Devoir de Philosophie

Afghanistan, guerre d'

Publié le 05/04/2013

Extrait du document

afghanistan

1   PRÉSENTATION

Afghanistan, guerre d', guerre menée par l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) sur le territoire de l’Afghanistan entre 1979 et 1988.

2   L’ENJEU AFGHAN AU REGARD DES RELATIONS EST-OUEST

À la fin des années 1970, l’URSS de Brejnev cherche à renforcer son rayonnement international afin d’accroître son poids dans les pourparlers touchant au règlement de la deuxième guerre froide. Selon le mot de Gromyko, l’URSS veut alors pouvoir dicter « l’ordre du jour des affaires internationales «. Dans cette optique, la diplomatie joue un rôle majeur, mais la logique de l’intimidation militaire et de l’expansionnisme géostratégique priment. À l’instrumentalisation de la puissance militaire (comme en témoigne l’escalade stratégique avec les États-Unis) et à la logique de l’oustrachènié (« l’intimidation, la dissuasion «) s’ajoute donc une politique impérialiste visant, dès que l’occasion se présente, à l’élargissement de l’aire d’influence communiste sur le tiers-monde. L’URSS prend alors pied en Angola et au Mozambique (à la faveur de la décolonisation portugaise), en Éthiopie, au Nicaragua et au Yémen-du-Sud.

Cette politique s’applique plus naturellement encore aux régions proches de l’URSS. Or, courant 1978, l’Afghanistan (pays frontalier lié à l’Union soviétique par traité depuis 1921) est en proie à une crise politique qui risque de remettre en cause l’influence du Kremlin dans une zone de contact. Ayant réactualisé la doctrine de l’endigment, les États-Unis sont en effet présents dans la région à travers leur soutien au gouvernement pakistanais du général Zia Ul-Haq.

3   DE LA CRISE POLITIQUE AFGHANE À L’INVASION SOVIÉTIQUE

En 1978, à la faveur d’un coup d’État contre Daoud (27 avril), un Conseil révolutionnaire dirigé par le pacharmi Mohammad Taraki prend le pouvoir. En décembre, il conclut un traité d’assistance militaire avec l’URSS qui est la première à reconnaître le nouveau pouvoir. Ce traité permet aux Soviétiques de s’opposer de front, et pacifiquement pour l’heure, au cordon sanitaire pakistano-américain.

Convaincue que la désunion des forces révolutionnaires du Parti démocrate populaire afghan (PDPA), qui comprend le Khalq (« le Peuple «, tendance radicale) et le Pacharm (« l’Étendard «, plus modéré) limitera la mainmise soviétique, l’opinion internationale ne s’émeut guère de cette situation. Mais c’est sans compter sur les élans impérialistes d’une URSS inquiétée par la résistance au PDPA qui se développe à partir du Pakistan, donnant notamment lieu à la révolte d’Hérat (mars 1979). Recevant Taraki en septembre 1979, Brejnev l’encourage à se débarrasser de son rival khalqi, Hafizullah Amin. Or, le 16 septembre, c’est l’inverse qui advient : Amin, partisan d’une autonomisation vis-à-vis de l’URSS, prend le pouvoir. À Moscou, un conseil restreint composé principalement de Brejnev, de Gromyko, de Souslov et de Kossyguine planche sur la question. Il opte pour une intervention armée capable d’installer durablement en Afghanistan un gouvernement prosoviétique.

Le 24 décembre, un pont aérien commence à acheminer hommes et matériel vers Kaboul, la capitale. Le 27 décembre, l’Armée rouge prend d’assaut le palais de Kaboul. Amin est tué. Le parchami Babrak Karmal prend la direction du Conseil révolutionnaire. Dès le 28, Radio-Kaboul justifie l’intervention russe par la nécessité de sauvegarder les intérêts de la révolution d’avril 1978. Mais déjà les rebelles musulmans opposés au Conseil révolutionnaire ont déclaré la djihad (« guerre sainte «) et s’opposent aux 5 000 soldats russes débarqués.

4   DE LA GUERRE AU RETRAIT
4.1   Une condamnation internationale immédiate

Tandis que le pont aérien déverse 50 000 nouveaux soldats sur le territoire afghan, la communauté internationale vit l’invasion comme un choc. Un sentiment de peur naît face à la brutalité de cette politique de la canonnière qui met fin à l’amorce de la détente avec les États-Unis et menace de déstabiliser les régions frontalières de l’Afghanistan (l’Iran et, plus encore, le Pakistan). L’alarmisme prévaut. L’URSS se trouve très vite isolée sur la scène internationale.

Les États-Unis, par la voix de Jimmy Carter puis de Ronald Reagan — qui, peu après son élection, parle d’une renaissance de l’« Empire du Mal « — dénoncent l’opération. La Maison-Blanche décrète l’embargo sur les céréales soviétiques (janvier 1980), puis bloque la moitié de ses exportations vers l’URSS, avant d’initier le boycott des jeux Olympiques de Moscou.

L’Inde, méfiante, adopte une position d’attente, cependant que le bloc des non-alignés condamne massivement l’intervention soviétique.

L’Europe de l’Ouest, au contact direct du bloc soviétique, est plus mesurée. La République fédérale d’Allemagne (RFA) d’Helmut Kohl comme la France, par l’intervention du président Valéry Giscard d’Estaing (5 janvier), jouent la carte de la modération afin de préserver les acquis de la détente. En France, le soutien du Parti communiste à l’intervention soviétique génère une vive polémique.

