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Grand oral du bac : RITES ET CROYANCES

Publié le 03/02/2019

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Totems et tabous

 

Le totémisme s’inscrit dans le cadre des relations entre l’homme et la nature, en ce sens que les objets totémiques sont issus du monde naturel. Il s’agit en général d’animaux ou de plantes. En outre, bien qu’il revête avant tout une fonction sociale, le totémisme implique également une certaine vision du monde.

 

11 est en vigueur chez les peuples dont la structure sociale se caractérise par la division en clans, dont chacun a sa propre mascotte rituelle. L’appartenance à ces clans est héréditaire et immuable. Elle impose l’observance de règles très strictes, notamment en ce qui concerne les mariages.

 

Les tabous sont des interdictions. Ils prohibent certaines activités enfreignant l’ordre social ou naturel. Violer un tabou porte malheur. Les tabous, si irrationnels qu’ils paraissent, s’avèrent souvent des moyens efficaces de régler les problèmes posés à la société par le monde naturel. Toute communauté possède, aujourd’hui encore, ses propres tabous.

 

Par exemple, dans l’archipel de Yap en Micronésie, tout élément est traditionnellement classé en pur ou impur (de sorte que même dans un couple le mari et la femme ont des cuisines, une vaisselle et des régimes alimentaires différents). Adaptés aux règles imposées par la caste, le clan et la propriété des terres, les tabous ont grandement limité les mouvements des insulaires, entraînant peu à peu une surpopulation. Les archéologues estiment qu’à son apogée la population de Yap s’élevait à 34000 individus sur une superficie ne dépassant pas 100 km2.

 

Le culte religieux

 

À mesure que sont apparues les religions, chaque communauté a établi son panthéon de divinités aux rôles et aux sphères d’influence spécifiques. Leur culte était soumis au contrôle des prêtres et s’ajoutait aux pratiques religieuses locales avec leurs autels et leurs objets symboliques issus de la nature. En fait, toute manifestation naturelle trouvait sa contrepartie dans les croyances populaires.

 

Peinture ornant un livre mexicain datant de l’époque précolombienne et représentant un sacrifice humain.

 

Ces actes étaient souvent un recours face aux aléas du monde naturel.

 

Dans la Grèce antique, chaque arbre ou rivière possédait son esprit ou sa nymphe.

 

Le paganisme pèse aujourd’hui moins lourd dans l’héritage chrétien que le judaïsme, qui a modelé la vision chrétienne de la nature. Dans la Genèse, qui est le fondement de la religion juive, les hommes ont une absolue prééminence sur les animaux et le droit d’en user à leur guise. En effet, dans le judaïsme et le christianisme les animaux n’ont pas d’âme. La volonté divine ne s’intéresse qu’à la seule humanité et s’inscrit dans un temps historique limité. De même, « la grande chaîne de l’être » du christianisme médiéval situait les hommes entre les animaux et les anges.

 

Toutes les religions ne portent pas l’homme au pinacle. Dans l’hindouisme et le bouddhisme, l’homme est voué à une série de naissances, de morts et de réincarnations avant de se libérer de sa condition. Dans l’hindouisme, il peut avoir vécu une vie antérieure sous la forme d’un animal et le bouddhisme lui refuse même l’éternité de l’esprit. Dans ces deux religions, le monde ne progresse pas vers une fin historique prévisible, mais traverse une série innombrable de créations et de destructions. De telles visions ne sont pas propres à nourrir en l’homme un sentiment de

 

Ronald Sheridan/Ancient Art & Architecture

supériorité vis-à-vis de la nature. Le taoïsme chinois, pour lequel l’humanité est partagée entre le yin et le yang, désapprouve ainsi toute tentative propre à modifier le cours naturel des choses.

 

L’approche occidentale

 

À partir de la Renaissance, la chrétienté cède progressivement le pas devant une société séculière. Le fondement du sentiment de supériorité de l’homme n’est plus seulement théologique mais aussi technologique. Des théories mécanistes se développent et présentent la nature comme susceptible d’être transformée. À l’ère de la révolution industrielle, la réaction antimécaniste nourrit une vision romantique de la nature dans les arts et la littérature.

 

Il a fallu les catastrophes écologiques de ces dernières décennies pour saper la foi de l’homme en son absolue suprématie et lui dicter une attitude de plus grand respect vis-à-vis de la nature. On ne peut pas continuellement gaspiller les ressources naturelles qui ne sont pas inépuisables. De même, on ne peut pas vouer à l’extinction de nombreuses espèces animales et végétales dont la survie est indispensable au maintien

« Rites et croyances 1 Le cercle de pierre de Stonehenge a était sans aucun doute un lieu sacré.

La position de certaines pierres dressées est en corrélation avec celle du soleil levant à certaines dates clefs de l'année, comme par exemple celle du solstice d'été.

saient, peut-être même des sacrifices visant à ranimer le Soleil défunt à l'issue de l'hiver.

