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La pauvreté hérétique : interrogatoire à l'Inquisition de Bologne (9 décembre 1303) - histoire des religions

Publié le 29/08/2012

Extrait du document

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Accroche :

Le texte présenté est le parfait exemple d'un interrogatoire mené par l'Inquisition au XIIIe siècle. Il expose alors la vision de l'Eglise et du clergé qu'ont certains laïcs adeptes de la pauvreté évangélique. Nature du texte : Ce document est un compte-rendu de la première injonction (convocation) de l'interrogatoire de Bologne du 9 décembre 1303. Il fut mené par le Frère Guido de Vicence, dominicain de l'Ordre des Prêcheurs, ceci s'occupe entre autres de l'inquisition depuis la bulle du pape Grégoire IX, « Excommunicamus « en 1223. Cette interrogatoire est à l'encontre de Zaccaria, un simple laïc suivant les préceptes de Segarelli de Parme et de son successeur Dolcino de Novare, connus sous le nom d' « apostoliques « ou de « pauvres du Christ « et condamnés depuis 1286. On ne connaît pas l'identité du scribe qui a notifié l'interrogatoire. Ce rapport est d'une grande utilité pour l'inquisition dans le but identifier, et comprendre l'hérésie afin de pouvoir lutter plus efficacement contre elles. Depuis la fin du XIIème siècle, l'Eglise est particulièrement attentive à toutes sortes de manifestations dissidentes qui pourraient remettre en cause son pouvoir spirituel comme son pouvoir temporel. Avec la lutte contre les Albigeois, puis les Vaudois, la prolifération de ces mouvements est très complexe à contenir. Le pape Benoit XI, élu depuis octobre 1303, était à l'origine maître de l'Ordre des Prêcheurs. Il se retrouve dans une situation délicate entre la diplomatie critique avec la France et la constance multiplication des élans laïc. Ces mouvements sont rapidement jugés hérétiques et pourchassés par l'inquisition afin de les remettre sur le droit chemin. Parmi ces hérésies, beaucoup sont, comme le dit le texte « des pauvres hérétiques «. Le clergé estime qu'il y a bien assez d'ordres mendiants avec les dominicains, les franciscains, les Carmes et les Augustins. Le texte pose donc une problématique fondamentale : 

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« par le concile de Lyon de 1274, une interdiction de fonder de nouveaux ordres et que les congrégations non-autorisées doivent cesser leurs activités. 4) Une connaissance théologique Dans le texte, on peut remarquer une connaissance assez poussée de la théologie.

Zaccaria sait de quoi il parle, il semble bien connaître son sujet.

On retrouve de laligne 29 à 46 la théorie des quatre âges qui divise le temps de la croyance chrétienne.

Cette vision fut portée à l'origine par Joachim de Flore, avec quelquesdifférences tout de même.

Celui-ci naquit vers 1130 et mourut en 1202.

Il aurait eu une vision prophétique sur le mont Thabor vers 1159.

Elle se fonde sur lacorrespondance entre les trois personnes de la Trinité, ce qui signifie que contrairement à la croyance de Zaccaria il n'y a pas quatre mais trois âges.

Le quatrième âgefut rajouté bien plus tard par Dolcino.

Selon Joachim de Flore, les trois âges se divisent ainsi : l'Âge du Père c'est-à-dire tout l'Ancien Testament, l'Âge du Fils doncles évangiles et l'église doctrinale puis le troisième Âge, celui d'une église nouvelle.

La vision des Pauvres Apôtres est différente et y rajoute des précisions.En premier vient l'Âge du Père (que l'on retrouve ligne 31 « temps ou le christ est descendu dans le monde »), on peut y voir un certain décalage dans la vision del'hérétique puisque lui commence non pas à la création mais à la naissance du Christ et se termine à l'époque de Saint Sylvestre.

Alors les croyances des Dolciniensest conforme à celle de Joachim.

Sylvestre 1er était un Romain qui hébergeait des chrétiens persécutés.

Il fut pape de 314-335 lors de la diffusions christianisme dansl'empire romain germanique.Puis viens l'Âge du Fils qui correspond à celui des clercs et de la Foi ( ligne 35 « la Sainte Eglise commence à avoir des possessions et des biens propres »).

