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La parole en action aux xixe et xxe siècles

Publié le 10/09/2018

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ne peut être surmontée seulement par des lois. C'est ce qu'expérimentait Montesquieu en faisant de la « vertu » le principe de la république. Avec lui, Rousseau, Robespierre, Jaurès ont eu conscience de la nécessité de cet horizon spirituel de toute pensée et de toute action politique.

 

C’est donc la marche et le jeu des classes sociales depuis 1789 que nous voudrions retracer à grands traits. Il est toujours un peu arbitraire de marquer des limites, des divisions tranchantes dans le progrès ininterrompu et nuancé de la vie. Pourtant, on peut, avec une suffisante exactitude, distinguer trois périodes dans l’histoire de la classe bourgeoise et de la classe prolétarienne depuis un siècle.

 

D’abord, de 1789 à 1848, la bourgeoisie révolutionnaire triomphe et s’installe. Elle utilise contre l’absolutisme royal et contre les nobles la force des prolétaires, mais ceux-ci, malgré leur prodigieuse activité, malgré le rôle décisif qu’ils jouent en certaines journées, ne sont qu’une puissance subordonnée, une sorte d’appoint historique. Ils inspirent parfois aux possédants bourgeois une véritable terreur : mais au fond ils travaillent pour eux ; ils n’ont pas une conception de la société radicalement différente : le communisme de Babeuf et de ses rares disciples ne fut qu’une convulsion sublime, le spasme suprême de la crise révolutionnaire avant l’apaisement du Consulat et du premier Empire. Même en 1793 et en 1794, les prolétaires étaient confondus dans le tiers état : ils n’avaient ni une claire conscience de la classe ni le désir ou la notion d’une autre forme de propriété. Ils n’allaient guère au-delà de la pauvre pensée de Robespierre : une démocratie politiquement souveraine, mais économiquement stationnaire, faite de petits propriétaires paysans et de petite bourgeoisie artisane. La merveilleuse sève de vie du socialisme,

La Révolution vue par Jean Jaurès

 

Jean Jaurès (1859 1914), l'un des pères fondateurs du mou vement socialiste français, a célébré le premier centenaire de la Révolution française en insufflant à son Histoire socialiste de la Révolution française la vie d'une épopée.

 

II retrouve l'esprit de ses pionniers : « l'idée d'un grand peuple se gouvernant lui-même », non pas comme souvenir mais comme une source de force. Pour lui, “ être fidèle au foyer des ancêtres, ce n'est pas en conserver les cendres mais en transmettre la flamme »• La première révolution française a formulé l'idéal d'une démocratie politique. Il appartient, selon Jaurès, au socialisme, de le continuer en démocratie économique.

 

Deux traits essentiels marquent l'œuvre monumentale de cette « Histoire >> et de l'action militante de Jaurès. D'une part, il souligne le caractère de classe de la première révolution et ses limites : elle considère comme intouchable la propriété de type capitaliste. D'autre part, il considère qu’une visée aussi haute celle d'une démocratie politique s'accomplissant pleinement dans la démocratie économique du socialisme se fonde, consciemment ou inconsciemment, sur une concep tion religieuse de l'homme, du monde et de l'histoire.

 

À une étape nouvelle du messianisme révolutionnaire, on retrouve ainsi les intuitions premières de Rousseau sur la richesse et sur la religion : l'égoïsme des intérêts particuliers, obstacle majeur à toute démocratie, politique ou économique,

« ne peut être surmontée seulement par des lois.

C'est ce qu'expérimentait Montesquieu en faisant de la « vertu '' le principe de la république.

Avec lui, Rousseau, Robespierre, Jaurès ont eu conscience de la nécessité de cet horizon spirituel de toute pensée et de toute action politique.

C'est donc la marche et le jeu des classes sociales depuis 1789 que nous voudrions retracer à grands traits.

Il est toujours un peu arbitraire de marquer des limites, des divisions tranchantes dans le progrès ininterrompu et nuancé de la vie.

Pourtant, on peut, avec une suffisante exactitude, distinguer trois périodes dans l'histoire de la classe bourgeoise et de la classe prolétarienne depuis un siècle.

D'abord, de 1789 à 1848, la bourgeoisie révolution­ naire triomphe et s'installe.

Elle utilise contre l'abso­ lutisme royal et contre les nobles la force des prolétaires, mais ceux-ci, malgré leur prodigieuse activité, malgré le rôle décisif qu'ils jouent en certaines journées, ne sont qu'une puissance subordonnée, une sorte d'appoint historique.

Ils inspirent parfois aux possédants bourgeois une véritable terreur : mais au fond ils travaillent pour eux ; ils n'ont pas une conception de la société radi­ calement différente : le communisme de Babeuf et de ses rares disciples ne fut qu'une convulsion sublime, le spasme suprême de la crise révolutionnaire avant l'apai­ sement du Consulat et du premier Empire.

Même en 1793 et en 1794, les prolétaires étaient confondus dans le tiers état : ils n'avaient ni une claire conscience de la classe ni le désir ou la notion d'une autre forme de propriété.

Ils n'allaient guère au-delà de la pauvre pensée de Robespierre : une démocratie politiquement souveraine, mais économiquement stationnaire, faite de petits propriétaires paysans et de petite bourgeoisie artisane.

La merveilleuse sève de vie du socialisme,. »

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