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Les Pèlerinages du moyen-âge

Publié le 17/01/2022

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L’hypothèse se fonde sur la présence le long des routes menant à Compostelle d’églises conçues pour répondre à l’afflux sans cesse plus grand des fidèles et pèlerins venus adorer les reliques des saints et pourvues de caractéristiques communes : vastes dimensions, abside contournée par un déambulatoire sur lequel s’ouvrent des chapelles rayonnantes, nef et transept allongés et élargis de collatéraux facilitant la circulation à l’intérieur de l’édifice, tout en respectant l’espace réservé aux moines ou aux chanoines dans le sanctuaire. Plusieurs églises reproduisent ce modèle. La cathédrale de Clermont consacrée en 946, l’abbaye Saint-Martin de Tours, construite à partir de 977 et aujourd’hui disparue, reflètent les premiers balbutiements et ont influencé les constructions postérieures de Saint-Martial de Limoges et de Sainte-Foy de Conques. Mais c’est avec l’élévation des deux églises sœurs, Saint-Sernin de Toulouse et Saint-Jacques de Compostelle, commencées dans le dernier quart du XI siècle, que cette forme trouve son aboutissement. Aussi séduisante soit-elle, la théorie d’un art du pèlerinage n’est pas exempte de critiques. D’autres constructions, toujours sur le chemin de Compostelle, elles aussi lieux de pèlerinages célèbres, l’église de Saint-Gilles, la cathédrale du Puy, s’écartent résolument de ce schéma. Déambulatoire, collatéraux et chapelles rayonnantes ne sont pas non plus l’apanage des églises de pèlerinage. En 1088, Cluny III en adopte aussi le principe.

« priant pour le succès de son entreprise.Parvenus dans l’église, les pèlerins s’installaient pour y passer la nuit, en veillée de prière.

A l’origine, le nombre de veillées n’était pas fixe, mais vers le XIIIe siècle,se développa la pratique des neuvaines (une série de neuf jours de prières).

Mais la plupart des veillées se déroulent dans la confusion la plus totale : certainsdorment, épuisés par le voyage, d’autres sont en proie à une surexcitation peu propice au recueillement, les mendiants implorent la charité, les malades gémissent…À Saint-Jacques de Compostelle, les pèlerins se groupaient par nationalité.

Les différentes langues résonnaient dans l’église ! Dans certains sanctuaires, on tenta defermer l’église pour la nuit, mais on dut y renoncer sous la pression populaire.

Ainsi, au début du XIe siècle, à Sainte-Foy de Conques, la foule pénétra de force dansl’église dont les portes, dit-on, s’ouvrirent toutes seules, ce qui fut considéré comme la volonté divine.

Pour son retour, le pèlerin prévoit de ramener avec lui quelqueobjet à la vertu thaumaturgique et un témoignage concret, une preuve de son pèlerinage.

Pour satisfaire son premier dessein, il se procure parfois une relique, pourrépondre au deuxième, il recherche un objet symbolique mais accessible : des palmes du « jardin d’Abraham » pour le pèlerinage à Jérusalem, les coquilles (lacoquille de Vénus) pour Saint-Jacques, sportelle en plomb de Rocamadour.

Le pèlerin n’oublie pas de prendre son certificat attestant que le pèlerinage a été bieneffectué. CONSEQUENCESLe développement des pèlerinages, la diffusion des reliques, l’imprégnation du sacré dans la vie quotidienne, font que des centres secondaires éclosent un peu partoutdans l’Occident médiéval, soit le long des routes des grands pèlerinages, soit dans des lieux où brusquement on découvre l’empreinte d’un saint ou un espace desacralité.

Ainsi les exemples peuvent se multiplier tant en Espagne, Notre-Dame del Pilar de Saragosse, qu’en Italie, Saint-Janvier de Naples, ou en France où leslieux du sacré prennent une dimension considérable : Saint-Gilles, Rocamadour, centre d’un culte marial, Saint-Sernin de Toulouse, le Puy, Conques…L’Espagne du Nord, le Midi de la France et l’Italie sont en la matière un champ d’investigation privilégié, compte tenu de l’extrême concentration des itinéraires etdes lieux voués au culte des reliques dans cet espace géographique.

De la nécessité de pourvoir à l’hébergement et au ravitaillement des pèlerins, parfois d’organiserleur transport d’une étape à l’autre, sont nés des centres urbains et économiques prospères.