Làégalement on retrouve un décalage car, pour Dolcino, cet Âge commence à la naissance du Christ jusqu'à la Saint Sylvestre, c'est-à-dire avant les possessions del'église.

Il se caractérise donc par les vertus de la véritable église apostolique.Puis vient enfin l'Âge de l'Esprit, où régnera sur terre un nouvel ordre monacal (règne des saints) (à la ligne 38 « qui commença au temps des Saints Dominique etFrançois »).

En effet, Gherardo Segarelli, à la fondation à Parme de l'ordre des apostoliques, est convaincu qu'il s'agit là du véritable ordre mendiant qui ouvrira lesportes du troisième Âge.

Les Franciscains croient également se reconnaître dans les moines de l'âge annoncé.

Il faut savoir qu'en 1215, au concile de Latran IV, sonLivre sur la Trinité est condamné.

En revanche, la pensée dans son ensemble n'est pas censurée.

Sa vision est globalement acceptée par l'Eglise mais quelques pointset interprétations semblent poser problème.

Toutefois, selon « Dolcino», le troisième Âge est un âge de démoralisation et de dépravation.

C'est pourquoi, il rajoute unquatrième âge qui, dans le discours de Zaccaria, selon la ligne 43, est celui de « l'église et de pauvreté » dont il fait partie aux cotés des « frères prêcheurs, des clercset des moines »(ligne 44 et 45).

Pour Dolcino, c'est bien plus que cela : c'est le redressement radical avec la disparition du clergé qu'il soit régulier ou séculier.

Pourlui, cela devait se produire sous peu.

Le quatrième Âge arriverait à son terme à la fin du monde (qui est mentionné ligne 53 « l'Eglise ne comprend pas bien lesparoles des prophètes de l'apocalypse ») on peut voir à travers cette phrase qu'il y a une forte croyance eschatologique qui vient également de la théologie de Joachimde Flore.Pourquoi tant d'erreur à propos d'un sujet qu'il semble maîtriser ? Erreurs volontaires ou non ? Peut-être est-ce par éloignement de la source même des PauvresApôtres ? Ou l'état dans lequel il était pour répondre aux questions ? Quoi qu'il en soit, on peut ressentir une vive critique de la richesse de l'Eglise, et de l'ignorancedes Ecritures.

Pour Zaccaria, il semble que le clergé séculier soit riche de biens et pauvre d'esprit, ce qui est contraire aux principes même de la Bible.

Ce texte nousdévoile donc les pensées des hérétiques grâce aux pratiques inquisitorial. III- L' Inquisition : un nouveau pouvoir 1) Le Rôle de l'inquisiteur Alors que la croisade des Albigeois est terminée, on peut constater que les hérétiques n'ont pas vraiment diminué, mais il sont en revanche plus difficiles à trouver carils ne s'affrontent pas directement à l'église.

Le Saint Siège se trouve dans une situation désagréable puisque tout à fait impuissant.

Ainsi, le pape Grégoire IX vacréer l'Inquisition vers 1233 pour traquer l'hérésie, remplaçant ainsi les évêques qui n'obtenaient pas beaucoup de résultats.

Ainsi les Dominicains se retrouvèrentchargés de cette lourde tâche.Il faut dans un premier temps comprendre la vision de l'inquisiteur.

En temps que juge de l'Eglise, il est le défenseur de la foi et la vengeance des injures faites à Dieupar l'hérésie.

Mais il est également, et peut être même plus, un confesseur pour le salut des âmes que l'erreur traîne en perdition.

Afin de remplir leur mission, lesmoyens importaient peu.La première chose que l'on exigeait de l'individu est une soumission absolue au père spirituel qui travaille au salut de leurs âmes.

Pour cela ils devaient faire leserment d'obéir à l'église (Ligne 5et 6 « [prêter] serment d'obéir aux commandements de la sainte Eglise romaine »), de répondre par la vérité à toutes les questionsqui lui seraient posées (Il refuse ligne 6 à 8 « il a toutefois refusé de prêter le serment de dire la vérité pour tout ce qui ne toucherait pas les articles de foi et l'officed'inquisition »), puis de dénoncer tout les personne dont il sait qu'ils sont également des hérétiques (il refuse également, ligne 8 à 11 « il n'a pas l'intention […] dedénoncer, accuser, ou incriminer certains de ses semblables, ni dire où il sont… »), il doit également se soumettre à toute pénitence qu'on lui imposerait.Le rôle de l'inquisiteur va plus loin encore que celui d'un juge dans le sens où il doit non seulement établir des faits, mais également s'assurer des pensées les plussecrètes et des opinions intimes de l'accusé.