Le 14 janvier 1980, l’Organisation des Nations unies (ONU), par 104 voix pour, 18 contre et 18 abstentions, adopte une résolution condamnant « l’intervention armée « et exigeant le « retrait immédiat et inconditionnel « de l’Afghanistan.

4.2   L’impossible victoire

Malgré les sanctions économiques et les condamnations internationales, l’URSS ne rompt pas la garde. Dès mars 1980, plus de 110 000 soldats tentent d’endiguer la révolte antisoviétique. L’Afghanistan sombre dans une guerre généralisée. Mais d’emblée la situation paraît ingérable : seuls 30 000 des 80 000 soldats afghans restent fidèles au gouvernement Karmal (qui essuie, en outre, trois tentatives de putsch durant l’été 1980). Les autres soldats rejoignent pour partie une guérilla qui, avantagée par la connaissance du terrain, harcèle l’armée soviétique et fait resurgir le spectre d’un engagement total de l’URSS, comparable à l’engagement américain au Viêt Nam.

Il n’en sera rien. Dès la fin de 1980, les forces d’invasion se résignent à ne contrôler que 25 p. 100 environ du territoire, l’Afghanistan dit « utile «, une bande nord-sud située à l’Est du pays comprenant les centres vitaux et la capitale. La guerre ne pourra être que longue.

L’URSS opte pour une stratégie en deux volets : neutralisation et effort militaire aérien pour contrer la résistance. D’autre part, sur le plan social et politique, elle forme de nombreux jeunes Afghans (20 000 au total jusqu’en 1984) qui encadrent le PDPA. Ajoutée à l’obligation d’apprentissage du russe comme deuxième langue (à la place de l’anglais) et à la présence massive de conseillers (10 000), cette démarche souligne la volonté chevillée du Kremlin d’imprégner en profondeur la société afghane, dans le doute même d’une issue militaire.

Sur le plan militaire en effet, la partie paraît ingagnable. En témoignent les opérations sur la vallée du Panshir. Elles ne parviennent pas à déloger le commandant Massoud. Après quatre vaines tentatives, l’Armée rouge lance sans succès Panshir V (mai 1982) avec 15 000 hommes et une forte couverture aéroportée. En avril 1984, Panshir VII aboutit à un piètre résultat : 33 p. 100 de la vallée est contrôlée après le déploiement de 26 000 hommes. Conjugué à l’exode massif des Afghans (5 millions dont les deux tiers fuient vers le Pakistan) qui alimente la résistance, ce type d’échec est désastreux à plusieurs titres. La guerre coûte cher à une URSS dont l’économie est malade. Les échecs militaires ne jouent pas en faveur d’une bonne représentation de la force de frappe soviétique. Par ailleurs, la perte des infrastructures afghanes (dès 1983, 50 p. 100 des hôpitaux et écoles sont détruits, 70 p. 100 des coopératives agricoles sont ruinées) ne favorise pas, dans la perspective d’une implantation durable, d’harmonieuses relations avec les Afghans. Enfin, la résistance des Moudjahidin, certes fragmentée mais soutenue par les États-Unis, la Chine, l’Égypte et l’Arabie saoudite notamment, ne cesse de s’affermir à mesure que les partis islamistes radicaux prennent le pas sur les modérés.

4.3   Le retournement gorbatchévien et la fin de la guerre

L’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev aux affaires, en mars 1985, change la donne.

Alors que les missiles « Stinger « sol-air américains permettent à la résistance de causer des dégâts de plus en plus considérables à l’armée de l’air soviétique, rendant cette fois impossible une victoire, Gorbatchev décide d’œuvrer en faveur du retrait. À cela plusieurs raisons. Il y a d’abord le sens de son action politique en URSS — qui s’appuie sur la perestroïka et la glasnost  contraire aux visées clairement offensives, impérialistes et arbitraires de la guerre. Il y a évidemment les effets dévastateurs du conflit sur le plan économique et humain (l’URSS compte 35 000 blessés et perd 13 300 soldats durant la guerre). Joue enfin la volonté de Gorbatchev d’honorer, au plan international, la signature des accords de 1987 sur l’« option zéro « (pour l’armement) et de tirer les conclusions de la rumeur qui traverse alors la représentation diplomatique soviétique dans le monde : l’invasion a été une erreur.

Depuis 1982, des pourparlers intermittents se tiennent à Genève. Selon la lettre de la résolution de janvier 1980, les mandataires de l’ONU réclament le maintien de l’intégrité territoriale afghane, refusent l’ingérence et défendent le droit des Afghans à une représentation politique élue, exigent le retrait immédiat et le retour des réfugiés. Fin 1986, Gorbatchev accepte ce plan sur quatre ans. L’URSS n’entre pas pour autant dans une logique défaitiste. En novembre 1986, elle favorise l’accession au pouvoir de Mohammad Najibullah à la tête du PDPA et de la présidence afghane, en remplacement de Karmal. Najibullah, homme lige, doit permettre l’irréversibilité de la révolution soviétisante en Afghanistan sous couvert de son gouvernement de réconciliation nationale.

L’annonce du retrait a lieu le 8 février 1988, deux mois avant la signature des accords de Genève (14 avril). La fin de l’intervention et le début du retrait sont effectifs à la mi-février 1989. Ainsi l’ère Gorbatchev, mettant fin à une guerre coûteuse, ouvre-t-elle la voie à une « nouvelle détente « internationale, mais ne règle ni la question fondamentale des zones d’influences des deux Grands ni celle d’un Afghanistan dévasté et déstabilisé, en proie à une guerre civile endémique.

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles