinns funèbres,Fils du trépas,Dans les ténèbresPressent leur pas;Leur essaim gronde;Ainsi, profonde,Murmure une ondeQu'on ne voit pas. Ce bruit vagueQui s'endort,C'est la vagueSur le bord;C'est la plaintePresque éteinteD'une saintePour un mort. On douteLa nuit...J'écoute: -Tout fuit,Tout passe;L'espaceEffaceLe bruit.. »

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