« Qu'est ce qu'une nation ? » : débat Ernest Renan et David Friedrich Strauss
Publié le 20/03/2012
Extrait du document
L’Alsace Lorraine représente un enjeu militaire et économique pour ces deux pays qui se la dispute, comme le précise Strauss : cette province est « nécessaire à notre sécurité «. Les clauses territoriales privent des français de tous les gisements de fer lorrains alors exploitables. Cette invasion est mal vécue par les français, comme le montre Strauss en citant Renan : « Vous assurez que l’enlèvement de l’Alsace et de la Lorraine reviendrait à l’anéantissement de la France «. En effet, cette annexion renforce la dimension idéaliste du nationalisme français et un esprit de revanche nait dans le cœur des français. Alors que du coté allemand, ce territoire est présenté comme le retour dans la patrie d’une population dont la plupart ont la langue germanique comme langue maternelle, ils ne tiennent pas compte des protestations des Alsaciens-Lorrains fondées sur le droit de peuples à disposer d’eux mêmes, pas plus qu’ils n’ont procédé à des référendums.
«
septembre 1870 et en septembre 1871 et qui prirent place dans la Réforme intellectuelle
et morale. En tout, ce fut un échange, un débat autour de quatre lettres.
Ici, nous étudions les extraits de la deuxième lettre de David Friedrich Strauss,
publiée le 2 octobre 1870, au moment où l’Alsace-Lorraine est envahi par les armées
prussiennes.
Il expose les raisons de l’occupation dans cette région.
Et les extraits de la
dernière lettre de Ernest Renan, publiée un an après, le 15 septembre 1871.
L’Allemagne
est alors unifié depuis janvier.
A travers cette lettre, il réfute les arguments de Strauss et
expose un concept de la « nation ».
Ainsi, nous allons nous demander en quoi ces extraits témoignent-ils de la rivalité
franco-allemande et de sa cristallisation autour du concept de « nation ?
Dans un premier temps, nous étudierons un débat au c œur d’un conflit, plus
précisément d’une province, puis dans une deuxième partie nous étudierons un débat
autour du concept de la « nation ».
I.
Un débat autour d’un conflit, d’une province
Le 21 juin 1870, la candidature du prince allemand Léopold de Hohenzollern au
trône d’Espagne, vacant depuis la révolution de septembre 1868 est un des éléments
déclencheur de la guerre avec la publication par Bismarck de la dépêche d’Ems.
Mais la
France est aussi depuis peu inquiète par la montée en puissance de la Prusse qui en
1866 rassemble l’Autriche-Hongrie (bataille de Sadowa).
Napoléon III espère d’ailleurs
qu’une guerre victorieuse lui vaudra une nouvelle popularité.
C’est alors que le 16 juillet
1870 est rédigée la déclaration de guerre de la France à Paris.
Mais les opérations
militaires sont rapidement désastreuses pour la France ; l’isolement diplomatique,
l’infériorité numérique, logistique et l’infériorité du commandement conjuguent leurs
effets.
Les défaites s’accumulent et l’armée française est totalement désorganisée.
La
bataille de Sedan du 2 septembre 1870 amène la chute de l’Empire.
La proclamation de
l’Empire allemand se fait à Versailles, dans la Galerie des glaces le 18 janvier 1871, puis
le 28 janvier 1871, Paris capitule.
Les clauses du traité de Francfort du 10 mai 1871 sont
extrêmement lourdes : la France doit verser 5 milliards de franc-or et doit céder l’Alsace
–sauf Belfort- et le Nord de la Lorraine (les trois anciens départements de l’Alsace-
Moselle).
Cette clause du traité, Strauss la justifie dans sa première lettre à Renan du 2.
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