NAISSANCE DU MOUVEMENT Communiste INTERNATIONAL de 1920 à 1929 : Histoire
Publié le 01/01/2019
Extrait du document
Aux premières heures de la révolution russe d’Octobre, Lénine s’écrie : «Vive la révolution mondiale!» Il conçoit, en effet, la prise du pouvoir par les bolcheviks russes uniquement comme un prélude, un exemple qui sera immanquablement suivi. Bien plus, la révolution socialiste qui s’est produite dans le maillon le plus faible du capitalisme, dans un pays que tous considèrent arriéré du point de vue des structures productives et sociales, ne peut survivre sans l’extension de la révolution à l'Europe et, par les colonies qu’elle possède, au monde. Le mouvement socialiste entre alors dans une nouvelle phase de son histoire. Il est en crise depuis la guerre, n'ayant pu s’y opposer et faire prévaloir les intérêts de la classe ouvrière sur ceux des Etats. Avec l’expérience bolchevique, il est confronté au mode de la prise du pouvoir et de son exercice. La révolution russe pourra-t-elle gagner le monde à ce que l’on ne tarde pas à désigner du nom de communisme?
La révolution européenne
La révolution de février 1917, que l’on qualifia de bourgeoise, fut très largement saluée. L’ancien Empire autocratique devenait une démocratie. Les gouvernements alliés espéraient qu’il n'en serait que plus âpre à la guerre, les socialistes le souhaitaient plus enclin aux réformes sociales.
Aux premiers jours de la révolution d’Octobre, la méconnaissance des bouleversements qui se produisent en Russie est quasi générale dans le monde. La guerre, la censure, les difficultés de communication et «des contradictions dans les récits» s’opposent à la circulation d’une information abondante et fiable. Marc Ferro estime même qu’«elle est jugée comme une crise russe de plus, voilà tout1». On observe ensuite des réactions contrastées aux premières mesures prises par le nouveau pouvoir bolchevique, y compris dans l’opinion socialiste. Le décret sur la paix (le 8 novembre 1917) est accueilli comme l’espoir que, enfin, la boucherie cesse et comme une terrible menace de voir celle-ci redoubler sur le front occidental. L’inquiétude cède la place à un sentiment de trahison, de «lâchage», à l’annonce de la signature de la paix séparée avec l’Allemagne. Il n'est pas jusqu’aux socialistes radicaux allemands, les spartakistes, pour considérer cette dernière comme un coup de poignard assené au mouvement révolutionnaire puisqu’elle renforce la détermination de l’impérialisme allemand. Qu’on juge l’expérience russe prématurée ou contre nature, personne ne la croit viable. Mais l’espoir tout autant que la hantise de l’extension de la révolution semblent, en 1918, fondés.
La Grande Guerre continue son œuvre destructrice par-delà l’arrêt des combats puis les traités de paix. Elle lègue une situation économique, sociale et morale insupportable pour beaucoup et de multiples raisons d’insatisfaction et de ressentiment dans le domaine international. Les mouvements sociaux se multiplient. L’intervention alliée contre les bolcheviks fournit un thème supplémentaire de revendication contre les gouvernements. En France, en Grande-Bretagne, les protestations s'amplifient. Les dockers refusent d'embarquer des munitions, des mutineries éclatent dans les troupes d’intervention. Ainsi, dans ce climat qui gangrène les structures sociales, la révolution semble pouvoir se développer d’autant plus que la révolution bolchevique exerce une «fascination sentimentale» sur l’Europe2.
