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Le cas de l'homme aux rats (FREUD)

Publié le 17/09/2006

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Ce cas fut rapporté sous le titre original de Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle. Le but principal de Freud, en publiant ce cas, était d'illustrer les mécanismes de déplacement et d'érotisme sadique-anal, qu'il devinait sous-jacents à la plupart des cas de névrose obsessionnelle. Ce texte rend très claires la forme et les assises du cas. Il s'agit du compte rendu d'une analyse intégrale et couronnée de succès, analyse ayant duré onze mois. Le patient fut soulagé de ses symptômes, et, jusqu'à sa mort au cours de la Première Guerre mondiale, demeura en bonne santé. Le nom souvent donné à ce cas provient de la frayeur obsessionnelle centrale dont se plaignait le malade. Elle était en rapport avec une effroyable torture, qu'un collègue officier, en manoeuvres avec notre malade, avait mentionnée en passant comme une forme de châtiment parfois appliquée en Orient.

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« assassine la vieille femme.»Freud signale que ce qui s'était produit, c'est que le ressentiment du patient contre la vieille grand-mère maladel'avait poussé d'abord à souhaiter sa mort, ensuite à s'imaginer qu'il avait l'intention de la lui donner, et finalement àconsidérer que lui-même ne méritait que de se tuer pour entretenir des passions aussi barbares et meurtrières.

Maisdans la conscience du malade, ces idées ne se présentent en réalité que suivant l'ordre inverse, et de façonbeaucoup moins claire.Le deuxième exemple concerne les déplacements, les arrangements compliqués entourant le paiement de la secondepaire de lunettes délivrée au bureau de poste alors que le malade était en manoeuvres.

Il finit par reconnaître qu'ilavait ressenti de l'intérêt pour la buraliste, qui serait une compagne plus accessible que la femme aimée, lointaine etparfois capricieuse.

Sa plus ancienne expérience d'ordre sexuel l'avait rendu à la fois jaloux et vivement désireuxd'en savoir davantage au sujet des mystères du corps et du tempérament féminins; depuis lors il s'était senti trahi,frustré là-dessus.

Son père, inévitablement, se dressait comme un symbole de la barrière existant entre sa jeunesseet son inexpérience d'une part, et d'autre part la maturité et la confiance en soi qu'il désirait sans les pouvoiratteindre.

Voilà pourquoi le père était compris dans l'extravagant châtiment que le sentiment de culpabilité dupatient le poussait sans trêve ni repos à tâcher d'éviter.L'histoire entière de ce cas regorge d'exemples qui eussent pu provenir de cas de névrose obsessionnelle rencontréspar n'importe quel médecin dans sa pratique clinique.

Ses plus anciennes préoccupations sexuelles, le patient lesavait trouvées à la fois agréables et torturantes, mais productrices d'angoisse et de frustration continuelles; à sespremières érections, il avait réagi en allant s'en plaindre à sa mère.

Il s'était demandé si c'était nécessaire, car ilavait déjà conçu l'idée morbide que ses parents connaissaient toutes ses pensées, idée qu'il ne pouvait s'expliquer àlui-même qu'en supposant qu'il les avait exprimées tout haut sans s'en rendre compte.Nous avons choisi ces trois cas parmi les onze plus longues histoires de cas publiées par Freud, car ils illustrent troisaspects de l'analyse d'une névrose de transfert; d'autres histoires de cas s'imposeraient, mais on pourra les lire dansleur version originale.

Celle qui se trouve décrite avec le plus d'intensité est le cas de l'Homme aux loups, ainsinommé d'après un rêve qu'il raconta, et dans lequel un arbre situé devant la fenêtre de sa chambre à coucher étaitplein de loups, à propos desquels il avait de multiples phobies.L'analyse effectuée par Freud des souvenirs infantiles de ce patient fournit tant à ce dernier qu'à son médecin laréminiscence directe de la scène primitive : expression forgée par Freud afin de désigner le fait pour un enfantd'assister à l'acte sexuel.Tout de suite avant d'atteindre le point auquel, avec infiniment de circonspection, Freud finit par se lancer dans uncompte rendu de cette hypothétique expérience visuelle faite par son malade, alors âgé d'environ huit ans, Freudobserve :« Je suis ici parvenu au point où je dois abandonner l'appui que m'a jusqu'ici offert le cours de l'analyse.

Je crainsque ce ne soit aussi le point où le lecteur me retire sa foi.

»A lire entièrement les histoires de cas rédigées par Freud, il se peut que leurs traits les plus frappants soient saremarquable mémoire du détail et sa faculté exhaustive de traiter de toutes les complexités du cas, s'en servant àl'appui des diverses hypothèses formulées dans la présentation.

Nul autre analyste n'a égalé ce talent particulier;mais il est douteux qu'un autre que le fondateur de la psychanalyse aurait pu être capable de faire un usage aussivaste de la minutieuse richesse des détails récoltés dans les histoires.

Résultat paradoxal : malgré l'acuité, la clartéavec lesquelles Freud était capable d'écrire, il impose une tâche énorme à ses lecteurs.

Grande est la tentation desauter des passages, ou d'essayer de systématiser : il est inévitable de reconnaître le caractère lassant, aussi bienque le gigantesque labeur inhérents au procédé original de la psychanalyse.

On ne gagnerait rien à citer plus endétail l'Homme aux loups ni d'autres cas; mais encore une fois le lecteur qui souhaite avoir idée de ce qu'on pourraitnommer la pure essence de la description clinique, de l'induction, de la déduction et de la présentation freudiennes,ne saurait mieux faire que de se reporter à l'histoire originale du cas, telle que l'a rédigée Freud, et d'y découvrirpour soi-même si le cri d'angoisse, poussé par l'auteur et cité plus haut, émeut son coeur et son imagination, ou faitseulement écho à son incrédulité horrifiée.

Freud eût été prêt pour les deux réactions, qu'il eût pardonnées l'une etl'autre.. »

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