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L'opinion publique peut-elle exister sans les sondages ?

Publié le 24/06/2012

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Quand une entreprise s'octroi certains droits, ou dépasse certaines limites humaines dans le management, les syndicats sont les médiateurs, les résistants contre le trop grand pouvoir de la hiérarchie. S'en suivent des "luttes pacifiques", des grèves, des manifestations, certains même "prennent en otage" les dirigeants de l'entreprise pour les forcer à régulariser leurs droits et leurs demandes. C'est un moyen d'expression, d'un public, pour le public en général informé par les médias télévisés, de la presse ou de la radio. Il s'agit donc d'une force de frappe démocratique.    Lorsqu'une ONG telle que Greenpeace prend parti dans l'inaction d'un pays à l'écologie et à la préservation de l'environnement, elle fait appel à un droit d'ingérence sur la politique d'un pays. Ce droit est un droit indirect, c'est à dire que Greenpeace peut faire un communiqué des plus polémique, que la presse se chargera de transmettre aux partis politiques écologiques locaux, eux même capable de faire pression sur la politique d'écologie d'un pays.    Une manifestation est un mouvement de force contre ou pour une opinion externe ou interne au groupe. Un parti écologiste peut par exemple s'insurger contre certaines cellules ultra capitalistes du monde, ou ultra consuméristes, et ainsi, faire pression sur le gouvernement local.    Dans ces trois cas l'opinion des publics est bien représentée, et n'est pas reléguée par les sondages.   

« Ce détour historique montre la diversité des manifestations de l'opinion publique: elle apparaît comme un phénomène de nature collective et dynamique.Philippe Braud propose une définition qui rend compte de cette double caractéristique : elle est une « représentation socialement construite (par lapresse, les sondages, les notables) de ce qu'est censé penser l'ensemble de la population ». 3 - La remise en question de l'opinion publique La notion d'opinion publique est fortement remise en cause, notamment depuis le milieu du XXème du siècle, avec l'assimilation de l'opinion publiqueaux sondages.

Beaucoup de sociologues s'interrogent sur la légitimité de cette notion et surtout sur ce rapport trop étroit et considéré comme« artificiel » entre « opinion publique » et sondage.

Le sociologue Alain Accardo considère que la réalité de l'« opinion publique » « tient pratiquementtout entière dans ce qu'en disent les médias et tout spécialement aujourd'hui les instituts de sondage qui, sans s'interroger outre mesure sur le bien-fondé de leur démarche, collent à des fins d'agrégation statistique, cette étiquette abusivement globalisante et homogénéisante sur une série limitéd'opinions individuelles artificiellement provoquées par leurs questions et de surcroît arbitrairement considérées comme interchangeables ».

La vision dusociologue Pierre Bourdieu va également dans ce sens.

Traitant du sondage d'opinion, il considère l'objet « opinion publique » ainsi construit comme «un artefact pur et simple dont la fonction est de dissimuler que l'état de l'opinion à un moment donné du temps est un système de forces, de tensions etqu'il n'est rien de plus inadéquat pour représenter l'état de l'opinion qu'un pourcentage » et ajoute que « l'effet fondamental de l'enquête d'opinion estde constituer l'idée qu'il existe une opinion publique unanime, donc légitimer une politique et renforcer les rapports de force qui la fondent ou la rendentpossible ».

L'opinion publique ne serait ainsi qu'un leurre idéologique destiné à donner aux classes inférieures l'impression d'une participation effective àla vie politique.

Dans la mesure où tous les individus n'auraient pas les capacités de prendre part aux délibérations, faute d'une éducation et d'un espritcritique suffisants, l'opinion publique ne serait pas l'expression authentique de la somme des opinions individuelles.

Elle serait bien plutôt l'outilidéologique de ceux qui sont à même de participer au débat démocratique: les plus éduqués, les représentants du pouvoir.

C'est également dans cequ'Elisabeth Noëlle-Neumann (The Spiral of Silence, 1974) soulève le problème de l'influence, par intimidation, des médias sur l'opinion.

Les mass-mediane reflètent pas la totalité des opinions présentes dans le public, mais seulement les opinions majoritaires et légitimes.

Face à ce phénomène, ceux quisont minoritaires, se sentant illégitimes, préfèrent se taire.

Ils renforcent ainsi l'opinion majoritaire.

Ce silence aggrave l'impression factice d'unconsensus et tend à la suppression de toute opinion minoritaire. II - L'opinion publique n'existe pas sans les sondages Pour comprendre la relation instaurée entre l'opinion publique et les sondages, il convient de définir plus spécifiquement le sondage d'opinion, puis leurutilisation par le pouvoir, et le rôle des médias. 1 - Sondage d'opinion et élections Il s'agit d'une application d'une méthode statistique visant à évaluer les différentes caractéristiques d'une population humaine à partir d'un échantillon decelle-ci, – avec une prise en compte d'une marge d'erreur - pour déterminer les opinions ou préférences probables des individus la composant.

Parmétonymie, le mot sondage désigne également les résultats de l'étude par sondage. Les sondages d'opinion les plus connus du grand public sont réalisés par les instituts de sondage.