Beaucoup, notamment en Lombardie, Toscane ou Languedoc, sontd’origine romaine et trouvent grâce aux pèlerinages un nouveau souffle.

D’autres sont des créations « ex nihilo ».

En Gascogne, des « sauvetés » sont fondées au XIIsiècle par les grands monastères de pèlerinage et les Hospitaliers tirent l’essentiel de leurs revenus de leur localisation, souvent volontaire, sur le chemin deCompostelle.

Ailleurs, Oviedo, Mont-de-Marsan, fondée en 1133, apparaissent ou se développent à la faveur des pèlerinages.L’activité ne se limite pas aux échanges commerciaux.

L’artisanat local est aussi stimulé par la venue des pèlerins.

Ainsi, les « concheiros », fabricants de coquilles,produisent en série et à prix modique des enseignes de métal en plomb ou en étain, plus rarement en argent ou en or, fondues dans des moules de pierre, dont ladiffusion touche tout l’Occident chrétien.

Rien qu’à Compostelle, plus de cent boutiques en font le commerce au XII siècle.

L’exemple de Saint-Jacques n’est pasunique.

En Languedoc, Saint-Gilles bâtit pour une bonne part la renommée de sa foire annuelle, chaque 1er septembre, jour de la fête du saint, sur le prestige de sonsanctuaire et sa situation d’étape vers Compostelle.Ces réussites exceptionnelles doivent toutefois être replacées dans un contexte plus général.

Fondations de villes nouvelles, essor des grandes foires ne sont paspropres aux régions traversées par les pèlerins.

Les pèlerinages n’en sont pas moins un facteur de succès supplémentaire.

Les autorités locales, laïques ouecclésiastiques, ont du reste conscience de cette opportunité, à l’image des rois de Navarre qui aménagent routes et cols (Somport, Roncevaux) pour attirer lespèlerins ou des moines de l’Hôtel-Dieu du Puy qui s’octroient en 1210 le monopole de la fabrication des insignes.L’hypothèse se fonde sur la présence le long des routes menant à Compostelle d’églises conçues pour répondre à l’afflux sans cesse plus grand des fidèles et pèlerinsvenus adorer les reliques des saints et pourvues de caractéristiques communes : vastes dimensions, abside contournée par un déambulatoire sur lequel s’ouvrent deschapelles rayonnantes, nef et transept allongés et élargis de collatéraux facilitant la circulation à l’intérieur de l’édifice, tout en respectant l’espace réservé aux moinesou aux chanoines dans le sanctuaire.Plusieurs églises reproduisent ce modèle.

La cathédrale de Clermont consacrée en 946, l’abbaye Saint-Martin de Tours, construite à partir de 977 et aujourd’huidisparue, reflètent les premiers balbutiements et ont influencé les constructions postérieures de Saint-Martial de Limoges et de Sainte-Foy de Conques.

Mais c’estavec l’élévation des deux églises sœurs, Saint-Sernin de Toulouse et Saint-Jacques de Compostelle, commencées dans le dernier quart du XI siècle, que cette formetrouve son aboutissement.Aussi séduisante soit-elle, la théorie d’un art du pèlerinage n’est pas exempte de critiques.

D’autres constructions, toujours sur le chemin de Compostelle, elles aussilieux de pèlerinages célèbres, l’église de Saint-Gilles, la cathédrale du Puy, s’écartent résolument de ce schéma.

Déambulatoire, collatéraux et chapelles rayonnantesne sont pas non plus l’apanage des églises de pèlerinage.

En 1088, Cluny III en adopte aussi le principe. Aux XIe et XIIe, le pèlerinage est une pratique commune à l’Europe chrétienne.

Au Nord (Angleterre, Irlande, France du Nord, Belgique, Germanie, …), dessanctuaires de grande renommée attirent nombre de pèlerins.

Mais l’originalité des pèlerinages dans l’espace méditerranéen occidental tient peut-être à la présence ouà la proximité des sanctuaires plus prestigieux, à la mise en place d’une organisation spécifique pour répondre à l’afflux convergent de pèlerins venus de toutel’Europe, et aux répercussions multiples, développement urbain et économique, rayonnement intellectuel et artistique… qui en résultèrent.

Le pèlerinage dans le Midia aussi contribué à brasser hommes et cultures, à favoriser des échanges au sein d’un monde déjà uni par des liens culturels tangibles.. »

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