Les rites religieux Dans Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912), le sociologue Emile Durkheim définit ainsi les relations entre les rites, le sacré et la reli­ gion: «La religion est l'administration des choses sacrées (protégées par des interdits et isolées du monde profane) et les rites servent à préciser comment l'homme doit se comporter avec celles­ ci>> .

Le domaine du sacré est un domaine à la fois �" dangereux et prometteur; dangereux parce que .� toute profanation constitue un acte grave qu'il � faudra expier d'une manière ou d'une autre; pro­ "" metteur parce qu'il est le siège d'une puissance Ji � suprahumaine susceptible de se manifester et de rendre service aux humains dans certaines cir­ � constances.

On ne peut donc aborder les choses � sacrées que muni de certaines précautions; le a: rituel se présente, à ce titre, comme une voie de � passage, comme une alternative à l'interdit.

Il per- met de domestiquer ce qui est au-delà du pou­ voir des hommes et pour auquel ils accrochent quelque espoir.

Dans la plupart des religions, cer­ tains individus se spécialisent dans la connais­ sance des choses sacrées et dans les rites permet­ tant d'y accéder.

Ces individus sont, au plein sens du terme, des "média teurs».

Les rites sacrificiels 1 Sur une ile a indonésienne, un prêtre-sorcier, revêtu de l'habit rituel, examine le foie d'un mouton qui vient d'être immolé afin de fournir un support à ses prédictions sur la prochaine saison des pluies.

� Des danseurs dogons, masqués.

Chez ce peuple du Mali, comme chez maints autres peuples primitifs, les masques jouent un rôle essentiel dans les rituels.

expriment bien ce mouvement qu'ils opèrent entre deux mondes.

Dans la religion védique, par exemple, le brahmane doit évoluer progressive­ ment vers l'état qui lui permet d'officier le sacri­ fice -état dangereux où il est en contact avec la divinité -, puis il doit en revenir progressivement pour retrouver son état initial d'avant le sacrifice.

Le tout constitue le rite sacrificiel.

De même, dans la religion catholique, le sacrement de l'eu­ charistie permet la capture de la divinité; il la rend présente à travers l'hostie, et seul le prêtre est en mesure d'opérer cette transformation.

En administrant aussi bien les rites que les interdits, la religion veille aux modalités de pas­ sage entre le monde profane et le monde sacré.

Plus que la croyance au divin, c'est l'existence conjointe de croyances et d'un corps de rites y donnant accès qui fait le lien entre toutes les reli­ gions.

Les rites sacrés Alors que la pratique religieuse est orientée, de façon désintéressée, vers une force transcendan­ tale, la magie consiste en savoirs, croyances et pratiques rituelles nées du besoin d'agir sur cette force.

Ce caractère «pragmatique» de la magie l'a longtemps fait passer pour une science «bâtarde» procédant d'une causalité fausse, qui correspondrait à un stade de pensée comparable à celui que mettent en œuvre les enfants.

Il a fallu attendre les travaux de Claude Lévi-Strauss, au début des années 1960, pour découvrir que la magie est davantage concernée par la manipula­ tion et l'interprétation des signes du monde visible que par l'explication des phénomènes du monde invisible.

Les légendes et les croyances attribuent souvent à des divinités ou à des êtres surnaturels un pouvoir sur les éléments.

Ainsi, chez les peuples chasseurs, existe-t-il couramment un maître des animaux qui contrôle l'abondance du gibier.

Les dieux sont également chargés d'ap­ prendre aux hommes l'art de la chasse ou de l'agriculture, mais il arrive que ces secrets soient dérobés aux divinités par l'entremise d'un animal pour être livrés à leur insu aux hommes.

Il existe enfin une catégorie de mythes et de légendes qui expliquent les phénomènes naturels, comme les tremblements de terre ou les éclipses, par l'inter­ vention d'un monstre.

Les pratiques rituelles Les pratiques rituelles liées à des faits naturels revêtent d'innombrables formes chez les peuples primitifs.

La plupart de ces cérémonies sont desti­ nées à assurer un approvisionnement suffisant en nourriture, à rendre fructueuse la chasse ou la pêche ou encore à faire tomber la pluie néces­ saire aux récoltes.

Elles sont parfois communau­ taires : tous les adultes ou tous les hommes y par­ ticipent.

Ils chantent et dansent ou pratiquent des sacrifices rituels.

Dans d'autres cas, elles sont accomplies par un spécialiste, un chaman, ou médecin sorcier, qui accomplit des rites secrets transmis au cours de son initiation.

Le terme chaman est d'origine sibérienne et désigne un homme capable d'entrer en transe et de communiquer avec un esprit universel, géné­ ralement dans le but de soigner les maladies, de lire le passé ou l'avenir ou encore de conduire un défunt dans l'au-delà.

Ces pratiques et ces croyances, que l'on retrouve chez de nombreux peuples primitifs, ont parfois pour objectif d'agir directement sur les éléments naturels.

Il s'agit de. »

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