Le développement des sondages d'opinion estintimement lié à l'extension de l'usage de cette méthode en sciences humaines.Au XVIe siècle, Machiavel évoque déjà la nécessité de manipuler l'opinion publique en composant avec ses forces et ses faiblesses pour que legouvernement assure au mieux l'intérêt public.

L'intervention de l'opinion publique est ainsi particulièrement marquée durant les périodes de campagnesélectorales.

Grâce aux sondages d'opinion, effectués à la demande des partis politiques, des leaders ou des gouvernements, une estimation du candidatle plus éligible est faite.

Cependant, dans leur grande majorité, ces sondages ne sont jamais rendus publics.Les élections présidentielles de 2012 font déjà l'objet de sondages.

On demande aux gens de se projeter dans l'avenir, en imaginant que les électionsauraient lieu prochainement.

L'actuel président Nicolas Sarkozy recueille ainsi 28% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, MartineAubry, secrétaire générale du PS, 20%, Dominique de Villepin, 8%, etc. 2 - Sondage d'opinion et mandatL'utilisation des sondages vaut également au cours des mandats.

Selon les informations du journal l'Express, la présidence a dépensé pour l'année 2008,3,2 millions d'euros pour les sondages.

Les sondages sont ainsi un appui considérable sur les mesures politiques à entreprendre.

Nicolas Sarkozyprétend avoir instauré la « transparence » dans les sondages, contrairement à ses prédécesseurs.

Il consacre une attention particulière aux expertisessondagières et calque ses analyses politiques dessus.

Jacques Chirac, François Mitterrand, Valérie Giscard d'Estaing se servaient également beaucoup desondages, sans pour autant les communiquer.

En dehors de périodes électorales, cet atout permet de surveiller la côte de popularité du président, deses ministres, et envisager éventuellement une réélection en fonction du soutien.

En outre, le président Sarkozy connaît par ces sondages, l'opinion desgens à propos de son action politique. Cependant, en dehors des sondages effectués pour les élections présidentielles, au cours des mandats, ou tout autre événement qui requièrent uneparticipation directe de la population, existe-t-il une véritable opinion publique ? 3 - L'opinion publique, assimilation et synonyme de sondage Le sociologue Dominique Reyné déclare dans son livre Le triomphe de l'opinion publique que cette présence de l'opinion publique ne fait l'objet d'aucuneconstitution spécifique.

Il qualifie l'opinion publique de « puissance énigmatique », de « grande pourvoyeuse de blâmes et de louanges, de notoriété etde réputation autant que d'ambitions, d'espoirs ou de craintes ».

Elle se matérialise selon lui, par l'usage des sondages, auquel elle est entièrementassimilée. Le sociologue Pierre Bourdieu écrit un article dans Les Temps Modernes, « L'opinion publique n'existe pas ».

Il relativise toutefois ses propos enexpliquant qu'elle n'existe pas du point de vue de ceux qui font les sondages d'opinion ou ceux qui en utilisent les résultats.

L'addition des réponsesobtenue avec l'enquête d'opinion, réalisée sur des publics très hétérogènes socialement, ne permet pas de savoir si tout le monde a une opinion sur laquestion, si même, tout le monde s'est posé la question et est en mesure d'y répondre, et si toutes les opinions d'un point de vue social, se valent.

Lepublic dévoilerait son opinion dite « personnelle » en fonction de leur groupe social, en particulier selon le capital culturel des individus mesuré à leurniveau de diplôme. 4 - Les médias, relais d'opinions En outre, les médias ont un rôle important à jouer, puisqu'ils commandent ces sondages d'opinion et relaient les résultats auprès des personnesauxquelles ils s'adressent, et influencent leur choix.Une émission de télévision, Face à France, faisait interroger une personnalité politique ou du spectacle par un échantillon, constitué par un institut desondage, d'une vingtaine de personnes, qui étaient censées être représentatives de la population française.

Malgré tout, cet échantillon était mis devantle fait accompli, sans préparation outre mesure, d'une série de questions ou d'une recherche sur la personnalité concernée.

Au fur à mesure desémissions, les spectateurs choisis pour participer à l'émission se sont sentis investi d'une mission et d'un rôle de représentant de la population française.Ils ont donc élaborer et travailler leur future rencontre avec la personnalité.A partir de cet exemple, comment peut-on imaginer l'existence d'une opinion publique autonome ? Les médias n'influencent pas seulement l'opinion, ilsle forment.

Ils poussent les récepteurs de l'information à la curiosité et à s'investir en prenant position clairement.

Les médias constituent le deuxièmefacteur de formation de l'opinion publique. Les sondages d'opinion constituent le cœur de l'opinion publique.

Avec leur utilisation par les politiciens en période d'élections ou de mandat, ils aident àélaborer une politique prenant en compte les attentes de la population.

Malgré tout, sans l'intervention de ces sondages, il est difficile de concevoir uneopinion publique autonome.

Les médias, par leur relais de ces sondages, leur publication, leur critique et l'intervention de personnalités publiques,contribuent à la création d'une opinion publique qui reste toutefois dépendante de ces facteurs. III - L'opinion des publics existe sans les sondages 1 - Syndicats, ONG et manifestations publiques. »

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