C'est un phénomène que l'on peut constater tout au long de ce document à travers des questions telles que « interrogé s'ilcroit que frère Guido, susdit inquisiteur, offense Dieu pour l'avoir capturé et poursuivi » ligne 41 ou encore « interrogé si l'Eglise romaine est bonne ou mauvaise »ligne 50.

Il s'agit donc de condamner un individu pour un crime spirituel, il faut donc prouver que l'usurier ne considérait pas l'usure comme un crime ou que lesorcier préférait se fier au démon plutôt qu'à Dieu… Ainsi on peut donner l'exemple d'un prêtre qui vivait en concubinage et qui fut condamné pour avoir célébrer lesmesses en état d'impureté et non pour des problèmes de chasteté.

Ainsi les pratiques de d'interrogatoire sont capitales pour ramener les brebis égarées et d'éliminer lesbrebis galeuses. 2) Les pratiques de l'interrogatoire La marche ordinaire d'un procès d'inquisition et dont Zaccaria a été la victime est la suivante.

Une personne a été dénoncée comme hérétique à un inquisiteur où il futnommé au cour des aveux d'un prisonnier.

Les inquisiteurs procèdent alors à une enquête secrète sur cette personne.

Ils recueillent des informations et destémoignages.

Quand et s'il y a suffisamment de preuves, on le somme secrètement de comparaître à une date précise.

S'il paraissait disposé à fuir, on l'enfermait dansune cellule jusqu'au jour de comparution (tout cela sont des choses qui ne sont pas stipulées dans le document, on ne sait pas s'il fut dénoncer, s'il a tenter de fuir…)on ne sait donc pas quel était l'état physique et mental de l'interrogé.

De plus, le document reste muet sur les réactions ou les attitudes de l'accusé, si bien que l'oncroirait cette interrogatoire consenti.La seul chance pour l'accusé de s'en sortir était d'avouer les accusations porté contre lui, d'abjurer l'hérésie et d'accepter toute pénitence imposée(de la ligne 10 à 11,on peut voir que Zaccaria refuse d'abjurer « il n'a pas l'intention […] d'abandonner son statut, celui des pauvres apôtres » même si de la ligne 10 à 15 il reconnaîtavoir abjuré une première fois « entre les mains dudit inquisiteur »).

Car s'il persistait à nier sa culpabilité, sa situation devenait celle d'un hérétique impénitent,obstiné, juste bon à être brûlé vif par le bras séculier.Le moyen le plus simple d'obtenir des aveux est ce dont le document est la parfaite illustration, est l'interrogatoire.

Pour ce faire, l'inquisiteur étudie tout lescontradictions du prisonnier qui ne sait la plupart du temps pas quelles charges sont retenues contre lui.

Interroger devient pratiquement un art pour l'inquisition, avecdes subtilités, des pièges afin de troubler l'individu et de le pousser à se contredire.

En effet, dans le texte on peut observer que chaque question à un but bien précis.Il part de questions anodines dont il connaît les réponses comme ligne 12 « interrogé s'il a déjà abjuré la doctrine, croyance, vie et secte de Gerardo Segarelli » ouencore ligne 19 « interrogé quelle vie et doctrine il suit et observe ».

Puis il interroge sur des points plus litigieux comme à la ligne 50 « interrogé si l'Eglise romaineest bonne ou mauvaise » ou ligne 51 à 52 « interrogé si l'Eglise a l'intelligence et connaissance des Ecritures ou non » Cela dit, Zaccaria ne semble pas vouloir cacherbeaucoup de choses aux inquisiteur même s'il semble évasif sur certains points. Conclusion Nous avons donc pu voir tout au long de ce sujet que la remise en cause et les nombreuses réformes de l'Eglise prouve qu'elle tente de s'adapter à l'évolution deschoses.

Cela dit elle semble, pour les laïcs, s'éloigner de plus en plus de l'idéal évangélique de la Sainte Bible.

En effet, la chrétienté touche la quasi-totalité del'occident, il est loin le temps de Sylvestre premier, où les chrétiens étaient persécutés et martyrisés.. »

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