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Anagni, attentat d'

Publié le 07/02/2013

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Anagni, attentat d', tentative d’enlèvement du pape Boniface VIII par Guillaume de Nogaret au nom du roi de France Philippe le Bel, en septembre 1303.

Le conflit entre Boniface VIII, ardent défenseur de la supériorité pontificale sur les pouvoirs temporels, et Philippe le Bel, cherchant à assujettir la papauté à la couronne de France, éclate lorsque le monarque décide de lever sur le clergé une dîme exceptionnelle pour soutenir son effort de guerre contre les Anglais. Face aux revendications de Rome, le roi prive le pape des richesses françaises en prohibant toute exportation d’or et d’argent sans son autorisation. Boniface VIII s’incline alors en 1297 et publie la bulle Romana mater ecclesia le 2 février.

À partir de 1301, le conflit rebondit : Boniface VIII, furieux que le roi ait fait juger Bernard Saisset, évêque de Pamiers, qui relève, selon lui, de la seule justice ecclésiastique, convoque un concile de l’Église de France à Rome (5 décembre). Philippe le Bel réplique en organisant successivement deux assemblées extraordinaires du clergé au Louvre : le 10 avril 1302, le légiste Pierre Flote expose la thèse de l’autonomie du clergé français vis-à-vis du Saint-Siège ; puis, à la suite de la publication de la bulle Unam Sanctam (18 novembre 1302) formulant la doctrine de la théocratie, la seconde assemblée du Louvre demande, le 13 juin 1303, une intervention royale auprès du pape. Guillaume de Nogaret est choisi comme représentant et envoyé à Anagni.

Le pape, usant de son pouvoir d’excommunication, menace le roi de France d’une bulle prédatée du 8 septembre, condamnant Philippe le Bel pour hérésie. Guillaume de Nogaret prend les devants et retient le pape le 7 septembre, avec l’aide des partisans du parti impérial, les Gibelins du condottiere Sciarra Colonna, qui mettent le palais à sac. Libéré par ses partisans Guelfes, Boniface VIII revient au Latran où il meurt peu après. Après le bref pontificat de Benoît XI, son successeur, Clément V, approuve la conduite de Philippe le Bel et s’installe en Avignon en 1309 (voir Papauté en Avignon).

L’attentat d’Anagni démontre, par la force, la puissance du pouvoir royal français. Cette controverse théologique et politique permet l’élaboration d’une idéologie du caractère sacré du pouvoir d’un roi, oint comme un évêque et ne tenant donc son pouvoir que de Dieu.

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