Des formations communistes apparaissent en Bulgarie, en Pologne, en Autriche-Hongrie et en Allemagne. Les tentatives de prise du pouvoir se succèdent. Pourtant, toutes échouent et sont réprimées. Un gouvernement révolutionnaire s’installe en Finlande à la proclamation de l’indépendance. Début janvier 1918, de grandes grèves sont déclenchées en Allemagne. En Autriche, les ouvriers réclament la signature de la paix que propose la Russie. À Vienne, lors de la grève suivie par 600 000 ouvriers, des «conseils» sont mis en place. Ils sont, pense-t-on, la réplique des soviets russes. Fin 1918, le parti communiste polonais exerce le pouvoir dans le bassin de Dom-browa. En Bavière est instaurée la République des Conseils en novembre 1918, puis en avril 1919. En janvier 1919, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg dirigent à Berlin le soulèvement spartakiste. En Hongrie, alors que les prisonniers de guerre sont rentrés de Russie où Karl Radek s’était chargé de leur «éducation». Bêla Kun organise un mouvement communiste dès mars 1919.
«
LE
MOUVEMENT COMMUNISTE
INTERNATIONAL.
En France, le congrès de Tours en /920
se clôt sur la scissiOII du parti socialiste.
La majorité des militants qui/lent la • vieille maison • pour adhérer
à la Section française de l'Internationale communiste.
Ci-contre: une carte de membre du parti communisre.
©J.-L.
Charmer
alliée contre les bolcheviks fournit un thème supplémentaire de reven
dication contre les gouvernements.
En France, en Grande-Bretagne,
les protestations �·amplifient.
Les dockers refusent d'embarquer des
munitions, des mutineries éclatent dans les troupes d'intervention.
Ainsi, dans ce climat qui gangrène les structures sociales,la révolution
semble pouvoir se développer d'autant plus que la révolution bolche
vique exerce une «fascination sentimentale» sur l'Europe2•
Des formations communistes apparaissent en Bulgarie, en
Pologne, en Autriche-Hongrie el en Allemagne.
Les tentatives de
prise du pouvoir se succèdent.
Pourtant, toutes échouent et sont répri
mées.
Un gouvernement révolutionnaire s'installe en Finlande à la
proclamation de l'indépendance.
Début janvier 1918, de grandes
grèves sont déclenchées en Allemagne.
En Autriche, le� ouvriers
réclament la signature de la paix que propose la Russie.
A Vienne,
lors de la grève suivie par 600 000 ouvriers, des «conseils� sont mis en
place.
Ils sont, pense-t-on, la réplique des soviets russes.
Fin 1918, le
parti communiste polonais exerce le pouvoir dans le bassin de Dom
browa.
En Bavière est instaurée la République des Conseils en no
vembre 1918, puis en avril 1919.
En janvier 1919, Karl Liebknecht et
Rosa Luxemburg dirigent à Berlin le soulèvement spartakiste.
En
Hongrie, alors que les prisonniers de guerre sont rentrés de Russie où
Karl Radek s'était chargé de leur «éducation,., Béla Kun organise un
mouvement communiste dès mars 1919.
Mais toutes ces tentatives échouent.
Le gouvernement fin
landais est balayé par la reconquête «blanche"· Le PC polonais est
déclaré hors la loi.
La république bavaroise disparaît le l" mai 1919.
En Hongrie, la Commune est renversée par les troupes roumaines
avec l'aide des Occidentaux, après .avoir été préalablement compro
mise par les dissensions internes.
A Vienne, c'est le parti socialiste
lui-même qui ordonne la reprise du travail.
Plus traumatisant encore
pour le mouvement socialiste est l'écrasement de l'insurrection sparta
kiste, liquidée en quelques jours.
Ses chefs sont assassinés.
Le KPD
(parti communiste allemand) est interdit.
Le SPD (parti social-demo
crate d'Allemagne), entré au gouvernement, avait accepté, dans le but
de mettre fin à la menace bolchevique et d'éliminer spartakistes et
socialistes indépendants de I'USPD, de s'allier à l'ancienne adminis
tration civile et militaire.
La révolution va-t-elle échouer du fait de l'étroitesse de son
assise populaire, de son manque d'organisation, de l'opposition fa
rouche de la gauche politique et syndicale réformiste?
LE KOMINTERN
Dans la conception de Lénine, la révolution doit être mon
diale ou se résigner à ne pas être.
En cela, il suit la logique de
l'enseignement marxiste.
