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Liberté, Égalité, Fraternité (politique & socièté).

Publié le 20/05/2013

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Liberté, Égalité, Fraternité (politique & socièté). 1 PRÉSENTATION Liberté, Égalité, Fraternité, en France, devise d'origine révolutionnaire qui se confond avec l'histoire de l'idée républicaine, puis avec celle de la République au point d'en devenir un des principaux symboles. En usage entre 1793 et le Consulat, puis sous la IIe République (1848-1851), la triade constitue depuis 1871 -- sauf durant les années 1940-1944 -- la devise officieuse, puis officielle de la République française. 2 AUX ORIGINES DE LA DEVISE : L'ESPRIT DES LUMIÈRES Jean-Jacques Rousseau Jean-Jacques Rousseau, école française du XVIII e siècle, d'après un pastel de Quentin de La Tour. Musée Carnavalet, Paris. Giraudon/Art Resource, NY La maxime « Liberté, Égalité, Fraternité « puise ses origines au XVIIIe siècle. Au siècle des Lumières, le binôme liberté, égalité -- qui apparaît sous la plume de nombreux penseurs, dont le Chevalier de Jaucourt et Rousseau -- renvoie à un idéal politique qui inspire les acteurs de la Révolution. L'idée de fraternité est moins présente. Fénelon et Thomas More, comme les loges maçonniques (qui jouent un rôle important à partir de 1789) la mettent cependant en avant, soulignant sa centralité vis-à-vis de tout progrès du système politique. En 1755, dans une ode à la gloire du gouvernement helvétique, Voltaire associe implicitement les trois termes : « La liberté ! J'ai vu cette déesse altière avec égalité répandant tous ses biens [...]. Les États sont égaux et les hommes sont frères. « Mais c'est Rousseau qui, dans son Discours sur l'économie (1855), propose cette triade comme une des bases du contrat social. 3 LA DIFFUSION DE LA DEVISE SOUS LA RÉVOLUTION Déclaration des droits de l'homme et du citoyen Piques, faisceaux et bonnet phrygien s'inscrivent dans la symbolique révolutionnaire, qui multiplie les références à l'Antiquité. Au sommet du tableau, la figure de la France brisant les chaînes de l'oppression répond à la Liberté ailée dont le sceptre est pointé vers le triangle rayonnant de l'Égalité, au centre duquel l'oeil incarne la Vigilance.Jean-Jacques François Le Barbier (attribué à), Déclaration<...

« « Liberté, Égalité, Unité, Indivisibilité de la République » ou encore « Liberté, Égalité, Fraternité, ou la mort », témoignent déjà de son enracinement et de sa malléabilitéselon les circonstances — en particulier en regard de la Terreur. Sans en avoir été devise officielle, l’expression marque donc les esprits et s’impose à la fois comme le symbole des acquis politiques et sociaux révolutionnaires, comme unprogramme politique et, à terme, comme un point de ralliement pour les républicains. 4 LA CONSÉCRATION Delacroix, la Liberté guidant le peupleS'inspirant des scènes de soulèvement populaire dont il a été le témoin lors des journées de juillet 1830, dites des Trois Glorieuses,Eugène Delacroix a imaginé cette Liberté victorieuse, et transformé ainsi un épisode historique en symbole universel.

Par saconstruction en pyramide, la gradation des tonalités, le mouvement qui semble monter des corps inertes jusqu'au drapeau flottantdans un tourbillon de lumière, l'œuvre tout entière est parcourue d'un irrésistible élan vers le symbole triomphant que représente lajeune femme.

Passionné et épris de liberté, Eugène Delacroix s'est lui-même représenté à son côté, coiffé d'un haut-de-forme, le fusilà la main.Eugène Delacroix, la Liberté guidant le peuple, 1830.

Huile sur toile, 259 × 325 cm.

Département des peintures, musée duLouvre, Paris.Réunion des Musées Nationaux/Art Resource, NY Les années 1800-1830 constituent une traversée du désert pour la maxime.

L’expression réapparaît à la faveur de la Révolution de juillet 1830.

Puis, l’« héroïque devise »(selon les termes de Louis Blanc en 1839) se réimpose avec force en 1846-1847, années de grande tension sociale et politique qui débouchent sur la Révolution de février1848.

La II e République consacre l’expression après que le gouvernement provisoire l’emploie dans sa première déclaration (24 février 1848).

Son emprise sur la culture républicaine et sa place dans la culture populaire y gagnent en force, même si certaines contradictions évidentes justifient le débat autour de la capacité à réaliser leprogramme qu’elle propose.

En effet, affronté au système industriel qui maintient l’iniquité sociale, affronté à la naissance des concepts de prolétariat et de lutte desclasses, affronté à la difficulté d’ériger un système politique représentatif durable et à l’impossibilité de dépasser les oppositions politiques, chacun des termes del’expression pose de réels problèmes de légitimité conceptuelle. Mise en sommeil après le coup d’État napoléonien de 1851, la devise n’en reste pas moins l’un des principaux pivots de la rhétorique républicaine.

Sa légitimité estdésormais renforcée par une forte charge symbolique et affective liée à l’histoire des Révolutions, des Républiques.

La Révolution s’éloignant dans le temps, elle confère àl’expression une force légendaire idéalisée.

La devise renvoie également à une mémoire vive ou ravivée avec le souvenir de 1830, de 1848 et de la deuxième expérience degouvernement républicain.

En outre, elle est profondément associée à certaines conquêtes et valeurs sociales et politiques fondamentales (tel le suffrage universel) qui sontau cœur du programme républicain.

Dès lors, elle ne peut qu’accompagner le cheminement de l’opposition républicaine sous le Second Empire. 5 UNE EXPRESSION OFFICIEUSE SYMBOLE DE RALLIEMENT Remise à l’ordre du jour par la Commune, la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » est intimement associée à la renaissance de l’expérience républicaine en 1871.

Auxpremières années de la III e République, elle n’est toutefois pas encore devenue une maxime officielle.

Elle ne figure pas dans la constitution de 1875.

Il faut attendre la révision constitutionnelle de 1879 pour que, parallèlement à la décision de faire du 14 juillet une fête nationale et de la Marseillaise l’hymne de la France, soit prise celle de réinscrire les trois mots aux frontons des bâtiments officiels. Devenue le symbole de la République, la triade s’enracine définitivement, malgré les critiques formulées à la fin du XIXe siècle et durant les années trente par les courants nationalistes antirépublicains.

Si elle est éclipsée durant quatre ans — le régime de Vichy lui substituant l’expression « Travail, Famille, Patrie » à partir de juillet 1940 —,elle reste un point de ralliement qui transcende et associe à la fois les familles de la résistance intérieure et extérieure.

Parmi maints exemples, en novembre 1941, depuisLondres, le général de Gaulle déclare : « Nous disons Liberté, Égalité, Fraternité parce que notre volonté est de demeurer fidèles aux principes démocratiques que nosancêtres ont tiré du génie de notre race et qui sont l’enjeu de cette guerre pour la vie ou la mort » ; le journal résistant Combat, à l’instar d’autres feuilles clandestines, met fréquemment l’expression en avant ; à Alger, en juin 1943, le groupe des députés communistes réclame une « République rajeunie » et « mieux charpentée » qui répondeau programme social et politique de la devise. 6 LE TEMPS DE LA CONSTITUTIONNALISATION Logo de la République française. »

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