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A genoux dans la brume

Publié le 22/02/2012

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Mémoire 1970 - Le chancelier de la République fédérale Willy Brandt, les yeux humides, le regard perdu, apparemment seul avec le souvenir des horreurs, à genoux sur le granit humide dans la brume du matin devant le mémorial dédié aux héros et aux victimes du ghetto de Varsovie. L'image, lorsqu'elle est apparue sur les écrans de la télévision, a coupé le souffle à beaucoup de spectateurs allemands, comme elle a profondément touché les témoins polonais de ce geste inattendu et extraordinaire d'humilité. La plupart des récits de la presse ouest-allemande témoignent de l'émotion qui a saisi tous ceux qui étaient présents au ghetto. " Cette minute, écrit le General Anzeiger de Bonn, durant laquelle le chancelier s'est mis à genoux devant les martyrs de la barbarie et de l'inhumanité pèsera très lourd dans les futures relations entre Allemands et Polonais. " De même, pour le correspondant de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, un " sentiment de honte " submergeait visiblement le chancelier Brandt, et tous les Allemands témoins de ce geste auraient éprouvé pendant cette minute des " sentiments analogues ". Pour chaque homme, sans doute, l'occasion se présente un jour de révéler une véritable grandeur d'âme. Quelles que soient les réticences de certains de ses compatriotes-et peut-être même à cause d'elles-le chancelier Brandt, l'un des Allemands dont la " pureté " à l'égard du nazisme ne saurait être mise en doute, a donc su, en ce " jour historique " du 7 décembre 1970, faire spontanément un geste grâce auquel l'accord entre la République fédérale et la Pologne a pris un sens profondément humain. JEAN WETZ Le Monde du 9 décembre 1970

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