Plus encore, et du point de vue de sa survie LE
MOUVEMENT COMMUNISTE
INTERNATIONAL.
La révolurion bolchevique, face d la guerre et d la
crise économique, doit mobiliser toures les
énergies.
Ci-dessus: un samedi dt rra110il
communiste à Moscou, tn /920.
©APN
LE MOUVEMENT COMMUNISTE
INTERNATIONAL.
Des soulèvements communistes éc/atenr dans taure
l'Europe au débur de la décennie.
Ci-conrre: des
comm unistes bulgares suivent une instruction
militaire.
© UPJ- Bettmonn Newsphotos
concrète, Trotski, au lendemain d'Octobre, pose l'alternative : «Ou
bien la révolution russe va déclencher une cascade de luttes en Oc
cident ou bien les capitalistes de tous les pays vont étouffer notre
lutte.» Lénine, tout comme il a organisé le parti oolchevik selon les
principes énoncés dans Que faire?, s'attache alors à structurer le mou
vement communiste naissant.
Il hâte la création d'une nouvelle Inter
nationale communiste, le Komintern, en rupture avec la n• Inter
nationale socialiste.
Par la formation, lors de la conférence de
Zimmerwald en 1915, du Comité international permanent, il avait
déjà marqué son opposition à cette institution «en faillite».
En outre,
la fondation du KPD en décembre 1918 justifie, à ses yeux, la création
d'une organisation communiste internationale chargée de coo rdonner
et de développer la révolution.
Le Komintern doit être un état-major
et conduire la stratégie offensive du prolétariat à l'échelle mondiale.
Le 24 janvier 1919 sont invités à "la conférence internatio
nale communiste» les groupes opposés à la ne Internationale.
Le
2 mars, cinquante délégués, dont quinze avec voix délibérative, sont
réunis.
La faiblesse numérique des participants, la surreprésentation
de l'Europe (vingt-huit délégués) par rapport au reste du monde
(seuls Chinois, Coréens et Persans sont présents) et du parti bolchevik
(huit des Européens), l'absence des grandes organisations socialistes
de l'Europe occidentale ainsi que l'opposition du mouvement socia
liste international, réuni concurremment à Berne, posent le problème
de la représentativité de cette assemblée.
Toutefois, la résolution qui
fonde le Komintern est adoptée le 4 mars.
«Organisation commune,
unifiée et internationale», elle regroupe les «éléments prolétariens>>
débarrassés des «Social-traîtres» en un parti mondial de la révolution.
La mise en place d'un appareil efficace et la définition d'une
politique cohérente s'effectuent lors du JI< congrès, en juillet 1920.
Deux cents délégués y assistent; parmi eux se trouvent les figures de
proue du socialisme européen : Marcel Cachin et Ludovic Oscar Fros
sard, Giacinto Menotti Serrati, Paul Levi.
Afin d'être «l'organisme
combattant du prolétariat international�, sa structure est calquée sur
celle du PCR(b) (parti communiste de Russie) dont l'efficacité a été
prouvée.
Le congrès mondial est l'organe suprême du Komintern.
Il
se réunit, théoriquement, tous les deux ans.
Il élit un comité exécutif
qui choisit, en son sein, un présidium, un orgburo et un secrétariat.
Ces deux derniers organismes sont fondus en un secrétariat politique
en décembre 1926.
I.:attion du Komintern s'appuie sur des services
techniques, dont une école et une division des communications inter
nationales chargée de la circulation clandestine.
En outre, des conseil
lers soviétiques sont envoyés dans les partis locaux, les responsables
nationaux sont appelés en consultation à Moscou.
L'action est prolon
gée par des organisations de masse (des femmes, des jeunes, le Sc-.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- LE SURRÉALISME de 1920 à 1929 : Histoire
- LA MUSIQUE de 1920 à 1929 : Histoire
- Les arts décoratifs de 1920 à 1929 : Histoire
- L'art de l'affiche de 1920 à 1929 : Histoire
- MODE de 1920 à 1929 : Histoire