La nation chez Renan
Publié le 02/03/2020
Extrait du document
«Au-dessus de la langue, de la race, des frontières naturelles, de la géographie, nous plaçons le consente* ment des populations, quels que soient leur langue, leur race, leur culte. La Suisse est peut-être la nation d’Eu* rope la plus légitimement composée. Or elle compte dans son sein trois ou quatre langues, deux ou trois religions et Dieu sait combien de races.
Une nation, c’est pour nous une âme, un esprit, une famille spirituelle résultant, dans le passé, de souvenirs, de sacrifices, de gloires, souvent de deuils et de regrets communs; dans le présent du désir de continuer à vivre ensemble. Ce qui constitue une nation, ce n’est pas de parier la même langue ou d’appartenir au même groupe ethnographique, c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’avenir. »
«Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’uné est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. »
«
, Sur ce 'derni er point, Renan coqteste la théorie , assez
en vogue à son époque , des frontière s naturelle s, .
Un développement .de la Préface fait bien lé point sur
ce que comporte de refus et d'affirmati on la conception ·
.renanienne de la na:tiop : · · : ·
«Au-dessus de la langue, de la race, des frontières
naturelles, de la géographie, nous plaçons le consente
ment des populaUons , quels que soient leur languê, leur
race, leui culte.
La Suisse est peut-être la natiou d'Eu
rope la plus légitimement composée; Qr elle ~ompte
dans son sein trois ou quatre langues, deux ou' trois religions et Dieu sait combien de races.
·
Une nation, _ c'est pour nous une ime, un eSprit, une
famille spirituelle résultant , dans le passé, de sou-.:e._irs,
de sacrifü :es, de gloires, souvent de deuils et de regrets
communs; dans le prisent du cUsir de c0ntinu er à vivre
ensemble.
Ce qui constitue une nation, ce n•ést pas de ·
parler la même langue OU d'appartenir BQ mime groupe
ethnographique, c'est d'avoir fait ensemble de grandes
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lavenir .
))
A noter que si, pour Renan, la ·nation repo se sur ·le
souvenir d'un pass é commun, elle implique au ssi une
part d'oubli .
Le s peuples doivent savoir oublier les
brutalit és qui ont pu être à l'ori gine de leur ras semble-
ment : '
«Or l'essence d'une nation est que t~ les individus
aient beaucoup de choses en commun , et que tous aient
oublié bien des Choses. »~
«L'oubli, et je dirai ~oie .l'e rreur historique, sont un
facteur essentiel de la çréatiop d'une nation, et c'est
ainsi que le progrèS des études h~oriques est souvent ·
pour la nationalité Un danger .
»
L'importance ·qu "il accorde à la.
volonté de viv;e en sem- · ·
ble condll.il Renan à affirmer que, dans les cas OÙ U8 .
.
.
~ ..
/.
»
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